Un ordinariat pour les luthérien dans l'Eglise?

Le cardinal Koch ne l'exclut pas, dans un entretien publié dans Zenit en allemand, et repris par Religion en libertad. Traduction de Carlota (2/11/2012)

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Photo ci-contre: Benoît XVI rencontre una délégation de l'Eglise évangélique luthérienne de Finlande conduite par l'évêque Gustav Bjorstrand (19 janvier 2009)

L’Église catholique pourraitelle ouvrir la porte aux ordinariats pour les luthériens ?

Pablo J. Ginés journaliste auprès du portail Religiónen Libertad évoque cette possibilité à partir d’un entretien de Mgr Koch, paru dans la version allemande de Zénit. Des précisions intéressantes (original ici: http://www.religionenlibertad.com)
(Carlota)

     

Lors d’un entretien avec l’agence Zénit (version allemande: http://www.zenit.org/article-25806?l=german), le 24 octobre dernier, le cardinal allemand (ndt: en réalité Suisse alémanique) Kurt Koch, président du Conseil Pontifical pour l’Unité des Chrétiens, a évoqué la possibilité que des groupes de Luthériens qui souhaiteraient rejoindre l’Église catholique le fassent, comme cela est arrivé pour les anglo-catholiques, avec une formule ressemblant à celle des ordinariats. Le cardinal a rappelé que ceux qui prirent l’initiative dans le cas des anglo-catholiques ont été les groupes anglicans qui sont venu à Rome en demandant un mécanisme qui faciliterait l’unité. «Le Saint Père a cherché une solution » à la demande d’unité de ces groupes anglicans et a trouvé ce que Koch appelle « une large solution » dans laquelle « les traditions liturgiques et ecclésiales anglicanes ont été prise largement en considération. S’il y a des luthériens qui expriment des désirs similaires, nous devrons y réfléchir. Mais l’initiative revient aux luthériens », commente le cardinal.

4.000 anglo-catholiques en 2 ans
Ces deux dernières années, ont été créés trois ordinariats anglo-catholiques, un en Grande-Bretagne, un en Amérique du Nord, et un autre en Australie. À travers eux, 8 ex-évêques anglicans, quelques 100 ex -pasteurs et environ 4000 laïcs sont revenus à l’Église catholique, et chaque année ils reçoivent de nouveaux convertis, surtout des personnes d’origine anglicane ou épiscopalienne (ndt les anglicans des Etats-Unis) à qui déplaît la dérive libérale de leurs églises.

Mais sur les forums anglo-catholiques, spécialement ceux des États-Unis, la possibilité de créer des ordinariats de tradition luthérienne est vue comme extrêmement improbable.

Luthériens progressistes et luthériens tradis
Les communautés luthériennes très progressistes, qui acceptent les pratiques homosexuelles, l’avortement, le divorce, etc. ne seront jamais intéressées par un retour vers Rome en groupe.
Et les communautés luthériennes conservatrices, précisément pour conserver une tradition ecclésiastique, accumulent surtout une série de documents (les 95 thèses, les écrits de Luther, la Confession d’Augsbourg, le catéchisme grand et petit de Luther, et autres documents du XVIème siècle) qui sont radicalement incompatibles avec le catholicisme. Et ne parlons pas de cinq siècles d’enseignement luthérien centré sur « Rome n’a pas raison ».

La possibilité européenne
Peut-être que le cardinal Koch, pour être germanophone, ne pense pas tant aux communautés luthériennes anglophones qu’à celles d’Europe Centrale et du Nord, des pays où les églises nationales luthériennes sont en train d’abandonner leur statut d’Église d’État, changent rapidement leur doctrine et laissent spirituellement orphelins des luthériens qui aiment le cérémonial, la liturgie et la doctrine biblique conservatrice.
La femme évêque lesbienne de Stockholm et son « épouse », elle aussi femme pasteur luthérienne, ne provoquent que de l’indifférence de la part de la majorité des Suédois éloignés de Dieu, mais il pourrait être toujours possible de rencontrer ici ou là un groupe de luthériens conservateurs qui désire à la fois « suivre la doctrine chrétienne de toujours » et arriver à « l’union entre les chrétiens », …à travers Pierre et Rome. De Suède, Norvège, Danemark, Finlande, Islande, en Allemagne même, aux Pays Baltes… pourrait-il surgir là-bas quelque ordinariat catholique d’origine luthérienne ? (*).

Une image catholique: des immigrants et des abus
Par contre, joue aussi le scandale des abus sexuels et des évêques ineptes qui n’ont pas su les prévenir ni les arrêter à temps : c’est le cas surtout de la Norvège et de l’Allemagne (ndt l’on peut supposer néanmoins que la libération des mœurs n’a sûrement pas épargné les églises protestantes et que des scandales du même type voire plus nombreux ont du avoir également lieu même si la publicité qui leur a été accordée n’a pas été comparable).
Mais d’autre part, dans ces pays autrefois luthériens, il y a aujourd’hui plus de catholiques que jamais, à travers l’immigration et sa natalité : des Philippins, des Polonais, des Lituaniens, des Hispaniques, des Africains… Des villes qui n’avaient jamais eu d’église catholique (ndt tout au moins depuis la Réforme – Par exemple l’un des derniers évêques catholiques dans les pays scandinaves s’appelait Jón Arason, également poète et patriote islandais, il fut décapité le 7 novembre 1550) en ont maintenant une. Au fur et à mesure que les derniers luthériens conservateurs se sentent harcelés par leurs hiérarchies progressistes et regardent autour d’eux, il se peut qu’ils voient leurs voisins catholiques, philippins ou polonais, et qu’ils veulent « quelque chose comme cela mais à notre style, non à ceux des immigrants ». C’est peut-être là que la formule des ordinariats pourrait fonctionner.

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(*) Le parlement danois a rendu obligatoire le 15 juin dernier par 85 voix sur 111 députés, pour l’église d’état luthérienne (et pas les autres églises dont l’Église catholique, autorisées dans le pays) de célébrer les mariages entre personnes du même sexe (néanmoins les pasteurs de l’église d’état luthérienne, donc qui sont fonctionnaires, ont un droit de retrait, mais n’ont pas le droit de refuser leur temple à la cérémonie).