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Mexique et Cuba

Rétrospective 2011

A un mois de l'arrivée du Saint-Père. Un excellent article d'Angela Ambrogetti. (26/2/2012)

Article en italien: http://www.korazym.org/

-> Voir aussi la section spéciale du site:
Mexique et Cuba

     



Cuba, une église que le Pape veut porter à l'attention du monde
Angela AMBROGETTI
22 Février 2012
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Cuba est une île. Ce n'est pas une considération de peu de poids. Parce qu'être une île, c'est être un peu isolé et même isolationniste. Ce n'est certainement pas fait pour aider la démocratie. Cuba, dans les années 50, était un pays riche, et la richesse était détenue par 80% de la population. Avec la canne à sucre et l'agriculture comme première ressource. Même les vaches étaient étaient d'une race spéciale, donnant jusqu'à 12 litres de lait par jour, les vaches créoles. Aujourd'hui, personne ne meurt de faim, mais partout il y a une grande malnutrition. Le paradoxe de la révolution castriste. La démocratie semble un mot lointain pour les gens de l'île des Caraïbes. Terre de rêve pour les touristes occidentaux d'aujourd'hui, terre de grandes attentes à l'époque du colonialisme espagnol, terre sans démocratie pratiquement depuis toujours.
Et à Cuba la seule institution qui a une crédibilité est l'Église catholique. Parce qu'elle est proche des gens. C'est pour cela que la visite du Pape est importante.

A Cuba, le régime castriste, la Révolution, sont toujours présents. Depuis les taxes sur les voitures (pour en acheter une, il faut toujours une autorisation de l'État) jusqu'à la sexualité qui est "gérée" par une agence d'Etat, la CENESEX. Pour faire oublier la misère et la corruption qui en dérive, le régime essaie de "droguer" l'âme du peuple avec une "éducation" sexuelle de liberté absolue et de précocité. Résultat: 80% des femmes ont avorté au moins une fois et les mariages durent en moyenne 18 mois. Le sytème sanitaire cubain tellement vanté, repose uniquement sur les médecins que le gouvernement "vend" à d'autres pays, comme le Senagal, ou le Venezuela. Les médecins cubains sont bons, ils ont une très bonne approche avec le patient. Mais ils n'ont aucun moyen, et pas de médicaments. Alors ils envoient les gens dans les paroisses catholiques. Parce que là, il y a des médicaments. Pourtant, Cuba possède de mythiques cliniques pour riches. C'est la même chose pour l'école. Tout le monde fait des études, beaucoup sont même préparés, mais finalement les gens vont dans les paroisses pour des cours particuliers et des leçons. En secret, parce que l'Eglise n'a pas le droit d'enseigner, elle peut avoir seulement des hospices pour les personnes âgées et les pauvres.

Et à Cuba «l'ennemi», c'est toujours les États-Unis. La vieille histoire de l'embargo, le blocus, semble désormais établi sur un trafic spécifique. Cuba, en fait, importe la plupart de la nourriture à partir des États-Unis. Mais secrètement, et avec paiement anticipé, en espèces. Dans l'île, du reste, on ne produit presque rien. Les anciennes compagnies sucrières sont désarmées, de même que tous les secteurs de l'agriculture. Cuba vit du tourisme, un peu des mines de nickel, et des envois de fonds des Cubains en exil. En 1902, l'année de l'indépendance de l'Espagne, à Cuba, 60% de la population était noire ou créole. En 1958, au contraire, 60% étaient blancs, espagnols. Ce sont eux qui ont émigré au cours des dernières années et à Cuba, il reste les Noirs et les Créoles, qui ne reçoivent pas de versement de l'étranger.
À Cuba, l'Église n'a jamais été persécutée avec une violence réelle, mais avec l'opposition à tout ce qu'elle faisait, avec la prison pour un oui pour un non, et les camps de rééducation pour les prêtres. Comme celui où a été pendant un an, le cardinal Ortega y Alamino que certains jugent trop indulgent avec le régime. Mais après tout, une église ouverte est toujours mieux qu'une église fermée, disent d'autres. Depuis la visite de Jean-Paul II, il y a un peu moins de contrôle pour les personnes qui vont à l'église, bien que les baptisés ne soient que la moitié de la population, et qu'il y ait seulement 2% de la population qui va l'église.

En revanche, la procession qui a amené dans toute l'île l'image de Notre-Dame de Cobre a été très animée dans toute la nation, avec des gens de toutes sortes, et aussi un peu de superstition. On a même vu dans les processions des francs-maçons avec tous leurs symboles.
Cuba n'est pas un pays catholique, mais «catholicisable» disent certains.
Le rôle de l'Eglise, aujourd'hui, c'est la charité. Depuis 1958, il n'est pas permis de faire de nouvelles églises catholiques, et la construction du séminaire à La Havane semble plutôt une opération publicitaire de Raul Castro qui dans les années 60, le réquisitionna au nom de la Révolution. A Noël, le cardinal Ortega y Alamino prononce son discours à la télévision, c'est vrai, mais sur la chaîne éducative qu'on ne reçoit pratiquement que dans la capitale. En somme, la voie du changement est longue. Et l'Église catholique est à la recherche de petites ouvertures, malgré mille difficultés. Comme quand elle a participé aux négociations pour la libération des 75 dissidents il y a quelques années. Certains ont craint que cela ne soit une façon de l'instrumentaliser, mais c'était aussi une façon de pouvoir faire braquer les projecteurs sur Cuba, sur le manque dramatique de respect des droits de l'homme dans un pays isolé à quelques mètres de la côte des Etats-Unis, où se rendent des foules de touristes souvent sans sans se rendre compte que pour le coût d'un repas pour eux, une famille cubaine doit vivre pendant un mois. Une des difficultés, pour l'Église, pour les nombreux religieux et religieuses qui vivent près des gens, et pour ceux qui se découragent parce qu'ils vivent sur le fil du rasoir avec la psychose d'être constamment épiés et surveillés. «Hay que resolver» disent-ils à Cuba, et, pragmatiquement, ils essayent par tous les moyens de survivre, avec un peu de l'indolence des Caraïbes et avec l'espoir que quelqu'un les remarque.

Pour cette raison aussi, la visite de Benoît XVI est importante. Parce qu'un père ne laisse jamais ses enfants seuls.