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L'étonnante histoire de Rufus Peraira, un prêtre indien... qui a failli ne pas croire au diable, jusqu'à ce qu'il ait dû pratiquer un exorcisme. Article sur Religion en Libertad, taduit par Carlota (2/3/2012)

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L’étonnante histoire de Rufus Pereira… qui a failli ne pas assez croire au Diable.
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Enfant, Rufus Pereira était croyant et bon élève, mais très timide. Il a grandi dans une famille et un petit village des alentours de Bombay, en Inde, une communauté évangélisée par Saint François-Xavier il y a 400 ans. Dans la famille l’on priait le Rosaire tous les jours, ensemble, à genoux devant le petit autel domestique avec l’image du Sacré Cœur. Nous mangions toujours ensemble et nous partagions nos expériences de la journée », explique-t-il, devenu aujourd’hui un prêtre populaire.

La vie du village était celle d’une authentique communauté chrétienne. À côté de la croix sur la place centrale se réunissaient les voisins. Les maisons étaient toujours ouvertes et tous partageaient les fêtes, les maladies ou les enterrements. Rufus aidait durant la messe, dans une paroisse fondée par les Portugais quatre siècles plus tôt, sans arriver à être enfant de chœur, « parce que j’étais trop fluet et qu’on avait peur que je laisse tomber le lourd missel ». Bien qu’il disposât d’une bonne mémoire, il était si timide qu’il n’osait pas réciter les poèmes obligatoires au collège (qu’il savait parfaitement) et on lui mettait de mauvaises notes.

Petit et fragile il est entré au séminaire de Bombay dirigé par un jésuite espagnol qui a prédit que cet enfant malingre et plus que taiseux ne serait jamais prédicateur. Il s’est trompé.

Il a fait ses études supérieures au «Pontificio Collegio Urbano de Propaganda Fide » au Vatican et y a été ordonné en 1956 en même temps que 34 autres compagnons en provenance de 20 pays. Tous les 5 ans ils se retrouvent.

En 1972, Rufus Pereira était depuis 13 ans comme curé d’une paroisse de Bombay et il s’occupait aussi de plusieurs collèges, c’est alors qu’il a changé son orientation pastorale en découvrant le Renouveau charismatique. Cela l’a intéressé car il avait toujours été passionné par la Bible et il a vu que les charismatiques s’en servaient avec aisance et passion. À la Pentecôte, des charismatiques ont prié en demandant pour lui « L’effusion de l’Esprit Saint ». J’ai eu une expérience écrasante de l’amour de Dieu, mon Père, une rencontre personnelle avec Jésus comme Seigneur et Sauveur, une effusion de l’Esprit Saint qui a changé ma vie. Cela m’a apporté une faim incroyable de la Parole de Dieu, une insatiable soif et un grand plaisir à la prière, un désir joyeux de communion et une compassion profonde pour les personnes au cœur blessé ».

Rufus est devenu ainsi un prédicateur passionné, spécialiste des thèmes bibliques. Le cardinal Gracias de Bombay lui a permis de se consacrer complètement à la prédication itinérante. Il est devenu formateur de laïcs amoureux de la Bible à l’institut Biblique Catholique Charismatique de Mumbai (le nouveau nom de Bombay) et éditeur de la revue « CharisIndia ». Un ancien collège de Rome qui était devenu archevêque au Japon, lui avait alors dit : « Rufus, toi qui étais toujours si sérieux et si équilibré, comme se fait-il que tu as été obsédé par ces manies charismatiques ? ». Mais les demandes adressées au Père Pereira pour qu’il prêche de par le monde ne lui manquent jamais.

En juillet 1976 Rufus Pereira a réalisé, d’une manière tout à fait contraire à sa volonté, sa première prière de libération. Il aimait la prédication charismatique, la Bible, parler de l’amour de Dieu…mais « il ne pouvait accepter qu' en cette époque moderne les gens puissent encore être possédés ». Il dirigeait alors une retraite sur la Providence chez les Sœurs de Saint Anne, à Secunderabad, dans le centre de l’Inde. La messe avait été intense, le repas aussi, Rufus s’était retiré dans sa chambre pour se reposer, il avait commencé sa sieste (il utilise le mot espagnol « siesta » dans son récit en anglais dans la revue « Charisindia ») …quand on frappa à a sa porte.

C’était la supérieure, la provinciale et la maîtresse des novices des Religieuses avec deux sœurs [de sang], d’une famille catholique bien connue de la région. Le fils de l’un d’elles était dans un asile psychiatrique et elles pensaient que le garçon n’était probablement pas malade mais possédé. « Je leur ai dit que je ne pouvais pas aller avec elles prier pour ce garçon, et que c’était elles qui devaient prier pour lui. Mais elles ont insisté et elles disaient que beaucoup de maladies et afflictions personnelles qui tourmentaient leurs familles avaient pour origine un démon féminin populaire, dont leurs ancêtres avaient été des prêtres. Et bien qu’elles aillent tous les jours à la messe et récitent tous les jours le rosaire, elles ne s’amélioraient pas ».

Non seulement Rufus n'a pas cru en ces démons, mais il a admis: « en plus j’étais fâché contre les Sœurs et la famille qui avaient interrompu ma sieste. Donc je leur ai dit de prier plus encore. Et comme ultime argument elles m’ont dit qu’au moins je pouvais prier pour elles. Je leur ai dit que, quant à moi je le ferais plus tard. Mais j’ai senti comme si le Seigneur me disait: Rufus, ces gens sont venus chercher un prêtre pour qu’il prie maintenant avec eux. Tu le fais maintenant. Je me suis un peu fâché contre le Seigneur, mais j’ai prié, avec assez de réticence, je regrette de le dire. Et très doucement j’ai demandé que Jésus délivre cette famille de ce démon…en supposant qu’il existe. La réaction a été instantanée et inespérée. La femme la plus petite, la plus pieuse, qui m’avait raconté ses problèmes pendant que ses doigts égrenaient le rosaire, est tombée au sol violemment et pour la première fois de ma vie je me suis vu face à face avec le Malin. Je me suis caché derrière les religieuses tandis que la femme au sol me criait des obscénités et elle me criait aussi de retourner à Bombay…Et en anglais, une langue qu’elle ne connaissait pas ! ».

Pereira, qui n’avait reçu aucun formation particulière pour un tel cas, en est resté stupéfait et impuissant, tandis qu’une vingtaine de novices de Sainte Anne vidaient sans résultat bouteille après bouteille d’eau bénite sur la femme mise en fureur et agitée.

« Brusquement, j’ai senti une onction de l’Esprit Saint qui m’a donné de la fermeté, qui m’a donné la grâce de mon sacerdoce et m’a guidé pour que je prie avec confiance et douceur en langues (*), la porte, m’avait-on dit, des charismes du pouvoir et de la connaissance. Il s’est alors produit une transformation immédiate dans la femme. D’un visage diabolique de haine et de mains comme des serres, elle passa à une retenue angélique de gentillesse et des mains levées pour louer Dieu…bien qu’elle resta couchée au sol sur le dos. Elle se sentait très faible, sans forces, mais en paix et heureuse. Sa famille l’a ramenée chez elle en voiture ».

Une semaine plus tard, Pereira est revenu au village pour une retraite de prêtres. Et les deux femmes sont venues lui parler. La fille de la « possédée » a assuré que sa mère qui depuis des années était de très mauvaise humaine et de caractère impossible, est désormais affectueuse et aimable. En outre elle avait récupérée complètement la vue des deux yeux alors qu’auparavant elle était aveugle de l’un et de l’autre avait perdu la moitié de la vision. La famille qui avait rendu coupable la femme pour avoir fait partir son mari avec son humeur impossible, comprenait maintenant que ce n’était pas sa faute (ndt bien sûr la « possession » n’est pas la cause de toutes les séparations conjugales, même si le Diable s’en frotte les mains et y met sans doute son méchant grain de sel !). Les Sœurs de Sainte Anne ont confirmé au Père Rufus que toute la famille était maintenant heureuse et en bonne santé.

Rufus Pereira a étudié par la suite comme réaliser le rituel complet de l’exorcisme, il a eu des contacts avec d'autres exorcistes, et ils ont créé l’Association Internationale des Exorcistes, dont il a été le Vice-Président durant de nombreuses années. Mais il se rappelle toujours que son premier cas, ce n’est pas le rituel qui l’a résolu, mais une humble prière en langues, la prière charismatique qui utilise le parler sans langage, en accomplissant ce que disait l’Apôtre Saint Paul : « L’Esprit Saint vient à notre aide dans notre faiblesse, parce que quand nous ne savons pas comment prier d’une façon adéquate, l’Esprit lui-même demande pour nous en des gémissements qui ne peuvent s’exprimer avec des mots » (Romains 8,26)

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Remarques de traduction

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Ce récit est paru en anglais dans la revue CharisIndia et a été repris avec des explications complémentaires par Pablo J. Ginés en espagnol sur Religion en Libertad.
Sans voir le démon partout d’une façon obsessionnelle, tout en sachant qu’il ne faut pas confondre maladie psychique et possession, cette histoire est un exemple remarquable pour illustrer un des facettes de l’ingéniosité du Malin, mais il montre aussi l’importance de la force de la prière prononcée par le prêtre. La « prière en langues » évoquée est évidemment exceptionnelle et un prêtre exorciste doit suivre une longue formation comme nous l’avons vu avec le Père Amorth.
Et n’oublions jamais que le Diable a plus d’un tour dans son sac, il utilise qui et quoi bon lui semblent et en fait justement croire qu’il n’existe pas. Mais il oublie toujours une chose, même s’il semble faire beaucoup de victime c’est qu’il ne sera jamais le vainqueur.