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Rétrospective 2011

Entretien avec le Cardinal Javier Lozano Barragán (1), le seul cardinal mexicain qui fera partie de la suite qui accompagnera Joseph Ratzinger dans son pays natal (21/3/2011)

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Je retiens la dernière réplique, que je trouve très émouvante.

     



Mexique: pour le Pape, une mission super partes

Entretien avec le Cardinal Javier Lozano Barragán.

Andres Beltramo Alvarez
Vatican Insider (ma traduction)
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Le pape se rendra au Mexique avec une mission «au-dessus des partis», ses paroles ne pourront pas être enfermées dans la «trivialité» d'un parti politique. Le Cardinal Javier Lozano Barragán, avec Benoît XVI au Mexique et à Cuba du 23 au 28 Mars, en est convaincu.
Selon le président émérite du Conseil pontifical pour la Pastorale de la Santé du Vatican, le voyage papal n'interférera pas avec les campagnes électorales de juillet, au cours desquelles seront choisis non seulement le Président de la République, mais aussi les députés et les sénateurs.
Dans un entretien avec Vatican Insider, le cardinal analyse les expectatives et les défis de la première visite de Benoît XVI en Amérique latine hispanique, une région qui concentre plus de 40% des catholiques dans le monde.


- Comment imaginez-vous la rencontre du Pape Benoît XVI avec l'Amérique latine?
- Le pape a été à plusieurs reprises en Amérique latine, quand il était encore cardinal, il a visité le Mexique, les villes de Guadalajara et de Mexico. Ce n'est pas un territoire inconnu pour lui, il a également visité la Colombie et le Brésil, c'est pourquoi il n'est pas étranger à notre réalité, il a eu des contacts avec plusieurs nations et connaît notre façon d'être.

- Quelle la situation le Pape trouvera-t-il au Mexique?
- Malheureusement, au Mexique, comme dans presque tout le continent, nous subissons l'invasion des mafias des narcotraficants, générant une situation d'insécurité, de crimes et d'enlèvements. Tant qu'il existe 20 millions d'utilisateurs de drogues aux États-Unis, 3.850 kilomètres de frontière avec le Mexique resteront une entrée considérable pour les narcotraficants. En outre, il y a le blanchiment d'argent, le trafic d'armes et de personnes.

- N'est-ce pas un paradoxe qu'au Mexique, une population éminemment catholique dans l'âme, se développent ainsi la violence et le crime organisé?
- Ce n'est pas seulement le Mexique, dans le reste de l'Amérique latine et en Europe aussi il y a des situations similaires. Plus précisément, les mafias sont parmi eux, elles tuent et impliquent des gens innocents.

- Quel sera l'impact de la visite apostolique du Pape Benoît XVI dans ce contexte?
- Le pape apportera un message pour le bicentenaire de l'indépendance de nos pays d'Amérique latine. La figure du Pontife signifie pour nous unité: il nous apportera un message de solidarité, de compréhension, d'affection et d'acceptation. L'Argentine est très différente du Mexique, du Brésil, de la Colombie, mais tous sont frères. Benoît XVI va renforcer nos liens de fraternité dans le continent.
En outre, il a la mission de nous assurer dans notre souveraineté nationale, afin que chacun renforce son identité et, de là, puisse se développer vers un avenir plus prometteur, meilleur.

- Benoît XVI arrivera au Mexique quelques jours avant que ne commencent les campagnes électorales. N't a-t-il pas la crainte d'une éventuelle manipulation de ses paroles?
- Le pape a une mission pastorale, ce n'est pas une mission politique, son but est de nous conduire la fraternité. En tant que disciples de Jésus, nous devons nous employer à nous guider mutuellement pour parvenir à une entente, au respect, à la dignité et la solidarité. Prétendre instrumentaliser ses mots avec des objectifs politiques serait comme essayer d'enfermer l'océan dans une huître. Benoît XVI porte une mission au-dessus de toutes les parties, absolument. On ne peut l'enfermer dans la trivialité d'un parti politique.

- Ce voyage aura lieu après une période turbulente pour le Saint-Siège, entre autre pour les "Vatileaks" et pour la diffusion de documents confidentiels sur des thèmes très sensibles. Ce sera une bouffée d'air frais, pour le pape?
- Avec tout le respect dû aux journalistes, ce sont des flambées qui émergent: à tour de rôle, elles mettent la lumière ou l'obscurité sur certains aspects qui finissent par s'égrener, comme le Rosaire. A toutes les époques, il y a eu des attaques contre l'Eglise, il s'agit d'histoires qui, lorsqu'elles n'ont plus de valeur journalistique, laissent la place à d'autres. D'abord il y a eu la pédophilie dans le clergé, maintenant une corruption présumée dans l'IOR (Institut des oeuvres religieuses) et aussi un présumé complot pour tuer le pape. Quand ces nouvelles seront passées, ils en chercheront une autre: à la fin, l'imagination peut être très grande. Cela ne devrait pas nous faire peur, il en a été ainsi et il continuera à en être ainsi. Nous devons avoir l'assurance que l'Eglise a 2000 ans et qu'elle durera jusqu'à la fin du monde.

- Cette visite de l'évêque de Rome est-elle pour «régler» une dette avec l'Amérique latine?
- Il faut distinguer entre un pape et un autre, Jean-Paul II est le point de référence pour la comparaison à Benoît XVI. Comme Karol Wojtyla a commencé son ministère au Mexique, et même y a été inspiré pour devenir missionnaire dans le monde au cours de son pontificat, alors, on l'a pris comme modèle. Être pape, c'est devenir le principe de l'unité de l'Eglise, selon la personnalité et les circonstances de chacun d'eux. Ce n'est pas la même chose de commencer un Pontificat à 58 ans ou à 78 ans. Pour Benoît XVI, un voyage au Mexique, à 85 ans, est une chose très spéciale.

Note



(1) Javier Lozano Barragan, né le 26 janvier 1933 à Toluca au Mexique, président émérite du Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé. Créé cardinal par Jean Paul II en 2003 (http://fr.wikipedia.org/wiki/Javier_Lozano_Barragan).