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Rétrospective 2011

Angelus du 18.11.2011

Photo de Spaziani

Méditation sur un passage de la Lettre aux hébreux: « Faisons attention les uns aux autres...». Un paragraphe étonnant est consacré à la "correction fraternelle", un thème déjà abordé lors d'un angélus à Castelgandolfo, l'été dernier (1). (8/2/2012)

Il ne faut pas se taire face au mal

Texte complet en français ici: www.vatican.va/
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Cette année, je désire proposer quelques réflexions à la lumière d’un bref texte biblique tiré de la Lettre aux Hébreux : « Faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler dans la charité et les œuvres bonnes » (10, 24).
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« Prêter attention » au frère comporte aussi la sollicitude pour son bien spirituel.
Je désire rappeler ici un aspect de la vie chrétienne qui me semble être tombé en désuétude : la correction fraternelle en vue du salut éternel.
En général, aujourd’hui, on est très sensible au thème des soins et de la charité à prodiguer pour le bien physique et matériel des autres, mais on ne parle pour ainsi dire pas de notre responsabilité spirituelle envers les frères. Il n’en est pas ainsi dans l’Église des premiers temps, ni dans les communautés vraiment mûres dans leur foi, où on se soucie non seulement de la santé corporelle du frère, mais aussi de celle de son âme en vue de son destin ultime. Dans l’Écriture Sainte, nous lisons : « Reprends le sage, il t'aimera. Donne au sage : il deviendra plus sage encore ; instruis le juste, il accroîtra son acquis » (Pr 9, 8s). Le Christ lui-même nous commande de reprendre le frère qui commet un péché (cf. Mt 18, 15). Le verbe utilisé pour définir la correction fraternelle – elenchein – est le même que celui qui indique la mission prophétique de la dénonciation propre aux chrétiens envers une génération qui s’adonne au mal (cf. Ep 5, 11).
La tradition de l’Église a compté parmi les œuvres de miséricorde spirituelle celle d’« admonester les pécheurs ». Il est important de récupérer cette dimension de la charité chrétienne.

Il ne faut pas se taire face au mal.
Je pense ici à l’attitude de ces chrétiens qui, par respect humain ou par simple commodité, s’adaptent à la mentalité commune au lieu de mettre en garde leurs frères contre des manières de penser et d’agir qui sont contraires à la vérité, et ne suivent pas le chemin du bien.

Toutefois le reproche chrétien n’est jamais fait dans un esprit de condamnation ou de récrimination. Il est toujours animée par l’amour et par la miséricorde et il naît de la véritable sollicitude pour le bien du frère. L’apôtre Paul affirme : « Dans le cas où quelqu’un serait pris en faute, vous les spirituels, rétablissez-le en esprit de douceur, te surveillant toi-même, car tu pourrais bien, toi aussi être tenté » (Ga 6, 1).

Dans notre monde imprégné d’individualisme, il est nécessaire de redécouvrir l’importance de la correction fraternelle, pour marcher ensemble vers la sainteté. Même « le juste tombe sept fois » (Pr 24, 16) dit l’Écriture, et nous sommes tous faibles et imparfaits (cf.1 Jn 1, 8). Il est donc très utile d’aider et de se laisser aider à jeter un regard vrai sur soi-même pour améliorer sa propre vie et marcher avec plus de rectitude sur la voie du Seigneur. Nous avons toujours besoin d’un regard qui aime et corrige, qui connaît et reconnaît, qui discerne et pardonne (cf. Lc 22, 61), comme Dieu l’a fait et le fait avec chacun de nous.


Note

(1)
Dimanche 4 septembre, s'adressant aux fidèles lors de la prière de l'Angelus à Castelgandolfo, Benoît XVI les a invités à pratiquer la correction fraternelle (cf. benoit-et-moi.fr/ete2011/):
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L’apôtre Paul affirme que toute la Loi de Dieu trouve sa plénitude dans l’amour, si bien que dans nos rapports avec les autres, les dix commandements et tout autre précepte se résument à cela: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même».
Le texte de l’Evangile, tiré du chapitre 18 de Matthieu, dédié à la vie de la communauté chrétienne, nous dit que l’amour fraternel comporte aussi un sens des responsabilités réciproques, si bien que, si mon frère commet une faute contre moi, je dois faire preuve de charité envers lui et, avant tout, lui parler personnellement, lui faisant remarquer que ce qu’il a dit ou fait n’est pas bien.
Cette manière d’agir s’appelle la correction fraternelle:
ce n’est pas une réaction à l’offense subie, mais c’est un geste d’amour pour son frère. Saint Augustin commente: «Il t'a offensé, et en t’offensant, il s'est fait une profonde blessure: tu n'as aucun souci de la blessure de ton frère? (…) Oublie donc l'injure qui t'est faite, mais non pas la blessure dont souffre ton frère» .
Et si mon frère ne m’écoute pas?
Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus indique plusieurs niveaux: tout d’abord, retourner lui parler avec deux ou trois personnes, pour l’aider à mieux se rendre compte de ce qu’il a fait; si malgré cela, il repousse encore cette observation, il faut le dire à la communauté; et s’il n’écoute pas non plus la communauté, il faut lui faire percevoir la séparation qu’il a lui-même provoquée en se séparant de la communion de l’Eglise.
Tout cela indique qu’il y a une coresponsabilité dans le chemin de la vie chrétienne: chacun, conscient de ses propres limites et de ses défauts, est appelé à accueillir la correction fraternelle et à aider les autres par ce service particulier.

Cette « garde » des autres contraste avec une mentalité qui, réduisant la vie à sa seule dimension terrestre, ne la considère pas dans une perspective eschatologique et accepte n’importe quel choix moral au nom de la liberté individuelle. Une société comme la société actuelle peut devenir sourde aux souffrances physiques comme aux exigences spirituelles et morales de la vie. Il ne doit pas en être ainsi dans la communauté chrétienne! L’apôtre Paul invite à chercher ce qui « favorise la paix et l'édification mutuelle » (Rm 14, 19), en plaisant « à son prochain pour le bien, en vue d'édifier » (Ibid.15, 2), ne recherchant pas son propre intérêt, « mais celui du plus grand nombre, afin qu'ils soient sauvés » (1 Co 10, 33). Cette correction réciproque et cette exhortation, dans un esprit d’humilité et de charité, doivent faire partie de la vie de la communauté chrétienne.