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Rétrospective 2011

Un commentaire étonamment beau dans la Vie, sous la plume de Michel Cool, sur le message du Saint-Père pour la journée 2012 des Communications sociales. Il nous renvoie à la Veillée des 4 Vents, cet été, à Madrid... (28/1/2012)

Le message est ici:
Silence et parole : chemin d’évangélisation

Comme à regret (Alors un effort : pour une fois lisez du Ratzinger....) , presque sept ans après le début du pontificat, les catholiques "adultes" commencent enfin à percevoir toute la profondeur, toute la beauté de cette personnalité totalement hors-normes, que leurs préjugés leur avaient masquées.

Cet article me rappelle un billet de Jean-Marie Guénois (dont je ne partage pas tout!), écrit après la mémorable Veillée des 4 vents, cet été, durant les JMJ de Madrid: : l'envoyé spécial du Figaro à Rome voyait dans le silence "l'arme fatale du Pape ", ce qui est réducteur, car bien entendu, ce que l'histoire retiendra du grand Benoît XVI, ce n'est pas son silence, mais ses écrits. Mais c'est un bel hommage à sa personnalité (1)

Photos ci-dessous: Spaziani.

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Benoît XVI, un maître de silence
Michel Cool, dans La Vie
26/01/2012

Le dimanche 20 mai prochain sera la Journée Mondiale des Communications Sociales. Anticipant cette date, le pape Benoît XVI vient de rendre public un texte étonnant, détonant même, puisqu’il y fait l’éloge du silence ! Ou plus exactement, de l’alliance nécessaire du silence et de la parole pour enrichir nos rapports aux autres et notre relation à Dieu.


Maître reconnu en théologie et en liturgie, le pape révèle avec ce texte un autre trait de sa personnalité si riche et complexe. Il est aussi un maître de silence : un maître d’humilité capable aussi de reconnaître avoir été bluffé par le silence que firent avec lui plus d’un million de jeunes pendant les Journées Mondiales de la Jeunesse à Madrid, en août 2011. L’originalité et la force de ce texte tiennent à ce que son auteur est un homme qui, toute sa vie, a fait du silence son compagnon d’étude et de méditation.

"Le silence fait partie intégrante de la communication et sans lui aucune parole riche de sens ne peut exister", écrit le pape Benoît XVI dans ce document qui fera sans doute encore moins de "bruit" que les autres, et c’est bien dommage ! Car le pape propose une éthique de la communication, simple et accessible à tous, quand tant de personnes souffrent actuellement du vacarme, du stress et de la solitude dans nos sociétés prétendument dites de communication, mais qui génèrent des armées de solitaires et de soliloques enchaînés à leurs portables... Ce pape dont on répète à l’envi qu’il est déconnecté du réel propose à ses contemporains de retrouver la voie mesurée et raisonnable d’une communication authentiquement humaine, source d’échange et de rencontre.

D’abord, en considérant le silence comme l’antichambre d’une écoute féconde et d’un dialogue véritable: "Dans le silence nous écoutons et nous nous connaissons mieux nous-mêmes... Ainsi s’ouvre un espace d’écoute mutuelle et une relation humaine plus profonde devient possible", écrit Benoît XVI. Dans un monde médiatisé et saturé d’informations mais aussi d’insignifiance, le pape conseille de faire silence pour discerner justement l’essentiel de l’accessoire, le factice de la vérité. Enfin, ce pape si pudique évoque le langage silencieux des amoureux : "Dans le silence, écrit-il joliment, se saisissent les instants les plus authentiques de la communication entre ceux qui s’aiment : le geste, l’expression du visage, le corps comme signes qui révèlent la personne".

Ensuite, le pape invite les chrétiens à ne pas céder à la mode du bavardage pour témoigner de leur foi. Les mots manquent, leur rappelle-t-il, pour dire la beauté, la grandeur et la miséricorde de Dieu. Aussi, Benoît XVI leur propose-t-il de faire l’expérience de la contemplation silencieuse qui peut aider à entendre "le silence de Dieu".

Pour Benoît XVI, un dosage équilibré de silence et de parole est nécessaire dans la communication de l’Eglise. C’est pour lui une condition du renouveau de l’évangélisation dans le monde contemporain. Mais qui ne voit que son appel à concilier parole et silence pourrait aussi être utile à nos décideurs politiques et économiques ? Et à nous-mêmes emportés dans le tourbillon d’une communication devenue folle ? Alors un effort : pour une fois lisez du Ratzinger : vous y découvrirez un étonnant maître de silence.

Note

(1) http://blog.lefigaro.fr/...

Quelle est l'arme fatale de Benoît XVI ?
Par Jean-Marie Guénois le 21 août 2011

Où Benoît XVI cache-t-il son arme fatale ? Comment ce pape a-médiatique de 84 ans s'y prend-t-il pour séduire l'actuelle génération des 18-30 ans comme il vient de le faire à Madrid au terme des ces JMJ où il a été acclamé comme jamais par près de deux millions de jeunes venus de 193 pays ?
Ce ne sont pas ses discours, souvent très clairs, mais lus sur un ton monocorde. Ce n'est pas son sourire, celui de Jean-Paul II attirait davantage. Sans doute la réponse est plus à chercher du côté de son attitude. Et pourquoi pas, sans référence déplacée à Pie XII, à son silence...
Oui, à son silence ! Et l'incident de samedi soir, la tempête qui a gâché ce qui devait être le grand soir des JMJ, en donne un indice. Non seulement détrempé mais aussi rendu muet car la sono a cessé pendant de longues minutes, Benoît XVI s'est trouvé dans la situation d'un face à face, avec une foule immense, sans autre moyen, de communiquer que sa présence silencieuse et sereine.

Le plus amusant est que cet été, ce pasteur avait à plusieurs reprises, dressé l'éloge du « silence intérieur ». Il y était revenu juste avant de quitter Rome, mercredi dernier, alors que les rues de Madrid résonnaient de la joie très bruyante des jmjistes.

Joli paradoxe. Peut-être y a-t-il une relation entre le silence intérieur de cet homme qui parle finalement assez peu et le bruit intérieur de cette génération qui donne l'impression d'être saturée ? A l'image d'une boite e-mail trop pleine qui vous envoie des messages de limites de capacité mais qui reçoit, chaque heure qui passe, des dizaines et des dizaines de messages.

Quand ils peuvent « débrancher » comme ils viennent de le faire à Madrid - encore que, :il y avait les téléphones portables mais aussi les limites de forfaits ! - ces jeunes sont peut-être attirés par le paradoxe offert par ce vieux sage, hors du temps, hors de mode, étranger à toute séduction.

Ce contraste entre une génération sur-vitaminée d'informations, de musiques, d'images et cet homme du siècle dernier, pris dans la tempête, engoncé dans de lourds habits liturgiques, n'ayant que son sourire désarmant à offrir mais aussi une sérénité à toute épreuve, a été, me semble-t-il, la véritable étincelle qui a allumée le gaz des JMJ.

J'avoue, en effet, avoir été désarçonné, par l'accueil presque froid de la foule quand le Pape est arrivé sur la zone samedi soir. Un quart d'heure avant c'était l'euphorie et puis, plus rien ou presque... C'est tout juste si les jeunes savaient que le Pape était là. La soirée partait mal.

Nous avons appris aujourd'hui que les organisateurs avaient décidé, au dernier moment, de supprimer le tour de pistes prévu avec la papamobile pour que les jeunes puissent le voir. Et ce, pour des raisons de sécurité car les allées prévues pour son passage n'étaient plus libres pour la papamobile tant la foule était abondante.

De fait, ce début de cérémonie était trop calme, presque ennuyant. Je me disais que le Pape exagérait : à vouloir transformer la grande soirée des JMJ en soirée de prières silencieuse, on tuait les JMJ...

Et puis, grâce à Dieu, aurait-on envie de dire, le second contre-temps de la soirée s'est produit avec l'orage, la tempête, le déluge d'eau sur le Pape, la coupure de son,l'arrivée des pompiers, bref, l'apocalypse !

Avec le recul d'une petite journée - nous sommes actuellement dans le bus des journalistes de l'avion pontifical, en route vers l'aéroport de Madrid pour repartir avec le Pape à Rome - je me dis que cet échec apparent de la grande soirée de JMJ a été la clé de son succès.

Elle a en effet dépouillé tout le système et son organisation super huilée. Jusqu'au Pape lui-même, cet intellectuel qui évite les improvisations et qui parle toujours avec un texte sous les yeux. Qu'il lit, tête baissée, avec ses grosses lunettes.

Se trouvant dépouillé, il ne restait finalement que lui. Sa personne profonde, sans apparat, ni apparence. Il était trempé, sa calotte envolée. Subsistaient son âge avancé, ses cheveux blancs, son humilité surtout. Son silence aussi.

Mais ce soir là, le silence a vraiment parlé et il n'a pas parlé pour ne rien dire.