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Rétrospective 2011

Comme d'habitude, elle revisite avec la sensibilité qui nous est désormais familière, tous les évènements récents impliquant le Saint-Père, depuis la visite au Séminaire romain du 15 février, jusqu'à la celle à la paroisse romaine de dimanche dernier (7/3/2012)

     


Chère Béatrice,

...
Même dans un temps qui aurait pu être relativement calme pour notre Saint-Père il y avait différentes rencontres qui permettaient de retrouver le pasteur, le Pape; bien sûr je ne les ai pas ratées. Les audiences et Angelus permettent de suivre sa pensée si riche. C'est avec une satisfaction profonde que je constate que les rassemblements salle Paul VI sont toujours suivis avec autant d'enthousiasme, de joyeuse affection, et que Benoît XVI à sa fenêtre attire toujours autant de monde. Les Français se manifestent bien plus qu'avant avec des chants, des drapeaux ce qui leur a valu un " merci" en français (AG du 22/2).
Cela prouve que cet homme qu'on dit si froid, incapable de parler aux jeunes, (excuse facile pour qui veut minimiser son influence) a su tisser un vrai lien avec cette jeunesse réputée si superficielle. Il l'a fait avec son cœur, son intelligence, sans céder aux sirènes de l'audimat, sans changer sa personnalité et il a eu grandement raison. Je suis très admirative de la facilité avec laquelle il s'est coulé dans son nouveau rôle en dépit des nombreux obstacles qui ont été créés par ses farouches opposants.

La visite au Séminaire Romain Majeur le 15 février a été retransmise par KTO et complétée avec les images de photovat.
En simple tenue d'évêque il a retrouvé "ses" séminaristes pour une lectio divina a braccio (cf. La lectio divina au Séminaire de Rome). Dans le site de photos de l'OR on trouve quelques images du Saint-Père arrivant au séminaire et marchant jusqu'à la chapelle avec une canne qui disparaît lorsqu'il retrouve les séminaristes, cela me rassure surtout lorsque l'on constate avec quelle facilité il s'agenouille et se relève après un court temps de recueillement.
Accueilli par le recteur et le chant de Tu es Petrus, il retrouve l'assemblée qui l'attend avec impatience. Le théologien a la foi solide, ouvert au monde, se lance dans un discours qui m'attire toujours autant, le rend présent et pourtant lointain lorsque son regard s'éloigne de l'auditoire pour fixer un interlocuteur invisible, Celui qui le guide depuis de si longues années, lui donne la force de résister aux attaques pour garder un cap unique : la foi de l'Eglise et l'amour du Christ. Son expérience, totalement dépassée pour certains, acquise au fil du temps, des épreuves, des rencontres enrichissantes, lui permet de partager les fruits de ses longues méditations avec un réel bonheur pour ceux qui ont la grâce de le rencontrer. Pas de grands gestes, pas d'envolées lyriques mais un visage à l'expression changeante, une main fine de pianiste qui soutient la parole, renforce le propos. Sans agressions verbales il fait passer ce qu'il veut dire :
« Aujourd'hui encore, on parle beaucoup de l'Eglise de Rome, de beaucoup de choses, mais espérons que l'on parle aussi de notre foi, de la foi exemplaire de cette Eglise » (cf. ici).
Pas de séparation entre l'homme, le croyant, le théologien, le successeur de Pierre; il n'écrase personne mais il place quelques allusions à l'actualité. « Le Christ est le Logos, la parole incarnée», son intervention est saluée par de longs applaudissements. Ses paroles exigeantes m'ont paru laisser quelques séminaristes un peu décontenancés passagèrement. A la fin , en un geste devenu familier, il tend sa main pour franchir les deux marches et il s'éloigne pour prendre le repas du soir avec ses enfants.

Le Consistoire ordinaire le 18 février (KTO) avec un Pape en tenue de pasteur, pour bien marquer que cette création n'est pas sacramentelle, souriant, serein. Cette cérémonie est toujours empreinte de grandeur avec un passage rempli de simplicité lorsque Benoît XVI remet au nouveau cardinal tout ce qui le consacre matériellement. L'ampleur des accolades traduit bien, pour moi, le degré de proximité avec le Saint-Père, certaines sont empreintes d'une réelle familiarité dans le bon sens du terme.
Lors de la messe du 19 (KTO) Benoît XVI, en tenue de célébrant, remet de l'ordre dans le troupeau sans taper du poing sur la table.
Le 20 lors de l'audience aux nouveaux cardinaux et à leurs proches (KTO), en tenue d'évêque, symphonie en blanc, accompagné de son secrétaire, très souriant, notre Pape rappelle que l' unité de l'Eglise est un don divin à défendre. L'ambiance est décontractée et j'ai apprécié le pas souple de notre Benoît quittant la salle Paul VI et se retournant pour saluer encore une fois avant de franchir la porte latérale.

Je n'ai pas apprécié la phrase prononcée par Son Eminence de fraîche date et relatée dans une interview : "également dans l'Eglise, jusqu'à quand serons-nous dirigés par l'Europe et les Etats-Unis? Il n'y en a peut-être plus pour très longtemps" Je me demande ce qu'il faut entendre par cela. (La Croix réactions au Consistoire 19/2 article F Mounier. Ce nouveau cardinal me paraît critique à l'égard de l'organisation actuelle) (1)

Le 22 février , audience générale le matin avec une grande participation de jeunes de différents pays et beaucoup d'effervescence, de joie.
L'après-midi célébration du Mercredi des Cendres (KTO). Le Saint-Père arrive en voiture, tenue de pasteur sur laquelle son secrétaire jette un œil attentif pour rectifier le tomber de l'étole. Il entame la procession pour gagner Sainte-Sabine , il y a de nombreux fidèles qui attendent pour le voir le long du parcours; Il est souriant, les bénit et s'écarte même pour un enfant peut-être, je n'ai pas vu. Puis c'est la cérémonie de l'imposition des cendres, toujours prenante

Le lendemain jeudi 23 Benoît XVI reçoit en audience le clergé de Rome, son clergé, dans la salle Paul VI (cf. Leçon aux prêtres de Rome (fin) .
Non retransmise par KTO je l'ai suivie avec plaisir et attention sur le CTV au point que j'ai oublié de cuisiner le repas de midi qui s'est transformé en un plat du congélateur réchauffé au micro-ondes. Agréablement surpris par le nombre important de participants il est là, tout en blanc, sans escorte, juste le cardinal Vallini, et le secrétaire que l'on ne retrouve qu'à la fin. Un très bref moment de flottement avec la disposition des micros sur la table mais notre Pape s'installe . Il écoute debout, calme, un léger sourire aux lèvres, les paroles d'accueil et l'on entend bien sa voix pour le premier chant.
Pour la lectio divina, il s'assied, prend ses notes et ses lunettes, personne pour les lui passer, et commence le ballet des mains et des lunettes, qu'il pose bien vite car il improvise pour les longues périodes, mais qu'il remet dès qu'il jette un coup d'œil à ses feuillets ou pour un passage plus long en fin de son temps de parole.
Ce n'est pas le Pape qui parle mais Joseph Ratzinger avec sa foi, sa conviction profonde. Bien installé dans son fauteuil , les mains, les gestes, les yeux fermés ou mi-clos, un sourire à peine esquissé, une voix qui module l'intensité des propos: confidence, affirmation, désir de convaincre, tout cela accompagne les paroles profondes qui partent de l'intelligence, du cœur, de celui qui parle en toute spontanéité, avec simplicité, de ce qui est sa raison de vivre. Il tousse et une main lui tend un verre d'eau qu'il boit en plusieurs fois au cours de l'entretien comme un simple orateur, bref un homme comme les autres. Sous une apparence de facilité, le propos de l'improvisation a été longuement mûri, il ne faut pas s'y tromper, et c'est ce qui donne tant de fluidité à la pensée qui coule comme une évidence.
Le voir ainsi suivre son idée, son plan, le développer avec conviction en le renforçant par certaines attitudes permet de comprendre pourquoi les cours du professeur Ratzinger était toujours combles; les élèves étaient attirés par ce maître qui leur offrait avec simplicité les connaissances intellectuelles et meublait leurs esprits, leurs consciences, leurs cœurs de sa foi qui était réelle et baignait tous ses propos. Pour moi c'est du grand art.
Avant de repartir il est salué par de nombreuses personnes, des paroles sont échangées et j'aime ses yeux écarquillés qui fixent parfois son interlocuteur. Son secrétaire est près de lui. Notre Benoît est là, patient, souriant, disponible, nulle précipitation, si je pouvais être comme lui!!!. Il salue bras grands ouverts avant de regagner ses appartements après avoir été très applaudi, un Pape heureux comme j'aime le voir.

Du 26 février au soir au 3 mars au matin semaine de retraite spirituelle pour le Pape et la Curie. Les enseignements du cardinal africain qui prêchait ont été très appréciés par Benoît XVI manifestement durablement séduit par la foi simple et riche de l'Afrique.

Pour ce changement de rythme qu'est le retour à la vie publique quoi de plus rêvé que cette visite pastorale à la paroisse Saint-Jean- Baptiste de la Salle de Rome pour le deuxième dimanche de Carême, le 4 mars (cf. A San Giovanni Battista de La Salle ).
Paroisse récente, familles avec enfants, beaucoup de jeunes : tout ce que notre Saint-Père aime et cite à l'envi : la famille gardienne des enfants et vivier pour la transmission de la foi mais aussi des personnes âgées Le CTV montre l'arrivée de la voiture du Pape au milieu de très nombreuses familles, personnes, une cohorte d'enfants qui l'attendent avec des cris de joie, viva il papa, des petits drapeaux et, vitre baissée Benoît XVI sourit. C'est la fête et dès sa descente, très applaudi, avant de gagner la sacristie, il embrasse deux enfants, (je crois bien que c'est le même qui a été véhiculé deux fois jusqu'au bisou papal), mains serrées, joues caressées, fronts signés, signes de la main du pape pour ceux trop éloignés pour être atteints, un pape qui se penche vers la petite fille qu'on lui a signalée accroupie derrière les barrières, enfants rieurs, spontanés, visages éclairés par la joie pour les adultes, ambiance bon enfant, une réunion de famille.
Le père évêque vient voir ses enfants et ils ont répondu présents pour que cette visite soit une réussite. Dans cette joyeuse bousculade d'enfants, ces mains tendues vers lui pour tenter de toucher la sienne, son secrétaire est là, le cardinal Vallini et les autres personnes chargées de sa sécurité, tous veillent et signalent le moindre obstacle qu'il ne risque pas de remarquer tant il est occupé à être disponible, à répondre aux fort nombreuses sollicitations, à faire plaisir à ceux qui sont venus mais aussi à se faire plaisir avec cette affection qui réchauffe le cœur et qui est un baume sur les moments difficiles.
En tenue de célébrant maintenant il prend le temps de s'arrêter devant les jeunes en fauteuil et quelques autres personnes, salue longuement avant de rentrer dans l'église pour célébrer. Les gardes voudraient bien que notre Benoît regagne plus vite l'église mais à l'intérieur nulle amélioration car il avance à petits pas pour saluer encore et encore; le commentateur de KTO note la sollicitude et la tendresse paternelle du Saint-Père qui arrive enfin à l'autel. Un brouhaha joyeux, des têtes qui tournent en tous sens pour le voir, des enfants de choeur qui vont garder de merveilleux souvenirs de cette visite: tenir le bâton du Pape, sa mitre, le micro, le lectionnaire, être tout près de lui, autant de traits de lumière pour éclairer les jours de doute.
Comment ne pas être touchée par le mot d'accueil du curé plein de chaleur, d'affection, de simplicité, de foi; c'est le fils qui parle à son père et lui dit sa joie de le recevoir avec sincérité et immense bonheur.
Les cadeaux sont simples, j'ai aimé l'allusion à la cravate offerte traditionnellement pour la fête des pères et Benoît XVI a ri. Tout a été préparé pour lui: le maillot de l'oratoire avec son nom, le grand cierge pascal entièrement décoré par un vicaire japonais de la paroisse, le recueil de lettres et dessins offert par les enfants dont on fête l'anniversaire ce dimanche. Là Benoît XVI ignore les mains qui se tendent pour le lui prendre, il l'ouvre, regarde et montre les beaux desseins aux fidèles avant de s'en séparer; on retrouve bien là la délicatesse du pasteur, la finesse de l'homme qui se met avec facilité à tous les niveaux pour accueillir avec un égal bonheur la moindre attention comme le plus somptueux des cadeaux. Il est touché par l'esprit de famille qui l'a accueilli et il le dit mais bien sûr il se met très vite en retrait: il est le père certes mais pas le plus haut, c'est Dieu qui protège tous ses enfants et arrête le bras d'Abraham et conclusion du Pape: " son obéissance est devenue source d'avenir ".
La messe se déroule avec le soutien de la chorale, du chœur des enfants, de l'orchestre des jeunes dans cette église simple, lumineuse, aux baies vitrées en forme de voile qui l'ouvrent sur la ville. Pour les offrandes on retrouve le Pape souriant, attentif, patient, qui écoute et parle avec la personne agenouillée devant lui, bénit et signe les fronts penchés devant lui.
Le bruit de fond du début a fait place à un grand silence, à un profond recueillement dans la sobriété et au moment de la consécration, je crois, j'ai remarqué la très belle photo de tous les intervenants en blanc réunis autour de l'autel et devant l'autel avec le père.
La messe se termine et après la bénédiction du Pape c'est un au revoir chaleureux, les remerciements des fidèles à leur évêque qui s'est mis à la portée de tous: c'est son charisme qui lui permet de délivrer son message et d'être compréhensible pour tous ceux qui laissent leur esprit et leur cœur ouverts à sa parole. Benoît XVI quitte l'église pour gagner la sacristie accompagné par les chants. Après avoir revêtu sa tenue d'évêque il revient dans l'église et, très souriant, salue les musiciens qui partent en dernier. Il sort , un baiser à un bébé qui bénéficie d'une caresse du secrétaire très heureux, quelques mots de remerciements chaleureux à la foule nombreuse qui l'a attendu et l'applaudit. Sa voiture part et il salue. J'ai remarqué, avant le début de la messe, un gros plan sur le beau visage d'un homme âgé, un religieux peut-être, plein de calme, attendant sereinement et je l'ai retrouvé communiant de la main de Benoît XVI dans la file des personnes en fauteuil.
Cette messe simple, pleine de ferveur, a été un moment de sérénité pour ce Saint-Père visiblement heureux, au cœur rempli de joie au contact de cette jeunesse, de ces enfants chaleureux, sincères , de cette assistance saine qui lui faisaient partager un monde si différent de celui de son quotidien.
Merci Très Saint-Père de nous offrir de tels moments de grâce.

Je vous parle de lui comme je le ressens...

Le calme paraît revenir mais les racines du mal sont profondes et n'attendent qu'une autre occasion pour étendre leurs tentacules.
Hier soir j'ai suivi le bulletin d'information "Vu de Rome" sur KTO.
Les trois premières séquences intitulées Benoît XVI au Mexique ne parlent en réalité que des voyages de Jean-Paul II dans ce pays et cela m'a agacée. La suite, heureusement, a été réservée à l'actuel pape. Le commentaire de fin a été fait par Charles de Pechpeyroux qui a signalé, sans aucune mauvaise intention, que malgré les précisions données sur l'emploi du temps de Benoît XVI pour 2012-2013 les informations sur sa santé continuent à tourner en boucle dans les salles de rédaction.
Cela me met hors de moi. Qu'il soit fatigué, quoi de plus normal. Avoir la malignité du journal sicilien qui a eu l'audace d'écrire que si le pape n'a plus que quelques mois à vivre c'est parce qu'il souffre d'un cancer de l'estomac, relève pour moi de la plus totale abjection et est impardonnable. "Faire son beurre" ( expression triviale je vous l'accorde) avec des informations aussi sordides, aussi personnelles, montre bien jusqu'à quel degré d'avilissement l'homme est capable de descendre.
Pour tout arranger, depuis le 29 février notre Pape a dépassé d'un jour (maintenant 8 !!) l'âge de son prédécesseur au jour de sa mort. Le commentateur de KTO en a parlé dimanche, c'est arrivé sans aucun lien avec la visite mais c'était peut-être une occasion de reparler du grand disparu ou un hommage au courage et à la résistance de notre Benoît (ou peut-être une façon de faire du remplissage). "Vu de Rome" l'a signalé également. J'ignorais que la longévité des papes faisait partie du Guinness des Records et qu'on la mesurait en nombre de jours, ridicule!! En Italie, à défaut de Berlusconi, on s'est trouvé un autre os à ronger pour alimenter l'imagination malsaine de tous ces vautours. Parler d'un cancer de l'estomac n'est pas anodin car la mère de Benoît XVI est décédée de cette pathologie et on touche là, vraisemblablement, à une corde sensible chez lui et chez son frère; tout est bien ciblé pour nuire et blesser, une vraie cabale.

...

Je vous laisse après cette longue lettre. Est-ce si difficile de le regarder, de l'écouter sans projeter sans cesse sur lui des fantasmes, des intentions plus ou moins définies, de le laisser vivre en admirant sa force, son courage, son opiniâtreté, son effacement, en étant reconnaissant pour tout ce qu'il donne même sans être à cent pour cent d'accord avec lui sur tout?

Bonne journée, je vous embrasse affectueusement.

Jeannine

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Note

(1) Jeannine me transmet l'article correspondant de La Croix, signé Frédéric Mounier.
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Réaction au consistoire, 19/2/2012
« Jusqu’à quand l’Église sera-t-elle dirigée par l’Europe et les États-Unis ? »

Parmi les cardinaux créés, un seul Latino-Américain, le Brésilien Joao Braz de Aviz , préfet de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée, responsable des 800 000 religieux et religieuses à travers le monde.
Proche des Focolari, ce nouveau venu au Vatican souhaite une universalité plus importante du Collège des cardinaux et l’a confié à l’agence romaine I.Media : « L’Europe devrait redescendre à une attitude de fraternité à l’égard des autres continents en cessant de les regarder de haut. »
Le nouveau cardinal, issu du continent qui compte le plus de catholiques au monde, affirme : « Également dans l’Église, jusqu’à quand serons-nous dirigés par l’Europe et les États-Unis ? Il n’y en a peut-être plus pour très longtemps. » Évoquant le Collège cardinalice, le cardinal Braz de Aviz le souhaite « plus universel » : « Pourquoi ne tenons-nous pas compte de ce qu’ont déjà appris les Églises à travers le monde, en appelant à Rome leurs représentants ? »