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Rétrospective 2011

Dans un article publié sur le blog Infocatolica, un jeune prêtre mexicain (LC) souligne, à travers les exemples de deux encycliques Rerum Novarum (Léon XIII, 1891) et Humanae Vitae (Paul VI, 1968), à quel point les propos des Papes sont " prophétiques". Aujourd'hui, le prophète s'appelle Benoît XVI.... Traduction de Carlota (27/1/2012)


Le premier de ces Papes avait percé à jour la perversité de l'idélogie "communiste", le second de celle libertaire (au plan sexuel) post-68. Aux deux, l'histoire a donné raison.

Carlota

Le père P. Juan Antonio Ruiz Jorge, jeune prêtre mexicain, légionnaire du Christ, nous rappelle dans le texte ci-dessous l’importance d’écouter ce que disent les Souverains Pontifes, et la nécessité de découvrir (ou redécouvrir) les encycliques auxquelles il fait référence. Et j’avoue qu’en les lisant pour la première fois à l’invitation du prêtre mexicain, j’ai vraiment été éblouie par leur justesse et leur incroyable actualité. J’enfonce sans doute des portes ouvertes pour ceux qui avaient lu et savaient mais pour les autres, il est peut-être bon de leur apprendre. Et ce n’est pas par hasard si la Marche pour la Vie rassemble chaque année toujours plus de monde dont les jeunes.

Une vision prophétique : Pourquoi il faut faire cas du Pape quand il s’exprime
http://infocatolica.com/
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C’est l’habitude, quand le Saint Père prononce le moindre discours, les médias font écho à ses paroles. Cela est bon en soi, mais dans la réalité ce n’est pas le cas : malheureusement la plupart des médias se consacrent à attaquer ou à affaiblir ce que dit ou ne cesse de dire le Pape. Le récent cas de Reuters (allusion aux mots “mariage homosexuel” non prononcés, avec article du Guardian) est symptomatique dans ce sens : l’important c’est simplement de ne pas être du même avis.

Ce fait, qui s’est transformé en quelque chose de très à la mode, peut être plus ou moins compréhensible quand cela vient de personnes qui ne sont pas croyantes. Mais quand ces rejets procèdent de gens qui se disent catholiques, simplement je n’arrive pas à réaliser. Sont-ils réellement catholiques ceux qui parlent ainsi ? Plus encore, est-ce que cela comporte un bénéfice pour quelqu’un le fait de nous opposer radicalement aux enseignements pétriniens ?

L’Histoire, Maîtresse de la vie, semble fermer la bouche à ces personnes. Elle est en train de nous enseigner que les vérités prédites par les papes contemporains, surtout ces réalités qui ont été combattues avec la plus grande ferveur, ont été prophétiques et beaucoup de leurs prédictions sont en train de s’accomplir aujourd’hui.

Je voudrais mettre à titre d'échantillons deux encycliques qui ont été très discutées en leur temps, dont on n'a absolument pas fait cas, ce qui a entraîné des conséquences qui ne sont pas de peu d’importance pour notre société actuelle.

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Léon XIII

I. 1891 - L’encyclique “Rerum Novarum” de Léon XIII
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À la fin du XIXème siècle, l’ombre du communisme commençait à se projeter sur quelques pays. Ce qu’on nommait la « question ouvrière » préoccupait beaucoup la société, surtout du fait de la révolution industrielle, qui traitait les hommes plus comme des machines que comme des hommes. Cette situation menaçait de se transformer en une guerre interne dans les pays affectés.

Face à un tel panorama, le Pape Léon XIII (Pape de 1878 à 1903) a élevé la voix, et il a écrit la première encyclique, dans l’histoire de l’Église, centrée, d’une façon exclusive, sur une doctrine sociale : l’encyclique « Rerum Novarum » signé le 15 mai 1891 (ndt voir ici)

L’écrit papal veut affronter surtout la situation des ouvriers dans la société et, grâce à elle, approfondit la réflexion sur différents thèmes en relation avec cette question. Alarmé par « l’ardente envie révolutionnaire» (ndt: révolutionnaire apparaît dans la version espagnole et anglaise, les versions italienne, française et portugaise emploient les mots désir ardent ou soif de nouveauté…) qui depuis déjà un certain temps agite les peuples (n°1 de Rerum Novarum), il décide de faire voir quelques unes des menaces que ledit communisme présente pour la société.
Je m’arrête maintenant sur l’un des points, peut-être le plus important de l’encyclique, qui me paraît quelque chose de très approprié aussi à notre époque actuelle: l'ingérence erronée de l’État dans la propriété privée.

Léon XIII est très catégorique en ce sens: l’État doit seulement aider la famille, et non pas prendre sa place. Pour le Pape ce point est très important, car « Si les citoyens, si les familles entrant dans la société humaine y trouvaient, au lieu d'un soutien, un obstacle, au lieu d'une protection, une diminution de leurs droits, la société serait plutôt à rejeter qu'à rechercher» (n° 9 Rerum Novarum, version officielle française).

La famille est le centre de la société, sa figure la plus essentielle. Si la famille disparaît, la société se corrompt. C’est particulièrement important dans ce qui touche à l’éducation. En effet, dit le Pape : « les enfants reflètent la physionomie de leur père et sont une sorte de prolongement de sa personne, la nature lui inspire de se préoccuper de leur avenir et de leur créer un patrimoine […]. Or, il ne pourra leur créer ce patrimoine sans posséder des biens productifs qu'il puisse leur transmettre par voie d'héritage » (ndt n° 7, version française). Et pour la même raison, parce que les enfants reflètent « naturellement la physionomie du père…, avant qu’ils n’aient l’usage du libre arbitre, ils se trouvent sous la protection des deux parents » (St Thomas d’Aquin, II-II q.10 a12) » - (n° 10 Rerum Novarum).

Et, revenant à la propriété privée, si l’on en arrive à laisser passer ce que souhaite offrir le communisme (ndt: socialisant au sens large, quelle que soit l’étiquette affichée du parti politique, hier comme aujourd’hui y compris dans nos sociétés occidentales dites démocratiques) dans ce domaine, le Pape avertit des conséquences qui pourraient en dériver : « On voit avec trop de clarté quels seraient la perturbation et les bouleversements de tous ordres, combien dure et odieuse l’oppression à suivre par les citoyens (ndt: Rappelons-nous que le Pape s’exprime un quart de siècle avant la révolution bolchevique et l’écroulement de l’empire russe). S’ouvrirait pareillement la porte à l'envie mutuelle, à la médisance et à la discorde; une fois ôtée la stimulation à l’intelligence et à l’habileté des individus, ils en viendraient nécessairement à tarir les sources mêmes des richesses, et cette égalité dont ils rêvent ne serait rien d'autre qu’une situation générale, à égalité misérable et abjecte, de tous les hommes sans exceptions aucune. De tout ce qui en découle, on doit clairement rejeter cette fantaisie du socialisme, dont le plan consiste à réduire au commun la propriété privée, car elle fait tort à ceux-là mêmes qu’elle prétend secourir, elle répugne aux droits naturels des individus et perturbe les fonctions de l’État et la tranquillité commune (ndt: belle leçon pour nous aider à nous retrouver dans les programmes de nos aspirants à la présidence de la république). Par conséquent quand le problème se pose d’améliorer la condition des classes inférieures, il faut tenir comme fondamental le principe que la propriété privée doit être conservée inviolable ».
Alinea 11 Rerum Novarum – ndt dans sa version française alinea 7-8: « Les socialistes, pour guérir ce mal, poussent à la haine jalouse des pauvres contre les riches. Ils prétendent que toute propriété de biens privés doit être supprimée, que les biens de chacun doivent être communs à tous, et que leur administration doit revenir aux municipalités ou à l'Etat. Moyennant ce transfert des propriétés et cette égale répartition entre les citoyens des richesses et de leurs avantages, ils se flattent de porter un remède efficace aux maux présents. Mais pareille théorie […] dénature les fonctions de l'Etat et tend à bouleverser de fond en comble l'édifice social […]

Léon XIII a-t-il été écouté? Nous pouvons dire qu’à son époque, la plupart du temps, non. Certes, dans le milieu intellectuel catholique beaucoup ont admiré la profondeur de son écrit. Mais dans la vie sociale, on est passé simplement sans s’arrêter. ...
Nous sommes tous conscients de ce que cette étroitesse d’esprit a impliqué pour l’humanité toute entière.
La révolution qui a frappé la Russie au début du XXème siècle, et la façon dont le Léninisme et le Stalinisme ont affligé l’âme du peuple russe sont un exemple clair du socialisme radical dont le Pape nous a avertis. Et comme la Russie, on peut parler de tous les pays du bloc communisme, en Europe et sur les autres continents.

Il semble que sur notre horizon actuel commencent à se lever certaines bannières qui ondulaient en Russie au début du XXème siècle. Lisez l’encyclique Rerum Novarum et rendez-vous compte de la prophétie que ses paroles renferment. «Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ».


II. 1968 - L’encyclique « Humanae Vitae » de Paul VI:
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Peut-être aucune encyclique n’a-t-elle soulevé autant d’inquiétude et de confusion que celle-là, née de la plume de Paul VI (Pape de 1963 à 1978) le 25 juillet 1968. Six jours après sa publication les lecteurs du New York Times, par exemple,, ont trouvé l’article suivant en première page: «Against Pope Paul’s Encyclical» (ndt: ici il me semble après recherche mais accès payant ) Les signataires n’étaient pas des athées ou des agnostiques rageurs mais plus de 200 théologiens « catholiques » qui invitaient les fidèles à la désobéissance aux enseignements qui se trouvaient dans l’Humanae Vitae. C’était si l’on veut, le premier manifeste de dissentiment organisé dans l’Église.

Quel était le message du Pape Montini? Quelque chose de tout simple: pour le catholique, la contraception artificielle n’est pas valable, car elle dément la beauté de l’acte conjugal que Dieu a établi. Et le Pape précise que c’est ainsi parce que du mal moral jamais le bien ne peut venir, ce serait simplement contradictoire.

Avec cela, le Pape voulait élever l’amour conjugal, qu’il qualifie « d’authentiquement humain », c'est-à-dire, sensible et spirituel à la fois, plein ou total, c’est à dire, généreusement porté vers le don, fidèle, et même jusqu’à la mort, avec une fidélité souvent difficile mais qui est source de bonheur profond et fécond, qui ne se tarit pas entre les époux, mais qui se prolonge en deux nouvelles vies (cf. n° 9 – ndt voir ici pour la version française).

Qu’allait-il se passer si les catholiques utilisaient la contraception artificielle? Le pape énumère quatre conséquences fatales (cf alinea 17 – ndt titre dans la version française Graves conséquences des méthodes de régulation artificielle de la natalité)

a) L’infidélité conjugale
b) La dégradation générale de la moralité surtout chez les jeunes
c) L’exploitation insouciante et égoïste de l’épouse
d) Le despotisme abusif des pouvoirs publics, qui se croiraient le droit de s’interférer dans le secteur le plus personnel et le plus réservé de l’intimité conjugale.


En résumé, on ne fait rien d’autre qu’ôter ces « limites infranchissables de la possibilité de domination de l’homme sur son corps et ses fonctions, limites qu’aucun homme, privé ou revêtu de l’autorité, ne rompt licitement (alinea 17 – ndt version française « limites infranchissables au pouvoir de l'homme sur son corps et sur ses fonctions; limites que nul homme, qu'il soit simple particulier ou revêtu d'autorité, n'a le droit d'enfreindre).

Ces enseignements, qui voulaient être un point de rencontre pour les catholiques, ont été le prétexte pour beaucoup de se dresser contre le Magistère. Et cette situation fut tellement douloureuse pour le Pape lui-même qu’il n’a plus écrit de nouvelle encyclique au cours de sa vie.

Par conséquent, les enseignements de l’encyclique Humanae Vitae n’ont pas été accueillis. Mais il suffit de voir la société actuelle pour nous rendre compte que ses paroles sont aujourd’hui plus claires que jamais. Des années plus tard, ces conséquences que le Pape nous prophétisait sont ponctuellement remplies….même au niveau scientifique. Le Dr Simón Castellví, par exemple, a publié un intéressant article intitulé « 40 ans après l’Encyclique Humanae Vitae du point de vue médical, dans lequel il l’explique magistralement. (ndt: nous en avions parlé ici benoit-et-moi.fr/2011-III/)

Pour le Dr Castellví, le Pape avait raison et il a été confirmé avec des études sérieuses, en affirmant que « la relation entre les époux doit être de totale confiance et d’amour. Exclure avec des moyens impropres la possibilité de procréation, trouble la relation du couple. Le fait de se donner l’un à l’autre devrait être total et s’enrichir par la capacité de transmission de la vie ». Plus encore, l’étude révèle que la consommation de pilules est plus dangereuse qu’on ne le pensait. C’est ainsi que l’explique le Dr. Castellví: «le pape Paul VI fut prophétique aussi sur le point de vue scientifique. Avec cette encyclique il a pu mettre en garde sur les dangers de la pilule contraceptive comme le cancer, l’infertilité, la violation des droits humains, etc. Le pape avait raison et beaucoup n’ont pas voulu le voir. S’il s’agit de réguler la fertilité, sont bien meilleures les méthodes naturelles qui sont efficaces et respectent la nature de la personne ».
Pour résumé, le médecin affirme que « alors que l’on célèbre les soixante ans de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, l’on peut dire que les méthodes anticontraceptives violent au moins cinq droits importants: le droit à la vie, le droit à la santé, le droit à l’éducation, le droit à l’information (sa diffusion se produit au détriment de l’information sur les méthodes naturelles) et le droit à l’égalité entre les sexes (le poids des anti-contraceptifs retombe presque toujours sur la femme) ».

III. Conclusion:
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J’espère qu'en terminant cet article, le lecteur pourra s’émerveiller, comme je me suis moi-même émerveillé en découvrant cette facette, peut-être pas assez évoquée, de la mission du Pape.
Il est aussi ici comme prophète, comme un phare qui nous avertit des dangers qui peuvent nous tourmenter. S’il est le Vicaire du Christ, c’est le Christ qui nous parle à travers lui. Nous ferions mieux de lui prêter plus d’attention, si ce n’est pour l’amour qu’il mérite comme notre Père, au moins pour le bien dont l’humanité a besoin et espère par ses paroles.

Léon XIII et Paul VI sont passés à la Maison du Père, et aujourd’hui le Prophète s’appelle Benoît XVI. De quel danger est-il en train de nous avertir aujourd’hui ? Fassent que nous soyons attentifs à ses paroles et soyons des enfants dociles qui écoutent ce que ce Père, de son poste de veille, plus élevé que nous, nous indique.

Père Juan Antonio Ruiz, L.C.

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PS: Sur Humanae vitae, et sur ce site, articles ici.