Rompre l'isolement

Réflexion d'un lecteur, Christophe J, dans le prolongement d'un message précédent : "nous avons besoin de rompre l'isolement pour constater que nous ne rêvons pas chacun dans notre coin, que nous ne sommes victimes ni de la nostalgie ni d'illusions quant au futur". (29/11/2012)

Cf.
L'enfance de Jésus: honte aux journaux français(2)

Image ci-contre: Fernandel dans L'Auberge Rouge, de Claude Autant-Lara (1951)

     

Ch J. m'écrit

Je pense que vous avez bien raison de dire et de faire ce que vous rappelez en bas de la page où vous avez reproduit l'intervention de Monique et la mienne (ici).
Je pense que c'est ce que nous avons chacun à faire mais que l'isolement, face à l'immensité de la tâche, peut décourager.
Pourtant j'ai constaté qu'il en va, dans ce domaine, comme dans celui de l'agriculture: notre action ressemble à une agriculture raisonnée qui respecte l'environnement, entretient les paysages et apporte une contribution à la vie sociale locale tout en nourrissant les gens... or cette agriculture raisonnée semble bien fragile et inefficace à côté de l'agro-business mondialisé qui, pourtant, parasite et étouffe le monde qu'il ne nourrit pas si bien que ça.
En plus, comme les agriculteurs, nous avons besoin de rompre l'isolement pour constater que nous ne rêvons pas chacun dans notre coin, que nous ne sommes victimes ni de la nostalgie ni d'illusions quant au futur.
A ce titre votre blog me semble particulièrement important, non seulement par son contenu mais aussi parce que, Monique et moi, par exemple, nous nous rendons compte que nous savons les mêmes choses et que nous faisons, là où nous sommes, des interventions qui vont dans le même sens... certes notre public est limité mais, à force, ça fait du monde et ce monde-là ne croit plus guère les Caroline (un beau nom de cloche! s'exclame Fernandel dans "L'Auberge rouge") [ndlr: évidemment, il s'agit d'UNE Caroline!!!] et les organisations géantes, ce monde-là préfère un témoignage de proximité confirmé par l'information suivant laquelle ce témoignage n'est pas isolé.
Personnellement mon souci est de voir comment encourager un certain nombre de personnes dont je sais qu'elles en sont capables et que, au fond, elles le souhaitent, de les encourager, donc, à faire ce que nous faisons chacun à notre manière et à constater, par exemple grâce à votre blog, qu'elles ne sont pas des isolés nostalgico-futuristes. Là où des personnes sont encouragées, on voit que l'environnement devient plus favorable, que le paysage commence à refleurir et les carolinades ont de plus en plus de difficultés à s'imposer.

A ce propos: peut-être avez-vous regardé l'émission, peut-être l'un de vos interlocuteurs l'a-t-il fait. Il s'agit de l'émission des "Mardis des Bernardins", diffusée mardi 27/11 sur KTO (1). Je n'arrive pas à interpréter la mine déconfite de la députée socialiste et du psy favorables au mariage des homosexuels; à mon idée, ils se sont rendus compte qu'ils n'étaient pas seulement à bout d'arguments mais, surtout, que tout ce qu'ils disaient allait contre leur propre projet puisqu'ils prétendaient apporter des solutions valables pour tous - avec des concepts comme projet parental et droit de l'enfant - et qu'on leur répondait, avec des exemples concrets, que cela compliquerait en fait des problèmes déjà existant et que, compliquant les problèmes existant on ne voyait pas en quoi on pouvait affirmer que cela aiderait d'autres formes de couples...
Un exemple vite résumé; à la députée socialiste qui parlait de projet parental pour justifier de manière assez abstraite le fait que tout le monde puisse avoir des enfants, voire les adopter, la présidente des Associations familiales catholiques a répondu à peu près cela: et si je meurs et que mes enfants sont confiés à un couple homosexuel, que faites-vous de notre projet parental d'avoir, moi, un homme, des enfants avec ma femme, et de les élever de telle et telle manière, où est donc le respect de notre projet qui a été, par conséquent, celui dans lequel mes enfants ont grandi... jusqu'à se retrouver transplantés dans un projet qui leur est étranger? De quel droit, en vertu de quel respect? ... Mine consternée de la dame et de son voisin psy.

A votre idée, donc, suis-je trop enthousiaste ou bien simplement réaliste de penser que ces mines consernées expriment un certain dépit de personnes qui se disent à elles-même: "flûte, mais plus on en débat, moins on est crédibles, spécialement lorsqu'on affiche une expertise qui est aussitôt démentie par les cas les plus simples"?

(1) Je n'ai pas regardé l'émission, il m'est donc difficile de répondre, mais il ne fait aucun doute que la réaction de Christophe est très réaliste.