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Rétrospective 2011

Ainsi Giacomo Galeazzi, pour Vatican Insider, commente l'effet de la venue de Benoît XVI sur un régime à bout de souffle (27/3/2012)

     



Les journalistes occidentaux n'aiment pas (ou n'aiment plus) le régime castriste.
On apprécierait que ce soit pour les bonnes raisons et elles ne manquent pas!
Giacomo Galeazzi, vaticaniste de la Stampa, voit dans la visite du Saint-Père à Cuba comme les prémisses d'une version caraïbe de la chute du mur.
C'est très possible.
Mais on peut être surpris que le Département d'Etat américain ait "averti" le Saint-Siège de risques d'instrumentalisation. A quel titre? Et le Saint-Père ne sait-il pas ce qu'il a à faire?
Il est évident que le peuple de Cuba souhaite la "liberté", et que l'Eglise est du côté de cette liberté.
Le Saint-Père l'a rappelé dans le conférence de presse dans l'avion:

Aujourd’hui, il est évident que l’idéologie marxiste telle qu’elle était conçue ne répond plus à la réalité: pour bâtir une société nouvelle, il convient de trouver de nouvelles formules, avec patience et de manière constructive. Dans ce processus, qui exige patience mais aussi décision, nous voulons apporter notre aide, dans un esprit de dialogue, pour éviter des traumatismes, et voulons aider à promouvoir une société fraternelle qui soit juste et accessible à tous. C’est en ce sens que nous voulons collaborer. Il est clair que l’Eglise est toujours du côté de la liberté: liberté de conscience, liberté de religion. Et en cela, les simples fidèles eux-mêmes nous aident à avancer dans cette direction.
(Zenit)

Mais le Pape sait bien que cette liberté a une grave contre-partie, celle d'un laïcisme accéléré, qui élimine Dieu de l'espace public peut-être encore plus que ne l'a fait le régime communiste, parce qu'il opère "en douce", avec l'assentiment des peuples. Et le capitalisme, sous sa forme actuelle, ne réussit pas vraiment non plus....

De nombreuses parties du monde vivent aujourd’hui un moment de difficulté économique particulière, que de nombreuses personnes s’accordent à situer dans une profonde crise de type spirituel et moral, qui a laissé l’homme vide de valeurs et sans protection devant l’ambition et l’égoïsme de certains pouvoirs qui ne prennent pas en compte le bien authentique des personnes et des familles. On ne peut pas continuer à suivre plus longtemps la même direction culturelle et morale qui a causé la situation douloureuse que tant de personnes subissent. Au contraire, le progrès véritable nécessite une éthique qui place en son centre la personne humaine et qui prend en compte ses exigences les plus authentiques, de manière spéciale, sa dimension spirituelle et religieuse. Pour cela, dans le cœur et dans la pensée de beaucoup, s’ouvre toujours plus la certitude que la régénération des sociétés et du monde demande des hommes droits, de fermes convictions, des valeurs de fond morales et élevées qui ne soient pas manipulables par des intérêts étroits, et qui répondent à la nature immuable et transcendante de l’être humain.
(Cérémonie de bienvenue à Santiago de Cuba, site du Vatican)

     



Quand Benoît XVI abat le mur des Caraïbes
La visite de Benoît XVI pourrait être le "coup de boutoir" décisif pour le régime.
C'est ce que disent sotto voce les 200 000 fidèles qui ont assisté à la messe papale
Giacomo Galeazzi (Vatican Insider)
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Il y a beaucoup de Cubains qui mettent plus d'espoir dans le voyage de Joseph Ratzinger que dans celui accompli en 1998 par Jean-Paul II. La raison réside dans la faiblesse accrue de la dictature de Castro. Il y a quatorze ans, Fidel était fort, aujourd'hui, Raul ne l'est pas: c'est une pâle copie de son frère, et sans son charisme. Le "lider maximo" a obtenu de Jean-Paul II une condamnation explicite de l'embargo les États-Unis, tandis que Benoît XVI a appelé à un nécessaire changement de cap moral, et n'a fait aucune concession sur les 'droits humains', exhortant les Cubains à suivre le Christ sans crainte ni complexe. Même la tentative de Raoul d'instrumentaliser le Pape pour attaquer les États-Unis a échoué.

Le Département d'Etat américain avait mis en garde le Vatican: le régime va utiliser la visite de Benoît XVI pour protester contre l'embargo.
Le péril-instrumentalisation s'est matérialisé dès l'arrivée de l'avion du pape à Santiago.
Raul Castro a accueilli Benoît XVI avec 21 salves d'artillerie et en attaquant Washington pour «53 ans d'hostilité à la révolution cubaine», dénonçant comment «l'embargo politique et économique des États-Unis opprime encore l'île». Néanmoins, assure Castro, «Cuba évolue, élargit son horizon et a de bonnes relations avec l'Eglise».
Benoît XVI, cependant, ne s'est pas laissé intimider par ces paroles et a dit ce qu'il avait à dire, venant en mission pour ouvrir Cuba au monde et le monde à Cuba, et représentant «les justes aspirations et les désirs légitimes de tous les Cubains, où qu'ils se trouvent»...
Dans son appel contre toute répression des libertés religieuses et civiles s'expriment aussi les attentes attristées et combattives des exilés en Floride, qui tonnent depuis longtemps contre la «faiblesse» du Saint-Siège envers Castro. Lors de sa première messe sur l'île où depuis un demi-siècle, Dieu est nié et l'Église catholique est persécutée et privée de la liberté religieuse, Benoît XVI a reproposé une « véritable théologie de la libération, fondée sur le témoignage de la foi et la liberté qui s'ouvre à Dieu », résume l'agence PIME (ndt: Pontificio Istituto Missioni Estere).

Hier, dans la rue, peu de temps avant la célébration présidée par le pape, un homme a crié «A bas le communisme» et a été emmené par la police.
«Seule une société qui donne de l'espace pour Dieu devient plus humaine», a averti Benoît XVI, qui a ensuite fait don d'une rose d'or à la Virgen de la Caridad del Cobre, une petite statue en bois du XVIIe siècle, découverte par des pêcheurs et exposée sur la place où a eu lieu la messe papale.
L'exhortation de pape théologien et pasteur a été sans équivoque:
«Pâques s’approchant déjà, décidons-nous sans peur et sans complexe à suivre Jésus sur le chemin de la croix. Acceptons avec patience et foi n’importe quel contrariété ou affliction, avec la conviction que dans sa résurrection il a vaincu le pouvoir du mal qui obscurcit tout, et a fait se lever un monde nouveau, le monde de Dieu, de la lumière, de la vérité et de la joie».
Les 200 000 Cubains qui se sont rassemblés sur la Place Antonio Maceo savent que le Pape n'est pas là pour se prêter à la propagande d'un régime aux abbois.

Le mur de la Caraïbe est prêt à s'effondrer et le millésime de la guerre froide semble déjà une répétition des derniers jours de l'Allemagne de l'Est. En bref, une réédition aux Caraïbe de l'"Ostpolitik" qui a changé l'histoire du XXe siècle, faisant tomber pacifiquement le mur de Berlin. Près de quatre lustres se sont écoulés depuis la visite de Jean-Paul II, le Vatican a maintes fois réitéré sa condamnation de l'embargo, et pourtant, tout profil public reste interdit aux évêques d'ici. La foi a du mal à sortir des sacristies, malgré le témoignage quotidien héroïque des prêtres Cubains qu'hier, le pape a remercié avec des tons faisant écho à ceux utilisés au cours du siècle dernier pour les prêtres derrière le rideau de fer.
En fait, dans l'ombre, la diplomatie vaticane est très active dans les «tests» sur l'avenir de Cuba.
C'est pourquoi aujourd'hui, le Pape peut se faire interprète universel, portant à l'attention de la planéte tout entière «les souffrances et les joies, les préoccupations et les désirs les plus nobles» d'un peuple en attente d'un changement radical.
Le Pape offre au gouvernement saa collaboration pour tourner la page, mais aucune complicité ou collateralisme dans les aspects les plus sombres.