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Rétrospective 2011

La femme de Loth

A l'aube de cette nouvelle année, les voeux de José-Luis Restàn, qui nous rappelle que pour le Saint-Père, la seule réforme vraiment nécessaire s’appelle conversion. Traduction de Carlota (1er/1/2012)


Texte original ici: http://www.paginasdigital.es

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Libère-nous de la femme de Loth

José Luis Restán
29/12/2011

Maintenant, oui, il veut nous dire son programme. « Le grand thème de cette année, comme aussi de celles à venir, c’est comment annoncer l’Évangile ». De quelle manière la foi, en tant que force vivante et vitale, peut-elle arriver à être réalité aujourd’hui ?
Arrêtons-nous un moment; Le Pape se demande comment la foi peut arriver à être réalité aujourd’hui ! Et s’il se le demande c’est parce que souvent elle n’est que réalité…virtuelle. Même parmi les croyants, parler de réalité, c’est habituellement faire référence à ce qui est réalité sonnante et trébuchante. La foi peut être quelque chose de respectable, bien sûr, mais dans le fond c’est « autre chose », quelque chose qui en fin de compte n’est pas dans la réalité dure et tranchante de chaque jour. Quelque chose comme la mousse, qui fait joli mais ne nourrit pas

Comment la foi peut-elle se faire réalité aujourd’hui, force vitale dans l’histoire dramatique de ces jours-ci? C’est la question que Benoît XVI met aujourd’hui dans le camp de l’Église. Il reconnaît que dans notre société (que nous dénonçons trop et aimons trop peu), «ne sont pas discutées des valeurs comme la solidarité, l’engagement pour les autres, la responsabilité envers les pauvres et ceux qui souffrent », mais il avertit qu’il manque la force qui les motive, capable de soutenir des renoncements et des sacrifices. « Où est la lumière qui peut éclairer notre connaissance… ? Où est la force qui porte vers le haut notre volonté ? » Ce sont les questions auxquelles doit répondre notre annonce de l’Évangile, la nouvelle évangélisation. Et le Pape achève : « Pour que le message arrive à être un évènement et que l’annonce se transforme en vie ».

Je me demande si nous prenons consciente du défi que nous lance Benoît XVI. D’un côté il affirme qu’il n’y a que le divin qui sauve l’humain. Nos bons souhaits, nos inquiétudes, nos vertus civiques, ont besoin du feu profond que les alimente et les soutient, qui empêche leur décadence, que leur donne un horizon plus grand. La raison et la liberté, les grandes valeurs que la modernité a prétendu exalter, voient aujourd’hui leur portée dramatiquement réduite : une raison empiriste et fonctionnelle qui ne s’interroge plus sur la destinée, le bien et le mal, une liberté esclave des instincts et des mirages publicitaires, livrée au vide. Mais l’intuition était bonne, il faut sauver la raison et la liberté : où est la lumière qui ouvrira notre compréhension, où se trouve la force pour que nous adhérions à la vérité quoiqu’elle en coûte? Là la foi va à la rencontre de l’humain, chair vivante.

Pour cela, la seule réforme vraiment nécessaire s’appelle conversion, et ce n’est pas prendre la tangente, c’est aller directement au cœur. « Il y a une infinité de discussions sur ce qu’on doit faire », dit Benoît XVI, et il est certainement nécessaire de faire beaucoup de choses. Mais le point central de la crise de l’Église en Europe c’est la crise de la foi. Si nous ne trouvons pas une réponse pour elle, si la foi n’acquiert pas une nouvelle vitalité, comme conviction profonde et vraie force grâce à la rencontre avec Jésus Christ, toutes les autres réformes seront inefficaces ». Cela a été le point central de son message aux catholiques allemands lors de sa mémorable visite en septembre.

La phrase clef de tout ce programme s’appelle témoignage, comme il le rappelait il y a quelques jours au Conseil Pontifical pour les laïcs. Non seulement de bons exemples, non seulement une bonne doctrine: un témoignage. Une vie changée et offerte, avec ses raisons et ses gestes publics, avec sa capacité d’affronter chaque jour la réalité telle qu’elle est. Une vie qui s’émeut du désir profond de chaque homme, de l’horizon qu’elle montre et de la faiblesse dans laquelle il se meut. Un témoignage en plein champ, sans tranchés, capable de se mesurer avec les angoisses et les questions du moment. Et le premier qui le fait de cette façon, c’est le Successeur de Pierre.

À un autre passage de son discours à la Curie, Benoît XVI évoque l’histoire de la femme de Loth, transformée en statue de sel parce qu’elle a regardé en arrière, centrée sur sa propre mesure, sur son propre projet, sans faire attention à la provocation qui lui venait de Dieu. Nous aussi nous pouvons nous changer en statues de sel, dans la dépendance de nos soucis à gauche et à droite, de nos projets, de nos plaintes infinies ou de la bonne administration. Et c’est ainsi que la foi que nous vivons et que nous communiquons n’arrive pas à être réalité. Ce n’est pas la première fois que cela arrive, bien que, heureusement, le Maître de la vigne se charge de susciter de nouveaux fils avec un coeur simple et disposé. C’est ainsi et ce sera.

Heureuse nouvelle Année.