Des catéchèses pour l'Année de la Foi

C'est le Saint-Père lui-même, dans la catéchèse d'aujourd'hui, qui en trace les grandes lignes. Et qui fait un diagnostic sévère sur l'état de la foi dans un monde marqué par une sécularisation accélérée, et, même pour les croyants, l'analphabétisme religieux. Traduction complète. (17/10/2012)

Aujourd'hui, nous vivons dans une société profondément changée, y compris par rapport à un passé récent, et en perpétuel mouvement. Les processus de la sécularisation et d'une mentalité nihiliste diffuse, où tout est relatif, ont fortement marqué la mentalité commune. Ainsi, la vie est souvent vécue avec légèreté, sans idéaux clairs ni espérances solides, à l'intérieur de liens sociaux et familiaux, provisoires, liquides.

Surtout les nouvelles générations ne sont pas éduquées à la recherche de la vérité et du sens profond de l'existence qui dépasse le contingent, à la stabilité des affections, à la confiance. Au contraire, le relativisme conduit à ne pas avoir de points fixes, le soupçon et l'inconstance causent des ruptures dans les rapports humains, et la vie est vécue dans des expériences qui ne durent pas, sans assumer de responsabilité.
Si l'individualisme et le relativisme semblent dominer l'esprit de beaucoup de contemporains, on ne peut pas dire que les croyants restent totalement à l'abri de ces dangers, avec lesquels nous sommes confrontés dans la transmission de la foi.

L'enquête promue dans tous les continents pour la célébration du Synode des évêques sur la nouvelle évangélisation, en a mis en évidence plusieurs: une foi vécue de manière passive et privée, le refus de l'éducation dans la foi, la fracture entre la foi et la vie.

Le chrétien, souvent, ne connaît même pas le cœur de sa propre foi catholique, du Credo, au point de laisser la place à un certain syncrétisme et au relativisme religieux, sans clarté sur les vérités auxquelles croire et sur la singularité salvifique du christianisme. Il n'est pas si loin, aujourd'hui, le risque de construction d'une religion, pour ainsi dire, «fai-da-te» (l'expression en anglais est plus connue, "do-it-yourself", qu'on peut traduire par "bricolée").

Texte en italien:
Raffa).

Ma traduction complète:

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui je voudrais introduire le nouveau cycle de catéchèses qui se développera tout au long de l'Année de la Foi toute juste commencée, et qui interrompt - pour cette période - le cycle consacré à l'école de la prière.

Avec la Lettre apostolique Porta Fidei, j'ai décidé cette année spéciale, justement pour que l'Eglise renouvelle l'enthousiasme de croire en Jésus-Christ, unique Sauveur du monde, ravive la joie de marcher sur le chemin qu'Il nous a montré, et témoigne d'une manière concrète la puissance transformatrice de la foi.

La célébration des cinquante ans depuis l'ouverture du Concile Vatican II est une occasion importante pour retourner à Dieu, pour approfondir et vivre avec plus de courage sa propre foi, pour renforcer l'appartenance à l'Église, «Maîtresse d'humanité», qui, à travers la proclamation de la Parole, la célébration des sacrements et les œuvres de charité nous conduit à rencontrer et à connaître le Christ, vrai Dieu et vrai homme.

Il s'agit de la rencontre non pas avec une idée ou un projet de vie, mais avec une Personne vivante qui nous transforme nous-mêmes profondément, révélant notre véritable identité d'enfants de Dieu.

La rencontre avec le Christ renouvelle nos relations humaines, les orientant, de jour en jour, vers plus de solidarité et de fraternité, dans la logique de l'amour. Avoir foi dans le Seigneur n'est pas quelque chose qui affecte seulement notre intelligence, le domaine de la connaissance intellectuelle, mais c'est un changement qui implique la vie, notre être tout entier: sentiment, cœur, intelligence, volonté, corporéité, émotions, relations humaines. Avec une foi tout change vraiment en nous et pour nous, et notre destin futur se révèle avec clarté, la vérité de notre vocation dans l'histoire, le sens de la vie, la joie d'être en pèlerinage vers la patrie céleste.

Mais - nous demandons-nous - la foi est-elle vraiment la force transformatrice dans notre vie, dans ma vie? Ou bien est-ce seulement l'un des éléments qui font partie de la vie, sans être celui, déterminant, qui l'implique totalement?

Avec les catéchèses de cette Année de la Foi, nous voudrions parcourir un chemin pour renforcer ou retrouver la joie de la foi, en comprenant qu'elle n'est pas quelque chose l'étranger, de détaché de la vie réelle, mais qu'elle en est l'âme. La foi en un Dieu qui est amour, et qui s'est rendu proche de l'homme en s'incarnant et en se donnant sur la Croix pour nous sauver et nous rouvrir les portes du ciel, indique de manière lumineuse que la plénitude de l'homme consiste seulement dans l'amour.

Aujourd'hui, il est nécessaire de le répéter avec clarté, tandis que les transformations culturelles en acte montrent souvent de nombreuses formes de barbarie, qui passent sous le signe de «conquêtes de la civilisation»: la foi affirme qu'il n'existe pas de véritable humanité, sinon dans les lieux, les gestes, les temps et les formes où l'homme est motivé par l'amour qui vient de Dieu, s'exprime comme don, se manifeste en relations riches d'amour, de compassion, de soins et de service désintéressé à l'autre. Là où il y a la domination, la possession, l'exploitation, la marchandisation de l'autre pour son propre égoïsme, là où il y a l'arrogance de l'ego enfermé en lui-même, l'homme est appauvri, dégradé, défiguré. La foi chrétienne, active dans l'amour et forte dans l'espérance, ne limite pas, mais humanise la vie, et même la rend pleinement humaine.

La foi, c'est accueillir ce message transformant dans nos vies, c'est accepter la révélation de Dieu, qui nous fait savoir qu'Il existe, comment il agit, quels sont ses projets pour nous.

Bien sûr, le mystère de Dieu est toujours au-delà de nos concepts, de notre raison, nos rites, nos prières. Cependant, avec la révélation, c'est Dieu lui-même qui se communique, se raconte, se rend accessible. Et nous sommes en mesure d'écouter sa Parole et de recevoir sa vérité. Voilà donc la merveille de la foi: Dieu, dans son amour, crée en nous - à travers l'œuvre du Saint-Esprit - les conditions adéquates pour que nous puissions reconnaître Sa Parole. Dieu lui-même, dans sa volonté de se manifester, d'entrer en contact avec nous, de se rendre présent dans notre histoire, nous rend capable de l'écouter et de l'accueillir. Saint Paul l'exprime avec joie et gratitude en ces termes: «Nous remercions Dieu continuellement parce que, ayant reçu de nous la parole divine de la prédication, vous l'avez reçue, non comme la parole des hommes, mais comme ce qu'elle est réellement, la parole de Dieu, qui opère en vous qui croyez "(1 Thessaloniciens 2:13).

Dieu s'est révélé en paroles et en actes tout au long d'une longue histoire d'amitié avec l'homme, qui culmine dans l'Incarnation du Fils de Dieu et de son Mystère de Mort et de Résurrection. Dieu ne s'est pas seulement révélé dans l'histoire d'un peuple, il n'a pas seulement parlé par les prophètes, mais il a traversé son ciel pour entrer dans le pays des hommes en tant qu'homme, afin que nous puissions le rencontrer et l'écouter. Et depuis Jérusalem, l’annonce de l'Evangile du salut s'est répandue jusqu'aux extrémités de la terre. L'Eglise, née du côté du Christ, est devenu porteuse d'une nouvelle solide espérance: Jésus de Nazareth, crucifié et ressuscité, Sauveur du monde, qui est assis à la droite de Dieu et qui est le juge des vivants et des morts. Tel est le kérygme, la proclamation centrale et bouleversante de la foi. Mais dès les débuts, se pose le problème de la «règle de la foi», c'est à dire la fidélité des croyants à la Vérité de l'Évangile, à laquelle se tenir fermement, à la vérité salvifique sur Dieu et sur l'homme à préserver et à léguer. Saint Paul écrit: «Vous recevrez le salut, si vous le maintenez [l'Évangile] dans la forme sous laquelle je vous l'ai annoncé. Sinon, vous aurez cru en vain» (1 Cor 15:2).

Mais où trouvons-nous la formule essentielle de la foi? Où trouvons-nous les vérités qui nous ont été fidèlement transmises et qui sont la lumière pour notre vie quotidienne?

La réponse est simple: dans le Credo, dans la Profession de Foi ou Symbole de la foi, nous nous raccordons à nouveau à cet événement originel de la Personne et de l'Histoire de Jésus de Nazareth; se concrétise ce que l'Apôtre des Gentils dit aux chrétiens de Corinthe: «Car je vous ai transmis avant tout ce que j'ai moi aussi reçu: quele Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures, a été enseveli et est ressuscité le troisième jour »(1 Corinthiens 15:3).

Aujourd'hui aussi, nous avons besoin que le Credo soit mieux connu, compris et prié. Surtout, il est important que le Credo soit, pour ainsi dire, «reconnu». Connaître, en effet, pourrait n'être qu'une opération intellectuelle, tandis que «reconnaître», veut signifier la nécessité de découvrir le lien profond entre les vérités que nous professons dans le Credo et notre existence quotidienne, pour que ces vérités soient véritablement et efficacement - comme elles l'ont toujours été - lumière pour les étapes de notre vivre, eau qui irrigue les brûlures de notre chemin, vie qui triomphe des déserts de la vie contemporaine. Dans le Credo se greffe la vie morale du chrétien, qui en lui trouve son fondement et sa justification.

Ce n'est pas un hasard si le bienheureux Jean-Paul II a voulu le Catéchisme de l'Eglise catholique, norme sûre pour l'enseignement de la foi et source fiable pour une catéchèse renouvelée, soit fondé sur le Credo. Il s'agissait de confirmer et de protéger ce noyau central des vérités de la foi, les rendant dans un langage plus compréhensible pour les hommes de notre temps, pour nous. C'est un devoir de l'Eglise de transmettre la foi, de communiquer l'Evangile, afin que les vérités chrétiennes soient une lumière dans les nouvelles transformations culturelles, et que les chrétiens soient capables de rendre compte de l'espérance qu'ils portent (cf. 1 P 3,14).

Aujourd'hui, nous vivons dans une société profondément changée, y compris par rapport à un passé récent, et en perpétuel mouvement. Les processus de la sécularisation et d'une mentalité nihiliste diffuse, où tout est relatif, ont fortement marqué la mentalité commune. Ainsi, la vie est souvent vécue avec légèreté, sans idéaux clairs ni espérances solides, à l'intérieur de liens sociaux et familiaux, provisoires, liquides.

Surtout les nouvelles générations ne sont pas éduquées à la recherche de la vérité et du sens profond de l'existence qui dépasse le contingent, à la stabilité des affections, à la confiance. Au contraire, le relativisme conduit à ne pas avoir de points fixes, le soupçon et l'inconstance causent des ruptures dans les rapports humains, et la vie est vécue dans des expériences qui ne durent pas, sans assumer de responsabilité. Si l'individualisme et le relativisme semblent dominer l'esprit de beaucoup de contemporains, on ne peut pas dire que les croyants restent totalement à l'abri de ces dangers, avec lesquels nous sommes confrontés dans la transmission de la foi.

L'enquête promue dans tous les continents pour la célébration du Synode des évêques sur la nouvelle évangélisation, en a mis en évidence plusieurs: une foi vécue de manière passive et privée, le refus de l'éducation dans la foi, la fracture entre la foi et la vie.

Le chrétien, souvent, ne connaît même pas le cœur de sa propre foi catholique, du Credo, au point de laisser la place à un certain syncrétisme et au relativisme religieux, sans clarté sur les vérités auxquelles croire et sur la singularité salvifique du christianisme. Il n'est pas si loin, aujourd'hui, le risque de construction d'une religion, pour ainsi dire, «fai-da-te» (l'expression en anglais est plus connue, "do-it-yourself", qu'on peut traduire par "bricolée"
).

Nous devons au contraire revenir à Dieu, au Dieu de Jésus-Christ, nous devons redécouvrir le message de l'Evangile, le faire entrer plus profondément dans nos consciences et notre quotidienne.

Dans les catéchèses de cette Année de la foi, je voudrais offrir une aide pour accomplir ce chemin, pour reprendre et approfondir les vérités fondamentales de la foi sur Dieu, sur l'homme, sur l'Église, sur toute la réalité sociale et cosmique, méditant et réfléchissant sur les affirmations du Credo. Et je voudrais qu'il devienne clair que ces contenus, ou vérités de la foi (fides quae) sont reliés directement à notre vécu; elles réclament une conversion de l'existence, donnant naissance à une nouvelle façon de croire en Dieu (fides qua). Connaître Dieu, le rencontrer, approfondir les traits de son visage, met notre vie en jeu, pour qu'Il entre dans les dynamiques profondes de l'être humain.

Puisse le chemin que nous parcourrons cette année nous faire tous grandir dans la foi et dans l'amour du Christ, afin que nous apprenions à vivre, dans les choix et les actions quotidiennes, la vie bonne et belle de l'Evangile.

Merci.