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Fabio Spina, sur la Bussola, commente une interviewe d'un physicien italien, dans l'Avvenire d'hier. Des propos nuancés. (8/2/2012)


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L'Italie connaît elle aussi une vague de froid inhabituelle. Et là bas comme ici, la guerre fait rage entre les pro et les anti "réchauffement dû à l'homme" et chaque épisode climatique excessif est l'occasion pour l'un ou l'autre camp de marquer des points contre l'autre.
Fabio Spina, pour la Bussola, commente un article de circonstance lu dans l'Avvenire.
Il s'agit d'une interviewe d'un physicien italien, Antonello Pasini (1), spécialiste en climatologie qui aujourd'hui semble prendre un peu ses distances avec la théorie du réchauffement climatique d'origine anthropique.
Il travaille actuellement sur un système conçu pour l'analyse du système économique, et appliqué à l'analyse du système climatique.
Pour résumer: les processus en jeu sont extrêmement compliqués, les modèles mathématiques en phase d'élaboration, les données partielles et l'homme en est encore à essayer de comprendre: donc, les conversations de comptoir et les affirmations d'idéologues non scientifiques n'ont pas leur place..

Je n'ai pas trouvé en ligne l'article dont il est question, et je regrette un peu que celui de la Bussola ne fasse pas clairement la distinction entre les questions du journaliste de l'Avvenire et les réponses du savant.

     



Réchauffement de la planète



Si vous avez froid, ce n'est qu'une impression
(La Bussola)
Fabio Spina
08/02/2012
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«Bientôt, la Terre augmentera sa température de trois ou quatre degrés, ce qui comportera des effets alarmants. Une grande partie de notre pays courra le risque de la désertification, au sud, il y aura de moins en moins de pluie». C'est une petite partie de l'intervention du physicien Antonello Pasini , rapporté par l'hebdomadaire catholique "Il Ponte" le 18 mai 2008, lors d'une conférence qui s'est tenue à la Cattolica, avec le député européeen (ndt: socialiste, et sans doute zélateur convaincu du réchauffement) Giulietto Chiesa, qui tentait de convaincre l'auditoire que «le danger le plus grand est l'optimisme».

Cela fait plaisir de lire les accents plus modérés d'Antonello Pasini dans une interview publiée dans le journal Avvenire le 7 Février, intitulé «Trop chaud, trop froid? Les mystères de la météo folle». L'interviewe fait suite à un article, dont Pasini est co-auteur, publié le 7 Novembre 2011 sur The Atmospheric Science Letters, qui vise à montrer un lien statistique entre 'forçage' (2) et réchauffement climatique, c'est-à-dire que les gaz à effet de serre produits par l'homme ont «causé» la température. En cette période de froid, l'article trouve une grande place dans les médias, comme s'il s'agissait d'une assurance que, même en présence d'une vague de froid exceptionnelle, l'alarme «réchauffement planétaire» ne cesse pas, même s'il y a désormais une dizaine d'années que la température mondiale augmente (voir ici: http://www.climatemonitor.it/).

L'interview commence avec l'affirmation : «Ceux qui disent que le froid de ces jours-ci dément le réchauffement climatique sont dans l'erreur». Ce n'est que plus loin qu'il ajoute à juste titre que les événements extrêmes individuels ne disent rien sur le climat mondial »(même ceux de chaleur extrême), comme nous l'avions écrit dans un article ici « Sensationnel: c'est l'hiver et il fait froid» . Malgré le titre qui transmet l'idée de la certitude de la météo folle, relisons quelques déclarations intéressantes de l'nterviewé, résumant les questions.

* * *

- Sur quels principes repose la preuve scientifique du réchauffement climatique? Pourquoi avez-vous abandonné les vieux modèles climatiques pour cette approche économétrique?

«Des études récentes de nombreux collègues, réalisée à l'aide des modèles climatiques classiques montrent que sans tenir compte des influences anthropiques (humaines), on ne peut pas expliquer l'augmentation de la température globale du demi-siècle écoulé. Il y a un très fort indice que des causes humaines ont joué un rôle important pour créer le réchauffement de la planète. Cependant, ces modèles sont souvent critiqués, en particulier en raison des incertitudes qui les caractérisent [...] Je crois que notre étude est un pas en avant dans la détermination des causes du réchauffement climatique dans les 60-70 dernières années»

- Quels sont les principes que vous avez appliqués? Le climat est-il constant?
« Dans notre étude nous avons utilisé un système conçu pour l'analyse du système économique, appliqué à l'analyse du système climatique (il s'agit de la technique développée par Clive Granger [...] Le climat est caractérisé par une variabilité naturelle [ ...] L'étape suivante est de comprendre le rôle des fluctuations. "

- Comment se fait-il que l'on parle d'indices (et non pas de preuves), d'incertitude, de pas en avant, alors qu'il y a seulement quelques années, les effets alarmants étaient certains sur la base des modèles climatiques à l'appui des affirmations de Giulietto Chiesa?
- La preuve scientifique de l'effet de l'homme serait que si l'on ajoute la variable 'concentration' de CO2 au modèle, alors on peut mieux suivre l'évolution de la température mondiale. Mais si on ajoutait le nombre de téléviseurs ou de réfrigérateurs vendus, n'arriverait-il pas la même chose, vu qu'ils sont en augmentation? Le grand mathématicien John von Neumann avait coutume de dire: «Donnez-moi 4 paramètres et je simule un éléphant avec l'ordinateur, donnez-m'en 5 et je lui fais remuer sa trompe»

- Pourquoi le test statistique est-il effectuée uniquement sur les 60-70 dernières années et non depuis 1850, année à partir de laquelle on dit souvent que nous avons des données sur la température globale et les estimations de CO2?
- Si vous regardez le graphique de la température mondiale, observez combien la tendance est presque linéaire au cours des 60-70 dernières années, alors que si vous allez dans le passé, la tendance est plus compliquée. Qui sait ce qui serait sorti si l'on avait pris l'entier laps de temps disponible, il se peut que nous aurions dû aussi aborder la question des fluctuations naturelles qui sont encore à approfondir.

- Vu que personne n'avait prévu les crises économiques des dernières années, comment les systèmes économétriques fonctionneraient-ils mieux que ceux climatiques?
- Sir Clive William John Granger (1934 - 2009), lauréat du prix Nobel d'économie en 2003, a effectué des recherches sur la «causalité de Granger» en 1969. Son idée est que dans un système, on peut toujours construire un modèle prédictif d'une variable dans l'avenir à partir de ses données dans le passé. Presque simultanément, en 1967, le père de la théorie du chaos, Edward Norton Lorenz (1917 -2008) écrivait ses premiers travaux dans lesquels il introduisait, justement pour l'atmosphère, le concept de complexité et d'attracteurs. L'attracteur du point de vue philosophique fait aussi «ressusciter» la «cause finale» du système.

- Sommes-nous sûr qu'il est correct de penser que l'atmosphère peut être décrite en partant seulement des données du passé?
- On ne peut pas étudier plus avant des questions scientifiques importantes en quelques lignes, mais il convient de noter que les statistiques peuvent être une preuve uniquement quand il n'y a pas de corrélations entre les données, alors que dans l'autre cas, il s'agit tout au plus d'un indice d'un lien de causalité, qui doit ensuite être prouvé scientifiquement. Partant précisément d'une mauvaise utilisation des «test de corrélation» entre des caractéristiques sommatiques/humaines et le caractère de la personne, Galton a ouvert la voie à l'eugénisme conforté par des «preuves scientifiques».

Les coq chante et le soleil se lève toujours au même moment: la corrélation est très forte en dépit du fait que si le coq meurt le soleil continue à monter de toute façon. Quelquefois, les statistiques montrent ce qu'on veut qu'elles montrent: dans ce cas, en prenant les résultats comme preuves, on doit toujours être critiques, comme l'affirmait Andrew Lang: «Il utilise les statistiques comme un homme ivre utilise les lampadaires: comme support plutôt que comme éclairage».

Présentant un livre le 17 Décembre 2010, Antonello Pasini rappelait avec une précision étonnante que « 97,4% des scientifiques s'accordaient pour dire que «le réchauffement climatique des 150 dernières années est engendré par une cause anthropique». Il est encore plus surprenant que seulement un an plus tard, Pasini ait abandonné de telles certitudes, reconnaissant les limites des modèles climatiques, et soit désormais à la recherche d'autres façons de comprendre le climat qui fluctue. Nous sommes certains que personne ne peut dire que c'est une façon de trouver les mêmes résultats avec des chemins différents, mais nous espérons que le système économétrique utilisé n'est pas du même type que ceux utilisés pour les investissement de Lehman Brothers Holdings Inc (comme celui qui prévoyait le baril de pétrole à 200 $ d'ici Décembre 2008).

Note

(1) Antonello Pasini, 52 ans, est chercheur à l'Institut de recherche sur la pollution atmosphérique au CNR (Consiglio Nazionale par la Ricerca). Physicien théorique, spécialisé en météorologie et climatologie, il est spécialiste en modélisation des systèmes complexes et en intelligence artificielle.
Voir ci-dessous une interviewe sur le site italien meteogiornale où il se présente. Elle date de janvier 2010.
Il tient un blog ici: http://antonellopasini.nova100.ilsole24ore.com/

(2) Le mot italien utilisé est un terme technique, 'forzanti' (en anglais: radiating forcing), qui ne figure pas dans le gros "Robert et Zanichelli".
Voici ce que j'ai trouvé sur wikipedia (ici et ici):

"Le forçage radiatif mesure l’impact de certains facteurs affectant le climat sur l’équilibre énergétique du système couplé Terre/atmosphère. Le terme « radiatif » est utilisé du fait que ces facteurs modifient l’équilibre entre le rayonnement solaire entrant et les émissions de rayonnements infrarouges sortant de l’atmosphère. Cet équilibre radiatif contrôle la température à la surface de la planète. Le terme forçage est utilisé pour indiquer que l’équilibre radiatif de la Terre est en train d’être déstabilisé.
En 2007, le quatrième rapport du GIEC estime que le forçage radiatif dû aux gaz à effet de serre produits par l'activité humaine est dix fois plus important que celui dû au rayonnement solaire.
Les climatologues sont confrontés au problème ardu d’identifier tous les facteurs qui affectent le climat, ainsi que les mécanismes de forçage, de quantifier le forçage radiatif pour chaque facteur et d’évaluer la somme des forçages radiatifs pour un groupe de facteurs."

Extraits de l'interviewe de Pasini

Q (Aldo Meschirai) : Il est évident qu'un système complexe et non linéaire comme le climat présente une résistance non négligeable à être parfaitement reproduit par un modèle. Cela n'enlève rien au fait que les travaux sur les modèles climatiques sont indispensable pour avancer dans la compréhension du système climatique. Qu'en pensez-vous?

[Pasini] Je suis entièrement d'accord avec vous. Dans un système complexe comme le climat, on ne peut pas faire des calculs à la va-vite peser sur les processus individuels, sans en peser l'interaction avec d'autres processus importants pour l'évolution du système. Puisque nous ne pouvons pas faire cette expérience globale dans un véritable laboratoire (il devrait y avoir une autre Terre pour les expériences, c'est le cas de de dire, et cela, nous ne pouvons pas nous le permettre!), nous le faisons dans un laboratoire virtuel: le calculateur. Ici, nous pouvons valider notre modèle sur le passé et faire des expériences numériques, comme celles d '«attribution» , qui nous permettent de comprendre quels étaient les "forçages"- clés qui ont guidé le comportement du changement climatique dans le passé récent. Il est également évident que dans les modèles, on ne peut considérer qu'une partie seulement des cycles et des processus fondamentaux (ceux qui sont considérés comme les plus influents sur le comportement du climat). Il est également évident que ces modèles dynamiques ne permettent pas une reconstitution univoque du système dans l'ordinateur, car il y a encore quelques paramètres de flux à «ajuster», pas de manière arbitraire (comme certains milieux veulent le faire croire) mais à l'intérieur de valeurs théoriques et d'observation bien définies.
...

Q: Des savants importants critiquent depuis longtemps le GIEC et la ligne climatique politique générale qui en a découlé, tendant à pointer du doigt un coupable: le fatidique gaz à effet de serre. Ces scientifiques affirment qu'on sous-estime trop la composante naturelle qui a toujours été impliquée dans le changement climatique sur notre planète. En particulier, nos connaissances sur le Soleil s'affinent, quelle est votre opinion sur cette question.

[Pasini] Si je devais résumer ce que nous connaissons aujourd'hui, je dirais que les forçages externes naturels ne sont pas en mesure d'expliquer la tendance des températures dans le passé récent du siècle dernier. En tout cas, personnellement, je suis en train de reprendre le problème de l'attribution en tenant compte de données nouvelles et plus récentes, comme celles liés aux rayons cosmiques. Il y a certainement encore une route à parcourir dans la compréhension de la variabilité naturelle du système: il est probable qu'elle cause des fluctuations décennales, mais beaucoup moins qu'elles affectent la tendance générale.

Q: Essayons de sortir de l'aspect purement climatique. Et occupons-nous de la non moins importante la relation entre le climat et ses changements, et la politique et l'opinion publique. Mon impression en tant que journaliste, qui s'est longtemps occupé de ces questions, c'est un scénario que qualifier de pénible est vraiment une litote. Par exemple: la neige arrive, et aussitôt les médias prétendent que le réchauffement climatique est un canular. Ou bien: une vague de chaleur intense en été; les manchettes prophétisent la fin prochaine du monde en raison du réchauffement de la planète.

[Pasini] Nous assistons à une spectacularisation des journaux télévisés, à une extrémisation dans les journaux, à des propos de comptoir dans les talk-shows. Pourquoi? Le problème est très complexe, plus que les dynamiques climatiques!
Je ne présente ici que trois facteurs qui contribuent à cette situation pénible, et je suis désolé si je simplifie trop ...

D'abord la culture scientifique dans notre pays est largement inexistante, pour diverses raisons. Cela implique que l'homme de la rue demande un résultat certain à la science, quand ce concept n'est pas strictement scientifique: la science fournit la meilleure approximation possible (accompagnée d'une marge d'erreur) dans une période historique donnée. Cela ne signifie pas que tout est possible, car il y a la marge d'erreur à l'intérieur de laquelle les résultats sont valides ... Évidemment, cela implique qu'on préfère parler en termes manichéens (soit le climat est déterminé par des facteurs naturels, soit seuls comptent ceux d'origine anthropique). La science sait que ce n'est pas le cas et pèse les différents facteurs et les incertitudes liées ...
En outre, je pense que nous savons tous combien il y a des intérêts économiques derrière le problème du changement climatique, poussant tout le monde à tirer de l'eau à son moulin.
Enfin, il y a aussi un autre aspect à considérer: chacun de nous a sa propre vision du monde (en termes de politique, d'éthique, de relation entre l'homme et la nature) et, de manière arrogante et présuppositionnelle, il est plus facile de plier les résultats scientifiques à cette vision particulière, plutôt que de confronter cette vision, plus humblement, avec ce que la science nous dit.

....

Je dis toujours que le problème du changement climatique n'est que la pointe de l'iceberg. À mon avis, la cause de tout (y compris la pollution, les déchets) est en dessous, dans la partie cachée: il s'agit d'un modèle de développement à long terme qui n'est pas viable sur une Terre dont les ressources sont finies. Il est bon de le rappeler encore une fois: une autre Terre, nous ne pouvons pas nous la permettre ...