Des célébrités parlent du Pape (VI)

Suite de cette série commencée il y a désormais un mois... Marie-Anne a résumé pour nous plusieurs témoignages (3/3/2013)

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Célébrités

     

Notker Wolf, Abbé primat des bénédictins du monde entier depuis 2000, est né en 1940. Devenu moine de l’abbaye Ste Ottilien de Bavière en 1961, il a fait des études de philosophie à l’Académie St Anselme à Rome, puis des études de théologie à Munich. Ordonné prêtre en 1968, il est devenu professeur de philosophie et de sciences naturelles à St Anselme.

En décembre 2011, lorsqu’il a visité l’abbaye saint Benoît de Sao Paolo au Brésil, on lui cherchait une mitre pour qu’il puisse célébrer les Vêpres, et on a dû lui attribuer celle que le Saint Père avait utilisée 4 ans plus tôt, parce qu’ils ont le même tour de tête ! Mais à part ce petit fait amusant, ils ont d’autres points communs beaucoup plus importants ; commençant par le nom choisi par Joseph Ratzinger en mettant son pontificat sous le patronage de St Benoît. Ce n‘est pas un hasard que le St Père a choisi à Sao Paolo un monastère bénédictin pour y résider. Il cite souvent la Règle de St Benoît, surtout lorsqu’il parle de l’amour préférentiel que tout chrétien, mais surtout les moines doivent avoir pour le Christ. Dans la Règle de St Benoît cette attitude intérieure prend forme dans l’horaire de la journée toute centrée sur la célébration quotidienne de l’Eucharistie et la prière des Heures. L’idéal des moines, c’est marcher à la suite du Christ venu faire non pas sa volonté, mais celle du Père (Jean 6, 38). La vie bénédictine est pétrie de la Parole de Dieu. Les moines ont toujours évangélisé par leur vie de prière l’Europe, puis le monde entier. Voilà quelques points communs entre la vie monastique et l’accent mis par le pontificat de Benoît XVI sur la Parole de Dieu, le liturgie et le mission qui en découle…

     

Mgr Georg Gänswein :

En la personne de cet “ humble travailleur de la Vigne du Seigneur ” nous avons une grande personnalité sur le siège de st Pierre. S’il reste bavarois par ses racines, il fait partie par son baptême d’un peuple qui est constitué de toutes les autres cultures, comme il l’a dit dans l’avion en septembre 2011, en s’envolant pour Berlin.
Dès le premier instant de son élection il comptait sur la prière de tout le peuple de Dieu. Et il a su succéder au grand pape Jean-Paul II avec humilité, simplicité et amour.
Son secrétaire privé, devenu depuis peu préfet de la maison pontifical, tente de dresser le bilan des 7 ans du pontificat. C’est un pape qui a su agir avec une douce fermeté, en collégialité avec les autres pasteurs, se concentrant sur l’essentiel. Son but, c’est de renouveler la Foi, attirer l’attention sur l’Eucharistie, œuvrer pour l’unité de l’Église. Même à l’intérieur de la Curie il a pu opérer quelques changements, faire du neuf, et réduire ce qui était caduc. C’est un pape qu’on écoute volontiers lorsqu’il parle de Dieu. Il touche les cœurs, cet ancien Préfet de la Doctrine de la Foi qui ne recule devant aucune difficulté.

Son message est à la fois profond et limpide : la Foi, ce n’est pas un problème à résoudre, mais un Don à recevoir, à redécouvrir jour après jour. Elle est source de Joie, de Plénitude. Cette Foi a pris un visage en la Personne de Jésus Christ. C’est Lui que le St Père désire proclamer urbi et orbi, à temps et à contre-temps. Il s’efface toujours derrière l’Unique sauveur du monde qu’il annonce. Ce message veut apporter la paix de Dieu à l’homme réconcilié avec soi-même, avec le cosmos et avec tous les hommes de bonne volonté.

     

Mme Hanna-Barbara Gerl-Falkovitz, professeur de philosophie et de religion à l’Institut de théologie Benoît XVI, à Heiligenkreuz, en Autriche.

Elle a rencontré le professeur Joseph Ratzinger, pour la première fois en 1976, lorsqu’il a bien voulu venir de Ratisbonne donner une session près de Francfort, au Centre qui veut perpétuer l’enseignement doctrinal et liturgique de Romano Guardini. Et leur dernière rencontre a eu lieu fin août 2011 à Castel Gandolfo, où elle a été invitée à donner une conférence devant le pape, dans le cadre des journées de travail de ses anciens étudiants. Après les journées harassantes des JMJ de Madrid, le St Père voulait être présent à ce rassemblement des 60 Altschüler qu’il continue à guider dans leurs réflexions avec sûreté, mais aussi avec humour, en toute simplicité. « Ce qui me frappe le plus dans sa personnalité, c’est son humilité », dit-elle. Et elle remercie le pape d’être un prophète pour notre temps. Critiqué, certes, mais dont le combat, à la manière de Jacob, obtiendra la bénédiction non seulement pour les chrétiens, mais aussi pour les païens, qu’il invite “dans le parvis” de l’Église.

     

Ludwig GÜTTLER, né en 1943, trompettiste, professeur à Weimar et à Dresde, concertiste de renommée internationale.

Il souhaite bon anniversaire pour les 85 ans du pape, en jouant pour lui le Magnificat. La musique est source de rencontres, d’abord entre les musiciens qui jouent ensemble, ensuite entre l’orchestre et l’auditoire. Le musicien n’est qu’un intermédiaire entre le compositeur et l’auditeur qui écoute l’œuvre interprétée. L. Güttler, par ses concerts, a contribué à la reconstruction de Notre Dame de Dresde, bombardée par les Améri-cains. Le Magnificat chanté par Marie a inspiré des grands musiciens tout au long des siècles depuis Palestrina et Orlando di Lasso, jusqu’à J.S. Bach, en passant par Mozart, jusqu’à Penderecki et Arvo Pärt du siècle dernier. Le texte de ce cantique veut dire que l’homme qui compte sur la force de DIeu est capable d’affronter toutes les difficultés. Et le musicien est capable d’enjamber les frontière s pour unir les hommes

     

Christine HADERTHAUER, née en 1962 ; juriste, secrétaire générale de CDU, ministre en Bavière, pour Travail - Famille - Société.

Elle dit que l’encyclique « Caritas in veritate » a le mérite de souligner le lien étroit qui doit exister entre justice et bien commun. Le principe de base de la Doctrine sociale de l’Église, c’est l’amour. Mais l’amour ne s’arrête pas à l’émotion, il tend vers ce qui est bien et juste. La pensée de Benoît XVI devrait nous aider à jeter la base d’une société fondée sur le Bien. L’homme est plus grand que son efficacité. Lorsque l’homme veut s’ériger comme son propre créateur, il perd sa dignité, il se dégrade. Or le marché seul ne pourra jamais rendre l’homme heureux. Sans la confiance et la solidarité, l’économie ne peut pas « marcher ». La société ne peut pas être basée seulement sur les deux piliers de l’économie et de l’état. A la suite de Jean-Paul II, Benoît XVI plaide pour une troisième dimension qui serait offerte par la société civile. Là il y aurait place pour l’engagement, pour la fraternité et la gratuité. Le pape plaide pour un humanisme intégral qui considère la personne et ne traite pas l’homme comme un objet. Et il insiste en disant que le cœur d’une société bonne, c’est la famille. C’est elle qui reste la base de toute société digne de ce nom. C’est une question vitale. Les familles ont une grande responsabili-té dans la formation de la société de demain. Or la famille est en danger ! Les femmes au foyer, les familles qui veulent garder les grands-parents à la maison sont méprisées, déconsidérées parce que non-productives… C’est la dictature de l’économie ! La méconnaissance de la solidarité familiale sape à la base la solidarité qui devrait s’exercer entre les membres d’une société ! Il faudrait donc trouver un nouvel équilibre entre Vie et Travail. La vie ne s’arrête pas au succès au travail. Le travail au foyer devrait être rémunéré pour être considéré à sa juste valeur.

     

Michaela von HEEREMAN, née en 1969. Théologienne, journaliste, co-auteure de Youcat, membre de la présidence des parents d’élèves, et membre du Conseil Pontifical pour la famille.

« C’est de tout cœur que je souhaite bon anniversaire à notre St Père âgé de 85 ans. » Il reste toujours jeune et vivant (comme il disait à propos de l’Église le 19 avril 2005). C’est à lui que nous devons la large diffusion de Youcat (2011). Lorsqu’en décembre 2006, notre fils Silvestre a été ordonné prêtre à Rome, nous nous sommes retrouvés au premier rang à l’audience générale. C’est là que j’ai recommandé à la prière du pape le projet d’un catéchisme pour des jeunes qui serait rédigé par une équipe de quatre auteurs. D’abord surpris, voire sceptique, il finit par approuver le projet, rassuré de savoir qu’il serait mené à bien sous la direction du Cl Schönborn. L’équipe comportait deux prêtres (dont l’un est membre de la communauté de l’Emmanuel), un théologien père de famille et une théologienne mère de famille nombreuse. L’idée de départ provenait de l’éditeur Bernard Meuser. Il faut aussi mentionner 25 élèves entre 15 et 25 ans, motivés par la réussite des JMJ de Cologne et qui ont discuté avec nous en 2006-2007, durant 5 jours pendant les vacances. Le point de départ de ces discussions a été donné par l’Abrégé du Cathéchisme de l’Église catholique. Nous, les auteurs, nous avons écouté leurs interro-gations, leurs attentes en vue de formuler les données de a Foi, dans un langage accessible aux jeunes d’aujourd’hui. Youcat est traduit dès 2009 en 22 langues, diffusé en 50 pays. 700 mille exemplaires ont été distri-bués aux JMJ de Madrid comme cadeau personnel du pape.

     

Claus HIPP, juriste, chef d’entreprise, né en 1938, originaire de Munich, aujourd’hui professeur à la Faculté des Sciences économiques de l’Université de Tbilisi, en Géorgie.

Il se sent proche de ce pape dont la Foi s’enracine en Bavière. Lorsqu’on s’en va à l’étranger, la foi de l’Église latine fait qu’on se sent chez soi dès qu’on entre dans une église. Il donne sa confiance à ce pape théologie, comme il fait confiance à son médecin, ou à un scientifique dans sa spécialité. Ce pape nourrit la foi, expliquée avec clarté et intériorité, modestie et simplicité, mais aussi avec sûreté. En docteur et pasteur à la fois.Le juriste Claus Hipp fait remarque qu’on ne doit pas traiter l’Église comme si on faisait du marketing. Elle n’a pas qu’une valeur numérique, égale au nombre de ses adhérents. Elle doit orienter la foi de ses fidèles dans la bonne direction. On ne doit pas négliger la norme donnée par les 10 commandements, ni la confession qui est supérieure à une séance de psychothérapie. « Coopérer avec la Vérité » est une entreprise à long terme. Il est indispensable aussi de prier.« Pour ma part, je dis les mystères du Rosaire en communion avec le St Père. Le croyant trouve une issue là où l’incroyant souvent désespère. Le témoignage donné par l’enseignement et la vie du St Père est une source d’encouragement.

     

Hubert GINDERT, professeur de sciences politiques et économiques, à Augsburg. Rédacteur en chef de la revue catholique « Le Rocher », et Président du « Forum des catholiques allemands ».
Au pape Benoît XVI incombe la dure obligation de gouverner l’Église en des temps difficiles. Malgré sa modestie, personne ne peut nier qu’il est à la tête de 1, 2 milliards de catholiques ! Tous ne peuvent pas le connaître personnellement, lui serrer la main, ou échanger quelques mots avec lui. Mais ils peuvent l’apercevoir lors de ses voyages ou ses audiences, et écouter ses catéchèses. Pour ma part, j’ai pu l’approcher plusieurs fois dans le cadre du « Forum des catholiques allemands qui a été fondé à Fulda en 2000. Nous organisons des congrès intitulés « La Joie de croire » à partir du Catéchisme de l’église catholique, en vue de la Nouvelle évangélisation. Cardinal Joseph Ratzinger était notre invité à la messe de clôture en 2002.

Sa personnalité ne correspond pas du tout à la caricature malveillante des médias. Il sait gagner tous les cœurs de ceux qui l’approchent, et par son enseignement il réussit à approfondir la Foi de beaucoup. Quant aux jeunes, Sa Parole est très attendue, car elle va droit à l’essentiel, souvent à contre-courant de l’opinion. Son souci majeur, c’est faire connaître le don de la Foi, l’amitié du Christ.

>>> A suivre...