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Mexique et Cuba

Rétrospective 2011

Un article de Luigi Accattoli à la fois beau et irritant... (21/2/2012)

Depuis un peu plus de trois mois (cela remonte en gros au jour où, pour la première fois, le Saint-Père a utilisé la fameuse "pedana mobile" pour remonter l'allée centrale dans la Basilique Saint-Pierre), peu d'articles, même les plus respectueux et les plus bienveillants (1), sautent le passage désormais obligé sur l'âge du Pape, et sa succession prochaine. Et je redoute d'autant plus ce qui va se passer dans un mois, dèjà à bord de l'avion qui mènera Benoît XVI vers le Mexique et Cuba, où 70 journalistes transformés en autant d'enquêteurs à charge, épieront le moindre faux-pas (au sens figuré, comme d'habitude, mais surtout au sens propre) le mondre signe de fatigue sur son visage, le moindre lapsus. J'imagine les conversations à l'arrière de l'avion... et ce qui en résultera dans les journaux. Et le contenu du voyage risque une fois de plus d'être éclipsé, par la chasse au scoop sur la santé du Pape.

Cet article de Luigi Accattoli, pourtant souvent excellent, ne fait pas exception. Et s'il dit indubitablement des choses belles, fortes, et vraies, il a un petit côté "commérage" qui m'inspire un réel malaise.

Avant de le lire, revoyons les images (sur le site Benedetto XVI Forum) des trois jours du Consistoire.


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Les batailles du Ponfife qui aura vécu le plus longtemps
Luigi Accattoli
Il Corrierre della sera,
20/2/2012
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En avril, Benoît XVI aura 85 ans, et il sera le Pape qui aura vévu le plus longtemps du siècle écoulé: on voit donc se profiler pour l'Eglise catholique une saison d'anxiété (di trepidazione: d'attente) objective que les circonstances historiques pourraient rendre dramatiques (ndt: que veut-il dire??). Toutefois, le Pape théologien, << pour le moment >>, n'envisage pas de se retirer. A plusieurs reprises, dans les discours des trois jours du Consistoire, il a laissé entendre qu'il continuera.

Nous aurons donc probablement un second témoignage sacrificiel, après celui de Jean-Paul II, et il en sortira peut-être un bénéfice fort pour l'Eglise, comme le sont généralement - sur le plan de la foi - les acquis qui mûrissent dans la souffrance.
Le visage doux, et l'expression par moments pleine de tristesse avec lesquels Joseph Ratzinger s'est montré durant les célébrations de Samedi et dimanche, indiquent dans quel esprit l'homme affronte sa bataille.

Un Pape âgé, donc, mais qui a en chantier de grands projets pour faire face à ce qu'il appelle - sans modérer les mots - "crise de la foi", qu'il voit grave, surtout en Europe.
Le mois prochain, il ira à Cuba et au Mexique; en automne, il ira peut-être au Liban, au milieu du "printemps arabe"; et en octobre, il a convoqué un Synode pour la nouvelle évangélisation, au cours duquel il lancera l'Année de la Foi, pour le cinquantenaire de Vatican II.
C'est sur ces grandes questions qu'était programmé le Consistoire de ces jours-ci, comme une occasion pour mettre à feu le grand défi de l'abandon de la foi, dans de vastes pans de l'ancienne chrétienté, et c'est sur elles que se sont concentrés les débats.
Mais dans les corridors, dans les pauses, à table, les cardinaux ont parlé des affaires courantes et du malaise à la Curie.

Le Pape - il suffit de le regarder dans les yeux quand les caméras le cadrent en gros plan - semble très, très loin de tout intérêt pour ce niveau bas du débat, et des luttes internes. Il ne semble pas s'intéresser davantage aux réformes, qui de façon récurrente sont discutées. "Si nous ne trouvons pas une réponse à la crise de la foi, toutes les autres réponses resteront inefficaces", a-t-il dit à la Curie le 22 décembre dernier.

Quant à la Curie, la tendance à ne pas se priver de la collaboration renforcée du cardinal Bertone paraît claire. Aucun doute que le travail des "corbeaux" qui ont laissé fuire des documents confidentiels durant les 4 dernières semaines, était destiné aussi à obtenir son remplaceement. Mais aujourd'hui, Bertone est pour le Pape ce point d'appui que lui-même - Ratzinger - fut pour Jean-Paul II dans les dernières années (ndt: il est évident qu'on ne peut en aucune manière comparer, ne serait-ce qu'à cause du degré de dépendance physique de JP II alors, du niveau intellectuel du "point d'appui", et de l'attitude du cardinal Ratzinger, qui n'a jamais appartenu à aucun clan et s'est toujours maintenu à l'écart des - présumées - intrigues de curie).

Bien sûr, après toute cette tempête, le premier devoir du Sécrétaire d'Etat sera de ramener de l'ordre dans la Curie. Pour les Papes, le rapport entre la "Cour" et la Curie a toujours été une source d'ennuis. Un Pape non italien a l'avantage de maintenir un détachement stratégique des personalismes qui y dominent, mais cet avantage se retourne en un obstacle si les italiens qui y travaillent - et qui en constituent la grande majorité - ne trouvent pas de composition à leurs oppositions.

Note

(1)

Jean-Marie Guénois titre (Le Figaro): Pourquoi l'après-Benoît XVI est déjà lancé
Et on lit un peu plus loin dans son article:
"Comme jamais donc - le Pape, qui aura 85 ans dans deux mois, vieillissant normalement et ne donnant actuellement aucun signe alarmant quant à sa santé sinon la fatigue de son âge - les discussions entre cardinaux ont porté sur les problèmes internes de la curie et sur sa succession. Ce sujet n'est plus tabou.
Le Pape demeure très respecté et apprécié par ses confrères cardinaux mais sa succession est ouverte, pourrait-on dire, depuis ce week-end."



Marina Corradi, éditorialiste de L'Avvenire conclut pour sa part son article sur les deux jours du Consistoire:
"Le pape a dit au peuple chrétien à prier pour ses cardinaux, pour qu'ils sont toujours fidèles au Christ. Et, a-t-il ajouté, priez pour moi, "pour que je puisse tenir avec une douce fermeté le gouvernail de la Sainte Eglise". Dans cette image, il m'est venu à l'esprit un grand navire, la proue battue par des vagues puissantes et des vents forts. Que reste ferme, fidèle, la main de ce vieil homme à la barre, nous sommes-nous dit: avec un ton d'affection et de filiale gratitude. "

* * *

Tous se recopient plus ou moins, et il n'est pas nécessaire d'être vaticaniste pour débiter de telles banalités.