Des célébrités parlent du Pape (IV)

Le témoignage formidable d'un type formidable! Peter Gauweiller, ami de Benoît XVI, homme politique de la CSU, Gebirgsschützen de Traunstein, "protestant bavarois" et... grand admirateur de Luther. Comme quoi personne n'est parfait!! On lira en particulier le récit passionnant et totalement inédit de la visite du Saint-Père au Bundestag, en septembre 2011 (8/2/2013)

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Les images ci-dessous sont issues de son site personnel
www.peter-gauweiler.de/bilder.html

Saint-Père pour nous aussi

Notes d'un protestant bavarois
Peter Gauweiler
(Il Papa visto da personnaggi famosi, pages 23 et suivantes, ma traduction, j'ai rajouté les sous-titres)

L'Archevêque de Munich chez ses voisins protestants
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Quand j'ai entendu prêcher pour la première fois le célèbre professeur de Ratisbonne - c'était le 28 mai 1977 à l'occasion de son intronisation officielle comme archevêque de Münich et Freising - j'ai été profondément frappé par ces mots: «Une Bavière, où les gens ne seraient plus croyants perdrait son âme; et aucune protection des édifices sacrés ne pourrait le masquer». Cela valait alors, et c'est encore valable aujourd'hui.
J'appartiens à l'Eglise évangélique-luthérienne, mes ancêtres sont venus du Bas-Palatinat où la dynastie évangélique des Wittelsbach a régné pendant des siècles. Mais dans les presque 34 ans où j'ai connu le Pape actuel, pour moi, ce grand homme est devenu un éminent Maître de religion, une ré-conciliateur, un - je dois l'appeler ainsi - second réformateur allemand.

Peu de temps après son installation officielle, il rendit visite à la communauté évangélique luthérienne de saint Matthieu, sur la place "Am Sendlinger Tor", pour le service du soir. Il recommanda de ne pas considérer cette visite entre voisins comme un événement exceptionnel, mais de le continuer réciproquement. Le discours était marqué par un grand respect pour la liturgie de l'autre, donc une diversité réconciliée et non un nivellement confessionnel obtenu à travers un canon artificiellement uniformisé. Ces derniers mots sont les miens. Ce que nous, Bavarois de Munichois entendîmes de lui 'in politicis' s'appelait «Politique à partir de la responsabilité chrétienne», un concept beaucoup plus large que «Politique chrétienne».
Notre nouveau cardinal n'éluda aucun thème. Son langage n'était pas celui des modernistes, celui de la fin des années 70 - du côté évangélique ou catholique - dont nous n'en pouvions plus: nous qui avions traversé 68 à l'université et qui en avions accepté le défi. Tout à coup, il y avait devant nous un homme d'Eglise qui ne remettait pas constamment tout en question, mais qui annonçait une Nouvelle, de manière si claire et si juste, comme nous ne l'avions pas entendu depuis longtemps.
Depuis lors, et à travers le cardinal Ratzinger qui devait plus tard devenir le pape Benoît XVI, j'ai vécu de nombreuses fois des moments de grâce. Je vais en raconter quelques-uns.

Intervention pendant la guerre en Irak

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La guerre contre l'Irak. C'était le lendemain du 11 Septembre 2001. L'Amérique était humiliée. Y aurait-il une réaction déguisée en «croisade»? Avec quelques amis, nous voulions faire quelque chose pour que les chrétiens-démocrates ne crient pas victoire, partant du mauvais pied. L'invasion n'avait pas encore commencé, mais déjà l'US Air Force bombardait les installations militaires en Irak. Alors le patriarche chaldéen de Babylone, Raphaël I Bidawid et l'évêque de Bagdad Emmanuel Delly, m'invitèrent au milieu de ce drame à venir dans la «terre entre deux fleuves», dans leurs diocèses de Bagdad, pour «prier avec nous, dans nos églises, afin que le Seigneur garde loin de nous la guerre et ses conséquences tragiques».
«Vous voulez vraiment y aller?», me demanda le cardinal Ratzinger, qui avait rendu possible de répondre à l'invitation. Bien sûr, je le voulais, et c'est ainsi que mon collègue eurodéputé Willy Wimmer et moi pûmes concrétiser ce désir, précisément dans la cathédrale de Notre-Dame de Bagdad. Nous avions apporté avec nous des lettres de grandes personnalités, du monde catholique et du monde évangélique, ainsi, entre autres, que de méthodistes américains - l'église de George W. Bush - qui condamnaient âprement la guerre. Ces écrits ont été lus en araméen, la langue de Jésus-Christ, au cours d'une messe solennelle, devant des centaines de chrétiens chaldéens de Bagdad.
A notre retour - pendant le voyage, nous avons dû à nouveau franchir la zone "no flight" sur la route Damas-Rome - le Cardinal Ratzinger nous a reçus au Vatican pour recueillir nos impressions. Après le déclenchement de la guerre, nous avons appris que l'évêque Delly avait été blessé au cours des bombardements et que le bâtiment du Patriarcat avait été gravement endommagé. Des années plus tard, avec le ministre des Affaires étrangères allemand Frank Walter Steinmeier, je me rendis à nouveau à Bagdad et je rencontrai Emmanuel Delly, qui entre temps avait été fait cardinal. Dans les années qui suivirent la guerre en Irak, son diocèse avait été décimé, presque diminué de moitié. Mais le patriarche de Babylone était resté à Bagdad. «Vous, en Europe, n'oubliez pas les chrétiens d'Orient» nous dit-il en prenant congé.

Dans le débat sur la guerre en Irak, sa condamnation sans équivoque par le pape Jean-Paul II et le soutien évident du cardinal Ratzinger à Willy Wimmer et à moi, se révélèrent une aide décisive dans notre opposition civile à la logique de la guerre, à laquelle, selon nous, l'Allemagne ne pouvait adhérer. Dans la traditionnel retraite hivernale de la CSU à Wildbad Kreuth en Haute-Bavière je mis mes camarades du parti face à cette alternative: «Voulez-vous Bush ou le Pape?». Cela produisit son effet. En fin de compte, la CSU et le candidat à la Chancellerie choisis dans ses rangs, le bavarois Edmund Stoiber, n'ont pas soutenu la guerre des Américains.

Les obsèques de Franz-Josef Strauss
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Une autre occasion que je ne peux pas oublier, c'était en Octobre 1988, les funérailles de Franz Josef Strauss à Rott am Inn (cf. le témoignage d'E. Stauber, Des célébrités parlent du Pape (II)), présidées par le cardinal Ratzinger. Dans son homélie à la mémoire de Strauss, le cardinal rappela Charles de Gaulle et André Malraux avec son image du chêne tombé. Et se référant à Strauss il dit que «malgré tout, c'est une grâce de Dieu de lui avoir accordé de partir si plein de force, comme il avait vécu».

Deux protestants interviewent le préfet
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Dans les années 90, notre lien m'avait même consenti un voyage à Rome, à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, en tant que journaliste: le plus grand journal allemand du dimanche, le "Welt am Sonntag", m'avait demandé, avec Klaus Bolling, alors porte-parole du chancelier allemand Helmut Schmidt, d'interviewer quelques personnes célèbres. Pour l'édition de Pâques de l'année 1999, nous dûmes interroger à Rome, le cardinal Ratzinger. Deux «bastian contrari» (contradicteurs) luthériens était assis face à celui qui était alors un cardinal bavarois et lui posaient des questions à propos de «Dieu et le monde»: «Comment le Vatican avait-il l'intention de résoudre le conflit relatif au planning familial, qui s'était développé dans l'épiscopat allemand et dont avait émergé un débat douloureux sur l'avortement? Rome pouvait-elle envisager un changement de cap sur la question récurrente des «divorcés remariés?»; Que pense la curie de l'enseignement de l'islam dans les écoles allemandes? Et comment l'Église catholique et l'Église évangélique peuvent-elles surmonter ce qui les sépare, et trouver ainsi une meilleure compréhension? »
Ce fut un entretien long et dense, dans lequel Klaus Bolling et moi avons été une fois de plus profondément impressionnés par notre interlocuteur. Par la suite, le social-démocrate Bolling rendit hommage au penseur sage et lucide de haut niveau, le reconnaissant subtil, plein d'esprit, pieux, mais aussi profondément humble.

Notre question sur le défi à l'Eglise dans l'Allemagne sécularisée trouva une réponse qui devait devenir par la suite l'un des principaux thèmes de son pontificat: l'écart entre notre pouvoir technique, réel, d'une part, et notre capacité de jugement moral de l'autre. Dieu, ainsi, soutenait Ratzinger, est réduit à une lointaine hypothèse et relégué dans le domaine du subjectif. «Mais si le sujet a le dernier mot, alors l'Eglise se désintègre, et se désintègrent aussi les normes éthiques communes. Réapprendre à voir Dieu, tel est «le défi authentique, fondamental».
Naturellement, nous avons parlé également de Luther. La plus belle réponse du cardinal fut «il est dans les mains de Dieu». Ratzinger lui rendit hommage comme «Maître», il appréciait «la présence dans l'Eglise catholique de ses 'Lieder' (hymnes), qui sont des prières». Et il ajouta: «Il nous a donné quelque chose à tous!».
L'interview de Ratzinger parut dans deux éditions successives du «Welt am Sonntag». Ces numéros ont atteint le plus fort tirage dans toute l'histoire du journal. Klaus Bolling et moi exultions pour le «Welt am Sonntag», tout comme le protestant Goethe, en son temps à Rome: «On deviendrait immédiatement entièrement catholique».

"Mon coeur bat en bavarois"
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Au fil des ans, le cardinal Ratzinger a particulièrement valorisé notre façon d'être bavarois. «Etiam Romae, sempre cives bavaricus ero!» («Même à Rome, je serai toujours un Bavarois!»). Avec ces mots, il prit congé de Munich en 1982, quand il fut appelé à la Curie. Mais même comme Pontifex, élu par le conclave Pasteur suprême de l'Église qui s'étend dans le monde entier, il est resté attaché à sa terre natale bavaroise. Le monde entier a vu comment, en 2006, il a rendu visite à sa Bavière natale comme Pape Benoît XVI, et comment les bavarois ont célébré le retour le leur Pape sur le sol blanc/azur: d'abord sur la Marienplatz de Munich, où il s'est joint au chant de l'hymne bavarois et a avoué: «Je suis profondément ému d'être de retour ici (...), mon coeur bat toujours en bavarois».

Le Pape et les Gebirgsschützen

Personne n'est plus bavarois que les Gebirgsschützen (ndt: chasseurs alpins; il en est question en particulier dans l'interviewe de Michael Mandlik traduite par Marie-Anne, cf. http://benoit-et-moi.fr/2010-I ; voir aussi annexe, plus bas: les bavarois à CG) de Bavière. Chaque fois qu'ils se rendent à Rome en pèlerinage pour manifester leur lien avec le Pape, ils sont toujours accueillis à bras ouverts par celui qui est leur membre honoraire. Ce fut le cas en 2002, quand nous - j'appartiens à la compagnie de Traunstein, autrement dit la ville où Ratzinger a grandi au sein de sa famille - fêtâmes le cardinal à Rome à l'occasion de son soixante-quinzième anniversaire. L'invité d'honneur de cette fête était le Pape Jean-Paul II, auquel le cardinal présenta personnellement plusieurs de ses invités, et parmi d'autres, avec des mots très gentils, même moi, son disciple protestant de Bavière. J'ai constamment devant les yeux l'image de cette rencontre.
Trois ans plus tard, après son élection en tant que pape, les Gebirgsschützen de Traunstein voulurent prendre part à la célébration liturgique solennelle sur la place Saint-Pierre. Cette participation - un événement mondial - est elle aussi inoubliable pour moi. Le soir, à 8 h, après un voyage en bus à travers les Alpes, nous avons atteint la ville éternelle. Une courte nuit nous attendait: réveil à 3h45 et puis en route pour la place Saint-Pierre. Mais peu de temps après notre arrivée dans la Ville éternelle, nous parvint la nouvelle d'un grave accident, les bus privés ne pouvaient plus circuler sur la Via Aurelia. Donc: en marche! Précédés par les drapeaux blanc-azur des Schützen, nous avons traversé Rome. Cela impressionna même les policiers qui nous permirent de remonter jusqu'à la Place Saint-Pierre. Devant nous, dans la lumière du matin, la Basilique, à gauche et à droite la colonnade du Bernin. Alléluia! Saluons avec joie le pape bavarois.

Et ensuite, durant l'été 2011, une délégation d'environ trois cents personnes du Chiemgau, rendit visite au Pape Benoît XVI dans sa résidence d'été de Castel Gandolfo (cf plus bas, annexe). Le Saint-Père voulait recevoir personnellement l '«anneau d'honneur» en or, la plus haute distinction de la commune rurale de Traunstein: il y avait une fanfare, les Gebirgsschützen, les Trachtler et les Goassl-Schnalzer, qui arrivaient de la Place du Marché de Castel Gandolfo jusqu'à la cour intérieure du Palais. Une parade bavaroise pour saluer le Pape avec les Buam et les filles en Dirndl, dansant, battant des jambes et des chaussures, et les Schnalzer faisant claquer leurs longs fouets. Chiemgau et Reperti-Winkel, et à Castel Gandolfo, on n'avait jamais vu cela! Une fête blanc-azur et un pape ému qui remerciait ses visiteurs parce que «pendant un moment, vous m'avez fait sentir la joie et la beauté de la culture bavaroise». Autrement dit, avec ses propres mots: le lien avec la patrie «est la racine qui nous fait vivre».

Une visite mémorable au Bundestag, en septembre 2011
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Quelques semaines après, j'ai pu revoir le Pape à l'automne 2011 sur le podium de l'orateur au Parlement, le Bundestag (cf. www.vatican.va). Au-dessus de lui se dressait l'aigle, symbole de la République fédérale d'Allemagne, en face de lui les députés et les invités, la salle était remplie comme jamais auparavant. Bien que tous les groupes du Parlement allemand aient accueilli avec faveur la visite de Benoît au Bundestag (ndt: il me semblait que les verts étaient pour le boycott...), il y avait eu au préalable des débats enflammés sur l'événement. A personne, cet orateur n'était indifférent. Un collègue de la gauche, à qui j'étais lié d'amitié - auparavant, j'en avais appelé sévèrement à sa conscience - m'avait envoyé un SMS: «Je serai là et quand il arrivera, je me lèverai». Une heure avant son arrivée, le bâtiment du Reichstag était entouré d'une atmosphère d'attente silencieuse et anxieuse, comme je ne l'avais encore jamais vu dans ce lieu par excellence de la politique allemande.
C'était un peu comme quand à la maison, quand on était petits, on attendait l'enfant Jésus. Les députés attendaient son arrivée, à leur place, contents et inquiets, et même un peu nerveux; mon collègue Strobele, un adversaire au temps de son militantisme dans l'opposition extra-parlementaire, entra dans la salle visiblement aux prises avec lui-même, puis sortit de nouveau. Les employés qui, durant les jours de séance, s'occupent de la prière du matin au Parlement, dans la salle préposée du Reichstag, se rassemblèrent à l'entrée.
Finalement, le Pape est arrivé et a prononcé un «discours intense et humain (...), fondamental, mais pas du tout fondamentaliste» comme l'a écrit Heribert Prantl sur le «Süddeutsche Zeitung», avec un ton tout à coup pas si critique envers l'Église, parlant de «l'incroyable discours d'un vieil homme érudit, dont on peut percevoir pourquoi la force de l'Église ne se nourrit pas seulement du mythe d'une histoire bimillénaire. Cette force vient aussi de l'Esprit qu'elle peut incarner».
Dans son discours, le Pape posa la question du droit et de la politique dans une société libre, à partir del'avertissement de saint Augustin, Père de l'Eglise, plus de 1600 ans auparavant : «Si on enlève le droit - alors qu'est-ce qui distingue l'État d'une grosse bande de brigands?». Dans le lieu de la représentation populaire et du pouvoir législatif, le Pape nous a rappelé à nous, éternels chercheurs de majorités, que le droit est fondé sur des valeurs qui devraient être soustraites à la décision de la majorité parce qu'elles sont propres à chaque homme depuis sa naissance.
Le discours du pape a touché chacun d'entre nous - et en particulier bien sûr les Verts allemands, car il s'arrêta aussi, en en faisant l'éloge, sur «l'émergence du mouvement écologique dans la politique allemande, depuis les années soixante-dix».
Depuis les années soixante-dix, nous en Bavière, nous avons été des pionniers dans le domaine de la protection de l'environnement: c'est en Bavière qu'est né le premier ministère de l'environnement au monde. Au début des années quatre-vingt dix, moi-même, comme ministre bavarois de l'environnement, j'ai été responsable des défis écologiques de notre région. Et à présent, le Pape bavarois était au Bundestag allemand et appréciait le mouvement écologiste qui depuis longtemps soutenait que «dans notre relation avec la nature il y a quelque chose qui ne va pas; et que la matière on n'est pas seulement un matériau pour notre 'faire', mais que la terre porte en elle sa propre dignité et que nous devons suivre ses indications». Ce sont des phrases qui, pour ainsi dire, continuent au vingt et unième siècle le «Cantique des Créatures» de saint François.

Oecuménisme: Le Pape à Erfurt

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Je pense à une autre image de la visite du pape en Allemagne, particulièrement précieuse pour l'Evangile: le Pape à l'endroit où oeuvra Luther à Erfurt, dans le monastère augustinien. La première décennie du cinq centième anniversaire de la Réforme n'aurait pas pu mieux commencer. Un événement qui va au-delà des siècles: le pape romain franchit le seuil du monastère, aujourd'hui dirigé par les évangéliques, où Luther a vécu comme moine. Là où tout a commencé, le pape a rendu hommage au réformateur toujours en recherche, toujours en lutte, son frère catholique Martin et sa quête de rédemption: «Comment puis-je trouver un Dieu miséricordieux?». Et Benoît rendit honneur à tous les protestants, en déclarant: «Que cette question ait été la force motrice de tout son voyage me frappe toujours à nouveau dans le cœur». Il a également loué la référence radicale de Luther à Dieu: «La question: Quelle est la position de Dieu à mon égard, comment est-ce que je me trouve en face de Dieu? - cette question brûlante de Martin Luther doit redevenir, et certainement sous une forme nouvelle, aussi notre question». «La raison pour laquelle je suis ... » dit un chant liturgique ancien.
Face aux images d'Erfurt, j'avais le sentiment d'être dans le Reichstag de Worms, quand Luther, face aux puissants du Reich et du clergé, a dû être poussé à faire des concessions en matière de foi. Benoît posa la question sur «le don œcuménique de l'hôte» (cf. www.vatican.va) sous la forme de concessions et répondit comme suit: « Mais la foi des chrétiens ne se base pas sur une évaluation de nos avantages et désavantages. Une foi auto-construite est privée de valeur. La foi n’est pas quelque chose que nous concoctons et déterminons. Elle est le fondement sur lequel nous vivons. L’unité grandit non grâce à l’évaluation d’avantages et de désavantages, mais seulement en pénétrant toujours plus profondément dans la foi grâce à la pensée et à la vie». A tous les discours inutiles, aux mièvreries propres à l'esprit du temps, Benoît oppose ce principe: «La foi n'est pas négociable». Et tel fut aussi le Martin Luther le plus authentique: «Ici, je suis, je ne peux pas faire autrement, Dieu m'aide. Amen».

Aujourd'hui, nous savons que le retour des Eglises l'une à l'autre est la véritable tâche commune des catholiques et des protestants, un défi qui doit être relevé par chaque génération. Pour cela aussi, nous sommes redevables à Benoît d'un enrichissement dans la modération, la clarté et la franchise.

Oecuménisme: Dominus Jesus
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En 2000 était sortie la Déclaration du Vatican Dominus Jesus. Le débat suscité par certaines de ses allégations sur la façon dont la Réforme entendait l'Église, a été fortement influencée par une volonté de confusion (côté opposition au préfet). Et déjà alors, le cardinal Ratzinger sur la "Frankfurter Allgemeine Zeitung" a écrit: «Pour Luther, l'Eglise est l'endroit où la parole de Dieu rassemble et unit les gens». L'Église est «là où la Parole est proclamée correctement, les sacrements sont administrés de la juste façon». Et encore: «Pour Luther lui-même, il était impossible de reconnaître l'Eglise dans les églises nationales qui se formaient et étaient soumises aux Princes: celles-ci étaient pour lui des structures auxiliaires, voire nécessaire, mais elles ne représentaient pas l'Eglise dans un sens spirituel».
En fait, pensai-je, un protestant n'aurait pas pu mieux s'exprimer, et pourtant, au début j'étais assez isolé dans mon opinion. D'autant plus grande fut ma joie quand l'évêque évangélique luthérien de Bavière Friedrich défendit explicitement le cardinal Ratzinger, également des attaques particulièrement violentes de la «section allemande de l'Association Européenne de Théologie Catholique», circonstance qui accrut encore ma satisfaction.

Donc, en conclusion, et pour résumer: je suis un disciple luthérien de Benoît XVI. C'est lui le pasteur suprême de la chrétienté.
Les Pères de l'Eglise que je préfère sont Joseph Ratzinger et Martin Luther: avec eux je me sens à la maison.

     

Annexe

1. Peter Gauweiler (né en 1949 à Munich) est un homme politique allemand, et un membre de l'Union chrétienne-sociale bavaroise (CSU), au Bundestag allemand. Depuis 2006, Gauweiler est Président du Sous-Comité des politiques étrangères culturelles et éducatives de la commission des affaires étrangères du Bundestag. De 1990 à 1994, il a été ministre d'Etat de Bavière pour le Développement et de l'Environnement.
En 2008, Gauweiler a contesté la ratification allemande du traité de Lisbonne, affirmant que le traité était inconstitutionnel.

2. Des détails sur la visite des bavarois à Castelgandolfo en août 2012 (et les fameux Gebirgsschützen):
¤ La Bavière à Castelgandolfo
¤ La Bavière à Castelgandolfo (2)