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Rétrospective 2011

La liberté religieuse est "le premier des droits humains". Les chrétiens sont discriminés (10/1/2012)

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Discours au Corps diplomatique
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Voeux aux diplomates et réactions d'observateurs



Radio Vatican interroge Massimo Introvigne
(Source: http://www.news.va, version audio: http://212.77.9.15/audiomp3/00296787.MP3 , ma traduction)
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Un thème souligné dans son discours au Corps Diplomatique est le respect de la liberté religieuse, défini par le Pape comme «le premier des droits humains». Une affirmation sur laquelle s'arrête Massimo Introvigne, sociologue et ancien représentant de l'OSCE pour la lutte contre la discrimination anti-chrétienne (interview de Fabio Colagrande)

M.I: Je pense que l'affirmation du Pape en contient trois: la première est que l'on continue à tuer les chrétiens. Les chiffres, que dans le cours de mon mandat à l'OSCE, j'ai souvent rappelés, sont ceux d'un génocide: 105 000 morts par an, un toutes les cinq minutes. Le deuxième phénomène dont le le Pape a parlé, c'est l'épuration religieuse, qui est très similaire à l'épuration ethnique, à travers des myriades d'attaques terroristes, qui certes ne parviennent pas à éliminer les communauté dans un pays, mais les effraient au point d'induire la majorité des chrétiens à émigrer pour y échapper. Le troisième phénomène est la marginalisation des chrétiens de la vie politique à travers une série d'instruments qui comprennent la diffamation et la ridiculisation, et cela se produit aussi en Occident. Ici, naturellement, le Pape relie la partie importante de son discours sur la liberté religieuse à d'autres parties concernant la famille, la liberté d'enseignement et la vie.

- C'est important, selon vous, que Benoît XVI en ait parlé devant les ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège?

M.I: C'est très important. Je dois dire que durant mon année de mandat à l'OSCE, qui s'est achevé, j'ai vu combien c'était extrêmement utile, et combien la diplomatie du Saint-Siège jouait un rôle clé.

- Le Pape a dit que la liberté de religion, le premier des droits humains, comporte trois dimensions: individuelle, collective et institutionnelle ...

M.I: Je pense que cela est très important. Un soulignement qui s'applique à plusieurs pays en développement, là où l'on fait des affirmations solennelles sur la liberté religieuse, là où elle est entendue simplement comme un droit individuel: chacun est libre de croire ce qu'il veut, mais ensuite si l'Eglise, par exemple, entend se manifester publiquement, à travers la publication de journaux ou en ouvrant des écoles, alors, il n'y a plus de liberté religieuse. Mais bien sûr, cela s'applique aussi à notre Occident, où circulent des théories juridiques plutôt dangereuses qui permettent de réduire la liberté religieuse à la simple liberté de conscience. Pour qu'il y ait une pleine liberté religieuse, il faut aussi reconnaître le droit de l'Eglise à ouvrir des institutions, y compris des écoles. Et il faut aussi qu'il y ait des reconnaissances institutionnelles, en particulier dans les pays d'ancienne tradition chrétienne, de l'importance du rôle que durant des siècles, des millénaires, l'Église joue.

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Le discours du Saint-Père, extrait:
(Source)
[La liberté religieuse] est caractérisée par une dimension individuelle, ainsi que par une dimension collective et une dimension institutionnelle. Il s’agit du premier des droits de l’homme, parce qu’elle exprime la réalité la plus fondamentale de la personne. Trop souvent, pour des motifs divers, ce droit est encore limité ou bafoué. Je ne puis évoquer ce thème sans commencer par saluer la mémoire du Ministre pakistanais Shahbaz Bhatti, dont l’infatigable combat pour les droits des minorités s’est achevé par une mort tragique. Il ne s’agit pas, malheureusement, d’un cas unique. Dans de nombreux pays les chrétiens sont privés des droits fondamentaux et mis en marge de la vie publique ; dans d’autres ils souffrent des attaques violentes contre leurs églises et leurs habitations. Parfois, ils sont contraints à abandonner des pays qu’ils ont contribué à édifier, à cause des tensions continuelles et de politiques qui fréquemment les relèguent comme spectateurs secondaires de la vie nationale. Dans d’autres parties du monde, on trouve des politiques orientées à marginaliser le rôle de la religion dans la vie sociale, comme si elle était cause d’intolérance, plutôt que contribution appréciable dans l’éducation au respect de la dignité humaine, à la justice et à la paix.