Ali Agça ment effrontément

Son auto-biographie délirante vient de sortir en Italie, et le Père Lombardi tape du poing sur la table. Il devrait le faire plus souvent! (1er/2/2013)

Il démonte minutieusement les mensonges de l'agresseur de Jean-Paul II, Ali Agça, qui vient de publier une autobiographie gravement tendancieuse. Cette fois, il pointe la "piste islamiste" - s'agit-il de légitimer la théorie du "choc des civilisation"?
La seule question que le Père Lombardi ne pose pas de façon explicite, c'est "Pourquoi un tel livre est-il publié?" Ou, si l'on veut: à qui profite le crime?....

Ils m'avaient promis le paradis

Présentation de l'éditeur (ma traduction)
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http://www.ibs.it/
Trente ans de mensonges, de fausses pistes et de procès erronés. Depuis ce jour fatidique et tragique du 13 mai 1981, quand sur la Place Saint-Pierre, dans une marée humaine, le pape Jean-Paul II a été grièvement blessé. Pourquoi et qui a armé la main de Agca, son agresseur? Qui l'a envoyé à Rome avec la tâche spécifique de tuer «le chef des chrétiens»? Pour la première fois, c'est Agça lui-même qui révéle la vraie raison de l'attentat et le contenu de la conversation avec le Pape Jean Paul II quand il lui a rendu visite en prison pour lui pardonner ce qu'il avait fait. Le monde entier en a parlé, mais jusqu'à présent, le dialogue est resté secret. Ce livre, qui se lit vraiment comme un roman, est le récit à la première personne par Agca, de son passé en tant que soldat de l'islam et combattant pour une cause - la victoire de l'Islam sur l'Occident et la mort du christianisme - qu'aujourd'hui, il condamne définitivement. Depuis les premières pierres lancées quand il était enfant jusqu'aux attentats contre les dirigeants communistes de son pays dans un crescendo de haine et de désir de vengeance, toujours au service de la cause islamique, jusqu'à la rencontre avec le «grand commanditaire», dont l'identité est révélée ici. L'auteur nous dit que les raisons de l'attentat sont actuelles et que l'Occident tout entier est toujours en danger. C'est pour cela qu'aujourd'hui, il a décidé de parler. Sa vérité débarasse le terrain des mensonges qu'il a construits lui-même pour couvrir les vrais instigateurs d'un attentat qui n'était pas un cas isolé, mais le début d'une stratégie de la terreur.

     

La note du Père Lombardi

La nouvelle vérité, ou plutôt le nouveau mensonge, de Mehmet Ali Agca: note du P. Lombardi
(Radio Vatican en italien, via Raffa, ma traduction)
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Hier est sortie dans les librairies italiennes, une nouvelle autobiographie de Mehmet Ali Agca. Au centre du livre, il y a l'affirmation que l'instigateur de la tentative d'assassinat du pape Jean-Paul II était l'ayatollah Khomeiny. Sur cela, et d'autres déclarations, voici la note du directeur de la salle de presse du Vatican, le père Federico Lombardi:

La maison d'édition Chiarelettere (littéralement: "Lettres claires", ou "en toutes lettres") a distribué dans les librairies le 31 Janvier un nouveau livre avec lequel elle attend sans doute un autre "coup" de succès. Il s'agit d'une nouvelle (ce n'est pas la première!) autobiographie de Mehmet Ali Agca: «Ils m'avaient promis le Paradis. Ma vie et la vérité sur l'assassinat du Pape», racontée aux gens avec une habileté incontestable avec l'aide d'un ghost writer expérimenté qui préserve l'anonymat.

Venons-en à l'essentiel. La révélation centrale serait - enfin, après 32 ans! - celle du véritable instigateur de la tentative d'assassinat du pape Jean-Paul II, , autrement dit l'ayatollah Khomeiny

Bien sûr, le "killer" (selon les mots du P. Lombardi) avait observé un secret strict sur ce mandat. A une seule personne, il aurait dit la vérité. A Jean-Paul II, lors du fameux entretien dans la prison de Rebibbia, le 27 Décembre 1983. Cet entretien représente évidemment l'une des passages cruciaux du livre, et le dialogue est raconté de façon vivante, et en détail (pp.161-168). Après un premier échange sur le troisième secret de Fatima, le Pape pose explicitement la question cruciale: «Qui t'a envoyé pour me tuer?», et devant la gêne d'Agca, il aurait poursuivi: «Je te donne ma parole d'honneur (ndt: déjà cela prouve que le dialogue est inventé!!! Un Pape ne peut pas s'exprimer ainsi) que ce que tu me diras restera toujours un secret entre toi et moi». Et voici la réponse renversante qui révèle «le grand secret»: «C'était Khomeiny et le gouvernement iranien qui m'ont demandé de te tuer». Une troisième partie du dialogue en prison aurait ensuite été l'invitation du Pape à Agca de se convertir au christianisme, corroborée par le récit qu'Agca lui avait fait d'une vision saisissante: «J'étais sur la croix, comme si j'étais Jésus-Christ, etc. etc.».

Selon Agca, le Pape a tenu la promesse du secret, mais il croit que le moment est venu de révéler le grand secret car, ayant obtenu le 18 janvier 2010 la liberté définitive et renié le fanatisme du «nazi-fascisme islamique», dont il était esclave, il peut «écrire la vérité sur sa vie, la vérité sur la tentative d'assassinat contre Jean-Paul II, le grand secret que personne n'a jamais connu» (p.184).

Cette fois-ci, devons-nous croire Agca?

Je ne crois pas. Je me suis employé à faire les vérifications qui me revenaient le plus directement, et que je pouvais effectuer auprès de personnes spécifiques du Vatican sur ce qui est affirmé dans le livre.

J'ai rencontré et interrogé le Cardinal Stanislaw Dziwisz sur quelques points très concrets. Tout d'abord, bien sûr, sur la conversation en prison entre Jean-Paul II et Agca. Le secrétaire du pape Jean-Paul II a une mémoire bien vivante, en particulier de tout ce qui touche à l'attaque. Et ce n'est pas étonnant. Donc, le secrétaire du pape était présent lors de l'entrevue dans la cellule, bien sûr, avec le consentement du pape, et même s'il n'était pas tout près, il pouvait entendre ce qui se disait. Son témoignage est crucial. Il confirme que les deux interlocuteurs ont parlé du secret de Fatima et la survie inexplicable du pape, mais il nie catégoriquement et absolument qu'il ait été question des commanditaires et de l'ayatollah Khomeiny, et que le pape ait invité le tueur à se convertir au christianisme. Il dément également ce qui est dit dans le livre d'une autre lettre de Jean-Paul II à Agca pour l'inviter à la conversion (p.176): Selon le secrétaire, il n'y a jamais eu une telle lettre.

Dans le livre, il est aussi question de «plusieurs lettres du cardinal Joseph Ratzinger», présentées comme des «lettres spirituelles où il dit prier avec le pape pour moi, et prier pour ma conversion »(p.176). Par scrupule, je me suis inquiété de savoir par l'"ex"-cardinal Ratzinger si vraiment il avait écrit des lettres à Agca. Et la réponse est très claire: qu'il avait effectivement reçu des lettres d'Agca (pas étonnant, parce que beaucoup en ont reçu: moi aussi). Mais il n'a jamais répondu.

Naturellement, Agca dit avoir déchiré toutes ces lettres papales et cardinalices parce qu'il était «toujours un combattant islamique et ne pouvait pas garder de tels textes». Mais bien sûr...

On pourrait continuer. Par exemple, l'Agca du livre laisse entendre à plusieurs reprises qu'au Vatican, on prenait également en compte la «piste islamiste» comme explication de l'attentat contre le pape. Et on cite de prétendues déclarations de Joaquin Navarro-Valls qui, dans le contexte de la disparition d'Emanuela Orlandi en 1983, aurait déclaré: «Cela pourrait être des fondamentalistes musulmans qui s'illusionnent de faire libérer Agca». Le livre affirme: «Le Vatican montre qu'il avait compris. L'intégrisme islamique est derrière l'enlèvement d'Emanuela et donc derrière l'attentat contre Jean-Paul II » (p.153). Mais Navarro-Valls n'est devenu porte-parole que le 4 Décembre 1984 et il nie avec véhémence s'être occupé de la disparition d'Emanuela avoir jamais envisagé une «piste islamiste» à l'attentat.

Même le cardinal Dziwisz nie résolument qu'au Vatican, on ait considéré comme envisageable la «piste islamique», en fait, il semble que l'on en ait pratiquement jamais parlé. Par ailleurs, il est assez incroyable que, si le Pape en avait vraiment été informé et y avait cru, il n'y ait pas eu la moindre fuite.

Cette vie romancée d'Ali Agca reprend beaucoup de choses qu'il a déjà écrites précédemment, confirme sa politique de dépistage systématique des enquêteurs, nie les pistes qui se concentrent sur l'Europe de l'Est, mais cherche surtout à construire un scoop international: l'ayatollah Khomeini, l'Iran, l'Islam «nazifasciste» sont la véritable explication de la volonté de tuer le pape comme point final de la guerre finale contre l'Occident chrétien détesté

Pour ma part, j'ai présenté des commentaires négatifs sur la base de témoignage extrêmement fiables:

Il n'est pas vrai qu'Agca avait parlé au pape de l'ayatollah Khomeini et l'Iran comme commanditaires au cours de l'entretien en prison (et ceci est un point crucial du livre!).
Il n'est pas vrai qu'au Vatican, on ait considéré comme crédible la piste islamique.
Il n'est pas vrai que Jean-Paul II ait invité Agca à se convertir au christianisme et lui a envoyé des lettree en prison.
Il n'est pas vrai que le cardinal Ratzinger ait écrit des lettres à Agca.
Il n'est pas vrai que Navarro-Valls ait voulu faire référence à une piste islamiste dans l'affaire Orlandi et l'attentat contre le Pape

En somme, pratiquement tout ce qui était de ma compétence et que j'ai pu vérifier est faux.

La centaine de versions des faits qu'Agca a donnée jusqu'à présent et auxquelles nous pouvons maintenant ajouter celle-ci sont un peu trop pour que maintenant nous puissions le croire.

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