Wurtzbourg à Castelgandolfo

Sur le site du diocèse, récit (et images) d'une soirée mémorable, celle du concert sur Augustin, où le Pape et les musiciens se sont mutuellement faits un grand don (30/9/2012).

>>> Ci-contre: Wurtzbourg (en allemand Würzburg) est une ville de Bavière, sur le Main, point de départ septentrional de la Route Romantique. Chef-lieu de district et siège d'un évêché, elle comptait 133 501 habitants au 31 décembre 2008 (wikipedia).

>>> Voir ici: Un oratorio moderne sur Saint-Augustin

Je pense que le fait que le Saint-Père, grand amoureux de musique "classique", ait accueilli ce cadeau, c'est-à-dire assister chez lui à un concert de musique sacrée contemporaine, est une marque de plus de sa grande ouverture d'esprit, et revêt une valeur d'une haute portée symbolique.

Le reportage qui suit est issu de ces pages: www.papstoper.bistum-wuerzburg.de
Traduction de l'allemand: VB.

Unique, génial, extraordinaire

La musique de la Cathédrale de Wurtzbourg a enthousiasmé le Pape Benoît XVI, avec la représentation à Castel Gandolfo de l'opéra sur Augustin.
L'actualité de Saint-Augustin, grand saint et Père de l'Eglise, est intacte: « Un moment très émouvant pour le Domkapellmeister (maître de choeur), le professeur Martin Berger, partisan de l'accent moderne.

Un Pape ému et touché, un évêque de Wurtzbourg totalement enthousiaste et un Maître de Choeur heureux: la présentation de l'opéra «Augustin - une mosaïque musicale» devant Benoît XVI, dans la cour de la résidence d'été du pape à Castel Gandolfo a tenu et même dépassé toutes ses promesses. «La représentation d'un opéra sur saint Augustin, à Castel Gandolfo est probablement unique. Je remercie chaleureusement tous ceux qui ont permis ce soir la réalisation de cet événement», a souligné le Pape Benoît après les longs applaudissements au terme du concert offert par la musique de la Cathédrale de Würzbourg sous la direction du professeur Martin Berger.

Lorsque le pape Benoît XVI prend la parole, la familiarité avec ses compatriotes de sa patrie bavaroise est immédiatement perceptible. «Cher Evêque Hofmann, Cher Monseigneur Scheele, chers invités de Wurtzbourg et de Franconie», dit-il aux quelque 200 invités d'honneur de Basse-Franconie et des environs, présents à Rome pour le Symposium sur Saint Augustin qui se tient actuellement. Avec un cordial «Merci Dieu vous bénisse» (herzlichen Vergelt’s Gott), il remercie Mgr Friedhelm Hofmann, de l'Institut Augustinien de Wurtzbourg, et tout le diocèse de Würzbourg pour le don de cette performance. Les remerciements du pape s'adressent également aux artistes du Chœur de chambre de la cathédrale de Wurtzbourg, aux solistes et instrumentistes, ainsi qu'au maître de Chapelle Berger.
L'oeuvre dessine de manière impressionnante un portrait de saint Augustin. «L'actualité du grand Saint et Père de l'Église Saint-Augustin père est intacte. Cela aussi, l'opéra "Augustin" l'a une fois de plus démontré», reconnaît le pape Benoît dans son discours. Le combat de l'homme et sa recherche de la vérité, de Dieu, restent valables à toutes les époques.

Une heure plus tôt: dans la cour intérieure de la résidence d'été, tout est prêt pour la grande représentation. Les invités d'honneur ont rejoint leur place, les derniers essais de son des instruments se taisent, la musique de la cathédrale de Wurtzbourg est prête. Sous les applaudissements des invités, Benoît arrive dans la cour, salue les cardinaux et fait un signe de la main aux Würzbourgeois. Au milieu des invités d'honneur, il prend place dans un fauteuil doré, avant que l'évêque, Mgr Hofmann ne prenne le micro devant lui. Dans son discours de bienvenue, l'évêque qualifie la représentation de l'opéra de cadeau, avec une différence: «Votre amour personnel pour la théologie de l'antiquité tardive et vos liens scientifiques avec Saint Augustin nous ont inspiré ce cadeau» dit-il au pape, et il ajoute que l'œuvre est d'une grande actualité: «N'est-elle pas nécessaire aujourd'hui - plus que jamais - la clarté du témoignage chrétien dans un monde qui se déchire de plus en plus - à cause de la pluralité, de matérialisme, d'une variété de nouvelles philosophies et d'une radicalisation des positions». Puis il invite le saint père à se plonger dans la musique de Wilfried Hiller et dans le monde de l'Antiquité tardive d'Augustin.

Le Pape Benoît accepte avec plaisir l'invitation de l'évêque de Wurtzbourg.
Attentif et intéressé au plus haut point, il suit les sons du Chœur de chambre de la cathédrale de Würzburg dirigé par son maître de chapelle Alexander Rüth, et ses instrumentistes. Il écoute attentivement les voix des solistes soprano féminines Endres Anke et Maria Bernius, le soprano garçon Jaromir Müller (ndt: l'enfant de 12 ans qui joue le rôle du fils de Saint Augustin), les solistes soprano masculins Hubert Nettinger, Gustavo Martín Sánchez, Manuel Warwitz, Louis Thomas, Michael et Klaus Mantaj Schredl. Les yeux du pape Benoît XVI passent du livret aux solistes, à la batterie, et aux voix masculines.
Quiconque l'aurait observé pendant 75 minutes aurait noté: Le Saint-Père est bien là (ndt: qui pourrait en douter?).
«Le pape m'a dit: l'oeuvre est très moderne, mais elle m'a beaucoup ému», rapporte un peu plus tard Wilfried Hiller, le compositeur de l'opéra-Augustin. Le Professeur Winfried Böhm, le librettiste, a perçu le même enthousiasme de la part pape en l'entendant dire: «Vous semblez avoir effectué un travail sérieux sur Augustin», au cours de sa brève rencontre personnelle avec Benoît. Selon lui, cette déclaration est tout simplement «la plus belle que je pouvais entendre».

Phénoménal, dans un décor grandiose, c'est un grand bonheur et un grand don pour un compositeur de faire l'expérience d'une telle représentation: le compositeur Hiller est tout particulièrement inspiré par le concert. «Tout a merveilleusement fonctionné. L'acoustique était parfaite. La soirée m'a rendu très heureux. Et le fait que le pape, le plus grand connaisseur Augustin de notre temps, ait écouté avec nous a rendu le spectacle encore plus excitant.
Le librettiste Bohm qualifie le concert de «grandiose». Chœur et solistes se sont surpassés. Le Domkapellmeister Berger a réalisé une exécution extraordinaire. «Pour moi, ce fut certainement l'un des plus beaux jours de ma vie. Je ne l'oublierai jamais», a dit Bohm.

Pour le Président de l'Association de musique de la cathédrale de Wurtzbourg, Nicholas Peter Hasach, il est évident que la représentation était vraiment exceptionnelle: «C'est une soirée à conserver dans la mémoire. Le pape a apprécié le concert».
Le vicaire de la cathédrale de Würzbourg Simon Mayer, aumonier accompagnateur du groupe musical, parle d'une grande œuvre d'art.
Même la régie céleste y a mis du sien, lors des moments marquants de l'oeuvre, le vent soufflait bruyamment sur le toit de la cour.

Totalement enthousiasmé par ce «très, très émouvant moment de la représentation devant Benoît XVI» se montre le Maître de la soirée , le Domkapellmeister Berger. «On ressentait combien le public était captivé par l'oeuvre. Le Saint-Père était lui-même subjugué et a apprécié cette musique très contemporaine».
Il a remercié le Pape d'avoir rendu possible cette représentation, qui était un signal «que dans l'Église, nous avons besoin de la musique contemporaine». Personnellement, Berger voit le concert comme une expérience très enrichissante et très importante dans sa vie. «Les paroles du Pape sont une motivation pour mon travail».

A la fin de cette journée passionnante, le ministre président du Land, le Dr Paul Beinhofer, prend lui aussi la parole «au nom de toute la Basse-Franconie» lors du repas pris ensemble avec les cardinaux, les évêques, le chapitre de la cathédrale, les doyens, les administrateurs locaux et les artistes de la Musique de la Cathédrale de Wurtzbourg: «Wurtzbourg et la Basse-Franconie ne s'expriment pas uniquement à travers le vin et la fidélité dans la foi, mais ils sont aussi capables de faire résonner des accents modernes. La grandiose soirée à Castel Gandolfo l'a montré».

L'opéra contemporain «Augustin» décrit en sept tableaux musicaux le chemin parcouru par Augustin d'Hippone (354-430), qui se détache des plaisirs du monde et de ses tentations pour finalement se trouver lui-même, et trouver Dieu. Ce n'est pas le Père de l'Église, mais l'homme Augustin qui est au centre de l'oeuvre. C'est pour cette raison qu'on a renoncé à représenter la figure de saint Augustin - par contre, il apparaît dans les pensées et les conversations d'autres personnes - principalement de sa mère Monique, sa bien-aimée Stella et son fils Adéoda