Un lexique conciliaire idéologiquement orienté

décrypté sur le site Observatoire international Cardinal Van Thuan. Connaître les mots, pour les récuser (9/11/2012)

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Du site Observatoire international Cardinal Van Thuan,
31 Octobre 2012

Dans le lexique du Concile sont entrées dans l'usage courant des expressions qui n'aident pas la vraie compréhension
Stefano Fontana
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Dans ces premières semaines après que Benoît XVI ait ouvert l'Année de la Foi et commémoré l'ouverture du Concile Vatican II, sont largement diffusées phrases et expressions répétées par inertie, et qui n'aident pas toujours. Et même, souvent, leur utilisation est déjà le signe d'une certaine interprétation préconçue du Concile lui-même. (via www.rassegnastampa-totustuus.it)

  • Nouvelle Pentecôte: Le terme exprime bien l'espérance de Jean XXIII en ouvrant le Concile. Toutefois, il est également utilisé pour exprimer la «nouveauté» du Concile: de même qu'avec la Pentecôte, l'Eglise est née, avec la nouvelle Pentecôte conciliaire serait venue une «nouvelle Église». Vatican II était certainement une Pentecôte, mais pas plus que ne l'ont été les vingt précédents conciles œcuméniques de l'Église catholique.
  • Nouveau début: L'expression renvoie à la précédente: avec le Concile Vatican II, l'Église a connu une renaissance. La formule risque de jeter une lumière négative sur la vie précédente de l'Eglise et peut conduire à penser qu'avant Vatican II, l'Église a connu une sorte de limbes, si ce n'est même une longue période d'erreur.
  • Retour aux sources. Le retour aux sources est une bonne chose si cela signifie le retour à Jésus. Souvent, cependant, la phrase est utilisée exprés pour sauter la période pré-conciliaire, qui aurait trahi les sources ou les auraient alourdies, tant par la philosophie et la théologie chrétienne qu'avec les interventions de l'institution hiérarchique.
  • Concile inachevé. Que le Concile attende encore d'être réalisé, et que jusqu'à présent, on ait parfois tenté de le faire de façon erronée est bien connu et reconnu également par le Pape. Ceux qui disent que le Concile est inachevé insinuent toutefois souvent que la hiérarchie de l'Église a mis en place une sorte de normalisation, bloquant l'esprit innovateur de Vatican II. Utilisée dans ce sens, l'expression est idéologique dans la mesure où elle oppose un présumé esprit du Concile à l'Eglise.
  • Esprit du Concile. Ceux qui utilisent cette formule entendent généralement que dans Vatican II, il y a eu l'«esprit» et la «lettre», représentée par les textes. Celle-ci aurait été des compromis, résultat de négociations qui, au fond, ont freiné ou ralenti l'esprit du Concile, qui, au contraire continuerait au-delà même des textes. De cette façon, l '«esprit» du Concile devient quelque chose d'insaisissable et est complètement détaché à la fois des textes conciliaires et du Magistère.
  • Le Concile comme événement. Le mot événement, appliqué au Concile veut dire qu'il a été surtout un fait historique qui s'est auto-produit, au-delà de la convocation formelle, des textes adoptés, des interventions des papes, qui sont évalués positivement quand ils semblent en phase avec l'événement et en ont suivi le vent ou négativement quand il s'y opposent. Par exemple, la récusation des schémas préparatoires de la Commission théologique est considéré comme un fait positif, la Nota Praevia à Lumen Gentium de Paul VI comme un fait négatif. L'événement ne rentre pas dans les limites de l'institution Église et donc Vatican II a pour but de «continuer», et est déjà en place de facto un Vatican Vatican III ou IV.
  • Le Concile est en avance. Cette expression revient sur ce que nous avons vu précédemment. Le Concile serait en avance, il nous précéderait, l'Eglise serait en retard et les Papes la tireraient en arrière. Cette expression sépare le Concile de la tradition de l'Eglise et prétend que c'est le Concile qui interpréte la tradition et non l'inverse.
  • Redécouvrir le Concile. Cette expression signifierait que le Concile a été empêché et qu'à un moment donné, ceux qui guident l'Église ont fait en sorte d'étouffer les nouveautés Concile, qui doivent donc être retrouvées.

Il serait préférable de ne pas utiliser ces expressions, ou d'autres qui sont devenues trop chargées de significations idéologiques et qui, en plus d'être exagérées, sont également empoisonnées.