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Mexique et Cuba

Rétrospective 2011

Très belle interviewe du Cardinal Bertone (pourtant souvent brocardé) sur la visite du Saint-Père au Mexique, sur Radio Vatican en italien. Il n'y a aucune motivation politique à ce voyage. Mais le Pape se fera le défenseur de la vie - sous toutes ses formes - et de la famille. Quant au choix de ne pas se rendre à Mexico, les explications ne sont pas (ou pas seulement) sanitaires: Benoît XVI accomplit le voeu de Jean-Paul II (20/3/2012).

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Le cardinal Bertone sur la visite du pape au Mexique: il apportera un message d'amour et d'optimisme

Prière quotidienne, révision des discours et un grand amour pour Notre-Dame de Guadalupe: c'est ainsi que Benoît XVI passe les jours qui le séparent du début de son 23ème voyage apostolique, qui, à partir de vendredi prochain jusqu'au 29 Mars le portera d'abord au Mexique, puis à Cuba .


Pour cette raison, les engagements hebdomadaires du pape - y compris l'audience générale de demain - ont été annulés.

Le secrétaire d'Etat, le cardinal Tarcisio Bertone, a accordé une interviewe à Valentina Alazraki, collaboratrice de l'émetteur mexicain (ndt: de Radio Vatican?) pour décrire les sentiments particuliers du Pape dans cette longue veille avant le départ pour le Mexique.
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R. - Le choix du Mexique, sans aucun doute, est un grand acte d'amour pour le Mexique de la part du Pape, ce grand pays d'Amérique latine, un pays très catholique, un pays en plein développement, un pays cependant traversé par des problèmes et des défis redoutables en particulier les défis de la violence, les défis de la corruption, le trafic de drogue, qui nécessitent l'engagement de tous, l'engagement de toutes les instances religieuses, civiles, sociales, pour surmonter cette étape et pour refonder le Mexique sur les valeurs chrétiennes, qui sont dans l'ADN du peuple mexicain: les valeurs de la coexistence pacifique, de la fraternité, de la solidarité et de l'honnêteté. Donc, le Pape est porteur d'un message d'encouragement dans ce sens, et il porte ce message surtout aux jeunes, pour qu'ils ne se laissent pas décourager, pour qu'ils ne se laissent pas piéger par des mirages faciles, par des horizons faciles, y compris de gains et d'arrivisme, mais qu'ils se sentent engagés à bâtir une société solidaire, une société honnête, une société où chacun a sa place, est reconnu. Un message d'amour et de grand encouragement et donc d'optimisme, aussi.

Q. - Éminence, vous êtes allés au Mexique, entre autres choses, comme représentant de Sa Sainteté à la Rencontre Mondiale des Familles: quel Mexique avez-vous trouvé? Quelle Eglise avez-vous trouvée, et croyez-vous retrouver au Mexique?

R. - Spécialement lors de cette visite - et je pense que nous retrouverons la même chose maintenant - nous savons combien est aimée la figure du Pape par le peuple mexicain, pour ne pas mentionner le récent pèlerinage des reliques de Jean-Paul II, qui a suscité une dévotion extraordinaire dans le peuple - j'ai trouvé un grand enthousiasme, une grande foi. Une foi populaire, mais une foi solide, nullement superficielle. Et de ce point de vue, je crois encore aujourd'hui que la foi n'a pas faibli, au contraire: justement, en face des problèmes et des défis, nous avons besoin d'un plus grand enracinement dans la foi et nous avons besoin d'une aide d'en Haut et donc de plus de prière, mais aussi d'un engagement personnel plus important. Et je crois que l'Église, dans sa structure organisative, dans ses pasteurs, dans ses organisations sociales et capillaires, travaille dans cette direction.

Q. - Le Mexique et le Saint-Siège célèbrent désormais cette année le vingtième anniversaire du rétablissement des relations diplomatiques. Comment voyez-vous la relation entre ces deux Etats et aussi la relation entre l'Etat et l'Eglise?

R. - Les relations entre Église et État au Mexique ont évolué, sans aucun doute, de façon très positive: si nous nous rappelons, au siècle dernier, il y avait des tensions ... Même si le peuple sentait l'Église comme «sa chose», comme l'âme du peuple, toutefois politiquement, civilement et structurellement, il y avait un conflit, une tension. Il y a vingt ans, on a rétabli des relations diplomatiques: c'est un signe d'importance publique de l'Eglise en tant que telle. Il s'agit d'une reconnaissance de la fonction universelle effectuée par l'Eglise et le Saint-Siège. Pensons aussi au développement qu'a connu le Mexique dans la communauté internationale, non seulement dans les Caraïbes et en Amérique latine, mais dans la communauté internationale, parmi les «Vingt», pour dire les choses. Il est donc significatif que ces rapports soient solides et fructueux.

Q. - Il y a des choses à améliorer, selon vous?

R. - Il y a les thèmes que nous connaissons: à part ces défis que nous avons mentionnés, il y a les thèmes liés aux valeurs essentielles, aux valeurs éthiques, celles qui fondent la vie honnête. Je ne dis pas vraiment la bonne vie selon l'Evangile, mais la vie honnête: je me réfère aux thèmes de la famille, de la protection des libertés fondamentales. Rappelons que l'on est en train der discuter et de voter une loi de la liberté religieuse. Si le droit à la liberté religieuse résiste, les autres droits sont sauvegardés et protégés. Si le droit à la liberté religieuse tombe - ce droit basique, fondamental - les autres droits vacillent. C'est l'expérience historique.

Q. - Pensant à la la Rencontre mondiale des Familles, ces menaces à la vie, la famille que vous avez mentionnées: il s'agit des valeurs essentielles (irrinunciabili = auxquells on ne peut renoncer), malheureusement menacées par des lois qui ont changé ...

R. - ... Qui sont allées dans une direction très différente. La famille, comme union entre l'homme et la femme, le mariage comme une union entre un homme et une femme selon le dessein primitif du Créateur: il y a un projet de valeur naturelle et universelle, qui est protégé par les grandes religions du monde, pas seulement par le christianisme et pas seulement par l'Église catholique. Et puis la protection de la vie, le «Tu ne tueras point», pas même dans le sein maternel, tu ne tueras pas l'enfant à naître. Le «Tu ne tueras point» a un écho dans certainement très douloureuse au Mexique, parce que, malheureusement, les meurtres sont monnaie courante, ils sont des faits quotidiens très douloureux.
Et donc sur ce point aussi, sur ce commandement du Décalogue, je dirais que nous sommes tous engagés en première ligne.

Q. - Pensez-vous que Sa Sainteté fera d'une manière ou d'une autre un appel en ce sens?

R. - Certes, il abordera ce point, ce commandement. Et tous - l'Eglise, les Eglises, les autorités civiles - toutes les instances sociales sociaux et politiques sont engagés dans ce domaine. Je voudrais dire ceci: la première mission de l'Eglise est justement une mission éducative, celle d'éduquer les consciences. Il y a une expression du Pape Benoît XVI, très belle, dans sa première encyclique «Deus caritas est» qui dit: «L'Église veut aider à former la conscience et contribuer à une meilleure perception des véritables exigences de la justice et en même temps, la disponibilité à agir en fonction de ces exigences». C'est là une tâche formidable, ce n'est pas une tâche, disons, purement politique, mais elle pèse sur la politique. C'est à la fois une tâche de formation personnelle et aussi de formation politique, de formation de la société, parce qu'il s'agit de façonner une société qui perçoit les exigences de la justice et veut agir conformément à ces exigences.

Q. - Éminence, Sa Sainteté n'ira pas à Guadalupe, mais ira à Guanajuato, dans le «cœur» géographique et spirituel du Mexique. Pourquoi ce choix du Saint-Père?

R. - Le Saint-Père aime la Vierge de Guadalupe, la patronne bien-aimée du Mexique et de l'Amérique latine et de tous les pays des Caraïbes d'Amérique latine. Et j'ajoute que ce souvenir, maintenant que se prépare le voyage au Mexique, lui est visuellement présent tous les soirs quand il se promène dans les jardins du Vatican et récite le Rosaire: il passe toujours devant l'image de Notre-Dame de Guadalupe et de l'apparition à Juan Diego. Mais en même temps, nous connaissons les motifs de ce choix du pape: un choix, je l'avoue, extraordinaire, qui m'a immédiatement frappé dès que j'ai entendu les motifs du Pape: Jean-Paul II, rappelez-vous, désirait beaucoup aller en pèlerinage à ce Sanctuaire, et il n'a pas pu le faire pour de nombreuses raisons ... Ainsi, Benoît XVI a dit: «Je dois réaliser ce souhait de Jean-Paul II, et je vais, comme son successeur, à ce sanctuaire, qui est au cœur de la foi héroïque du peuple mexicain».
Donc, c'est un grand signe pour le peuple mexicain. C'est un rappel d'une histoire qui est exemplaire pour toutes les Eglises locales du monde, pour tous les pays, surtout maintenant qu'il faut de l'héroïsme pour conserver et pratiquer sa foi catholique. Voyez ce qui se passe dans certains pays comme le Nigeria, dans des pays d'Afrique, dans d'autres pays ... Il s'agit donc d'un grand geste du Saint-Père, je crois que le peuple mexicain saura l'apprécierpleinement.

© Copyright Radio Vatican (ma traduction)