Idéologie du genre: qui croit ne peut pas se taire

Le IVe rapport sur la doctrine sociale de l'Eglise, publié par L'Observatoire Van Thuân, vient d'être présenté à Triste. Interviewe de son président l'archevêque Crepaldi, et rappel des propos prophétiques de Benoît XVI, dans Caritas in Veritate [1] (27/1/2013)

     

Le IVe rapport sur la doctrine sociale de l'Eglise dans le monde, publié par L'Observatoire Van Thuân s'intitule «La nouvelle colonisation» .
Cette nouvelle colonisation, qui ne connaît aucun précédent dans l'histoire, n'est rien moins que la colonisation de la nature humaine. J'avais traduit un article sur le sujet issu du site korazym.org (cf. La nouvelle colonisation... ).

Le sujet est d'une urgence absolue et brûlante; à l'heure où le mouvement s'accélère et où la pression se fait terrible et, ce qui est encore plus grave, simultanée dans le monde entier (je crois sincèrement que François Hollande n'y peut absolument rien, car cela ne dépend pas de lui: et même, on pourrait dire qu'il n'a été élu que pour cela), il ne faut surtout pas craindre de se répéter.
Radio Vatican en italien publie aujourd'hui une interviewe de Mgr Crepaldi, le président de l'Observatoire.

     

L'idéologie du genre dénature l'homme.
Mgr Crepaldi: les catholiques ne peuvent pas se taire
(Source)

Nos sociétés sont en train de «congédier» la nature humaine en promouvant, à travers des lois, les médias et de grandes ressources économiques, un concept d'identité qui doit être construit sans référence au sexe comme donnée anthropologique, mais à la sexualité comme choix ou comportement.
C'est la dénonciation du quatrième rapport de la Doctrine sociale de l'Eglise, publié par l'Observatoire International Van Thuan et présenté ce matin à Trieste. Face à ce défi, les chrétiens ne peuvent pas garder le silence ou se conformer aux modes dominantes.

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Une frontière prioritaire pour la doctrine sociale de l'Eglise, non moins grave et urgente que la pauvreté et l'exploitation: c'est celle que le quatrième rapport de l'Observatoire Van Thuanu appelle la «colonisation de la nature humaine».

Il s'agit d'un phénomène qui s'impose sur une grande échelle à travers une énorme pression internationale, avec l'intention de porter atteinte à la nature de l'homme sur lequel la société se fonde. L'étude cite l'exemple de l'Argentine, un pays de tradition chrétienne où, dans la seule année 2011, sont entrées en vigueur des mesures sur la procréation artificielle, la reconnaissance de l''«identité de genre» et «les mères porteuses». Des lois qui s'attaquent à la société pour la déconstruire et en former une autre complètement différente, inspiré par l'idéologie du genre. Cette idéologie est «financée par de puissants lobbies et promue par des organisations internationales» ainsi que «par des agences de l'ONU», «désormais enseignée dans les écoles» et «diffusée sans l'opposition des pouvoirs publics».

«L'UE est le principal bailleur de fonds de l'avortement dans le monde» - dit le rapport - et «dans les Etats où les couples de fait (=PACS) ou les unions homosexuelles sont reconnues, la réforme du droit de la famille suit».
L'impossibilité de contrer certaines propositions du monde gay «pour éviter le risque d'être accusé d'homophobie, porte atteinte à la libre expression des idées, à l'éducation des enfants et à la possibilité de proposer publiquement le modèle de la famille hétérosexuelle», tandis que les «nouvelles» familles sont «promues par les médias, sans possibilité de contradiction».

Mais bien que la gravité de la situation, maintes fois dénoncée par Benoît XVI, ne soit souvent pas réellement perçu par les chrétiens, ceux qui croient ne peuvent pas se taire et «à une conception erronée de la nature, il faut répondre par une bataille culturelle à la hauteur du défi en acte».

Pour commenter le contenu du rapport de la Doctrine sociale de l'Eglise, Paul Ondarza a interviewé Mgr. Giampaolo Crepaldi, président de l'Observatoire international Cardinal Van Thuan:

R. - C'est une urgence qui a été soulignée avec une grande force par notre Saint-Père; elle va malheureusement dans le sens de mettre de côté la nature, la création et le Créateur, pour aller vers d'autres rivages.

Q. - Il est question d'une idéologie qui est soutenu par une mobilisation massive des médias et l'utilisation de grandes ressources. Mais pourquoi prend-elle pied? Qu'est-ce qui se cache derrière?

R. - Il faut rappeler ici, cette analyse extraordinaire qui avait été faite par Jean-Paul II dans Centesimusm annus: lorsque vous perdez la référence à Dieu - et dans notre cas spécifique, pour les matières dont nous parlons - le Créateur, vous risquez de perdre le sens de l'humain. Maintenant, il ne s'agit plus - même pour le monde catholique - de protéger la vie ou de défendre la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme; il faut encore faire bouger les aiguilles de l'horloge, pour défendre l'humain en tant qu'humain! C'est le grand, vrai problème.

Q. - Ceux qui croient ne peuvent rester silencieux ...

R. - Le grand mérite d'avoir alerté le monde catholique sur ce front, nous le trouvons dans Caritas in veritate (1), qui est le grand document social de Benoît XVI, où il dit que la question sociale - qui a toujours été l'objet de la Doctrine sociale de l' Eglise - est devenue radicalement une question anthropologique. Cela signifie que la vraie question sociale aujourd'hui est l'homme, et l'humain. Il me semble que c'était une page, dans un sens, «prophétique» de Benoît XVI, qui indique également une direction dans laquelle nous devons nous engager et où les catholiques doivent encore livrer une saine bataille culturelle.

     

[1] Encore une prophétie de Benoît XVI

§ 75. Paul VI avait déjà reconnu et mis en évidence l’horizon mondial de la question sociale.
En le suivant sur ce chemin, il faut affirmer aujourd’hui que la question sociale est devenue radicalement une question anthropologique, au sens où elle implique la manière même, non seulement de concevoir, mais aussi de manipuler la vie, remise toujours plus entre les mains de l’homme par les biotechnologies.
La fécondation in vitro, la recherche sur les embryons, la possibilité du clonage et de l’hybridation humaine apparaissent et sont promues dans la culture contemporaine du désenchantement total qui croit avoir dissipé tous les mystères, parce qu’on est désormais parvenu à la racine de la vie. C’est ici que l’absolutisme de la technique trouve son expression la plus grande. Dans ce genre de culture, la conscience n’est appelée à prendre acte que d’une pure possibilité technique.
On ne peut minimiser alors les scénarios inquiétants pour l’avenir de l’homme ni la puissance des nouveaux instruments dont dispose la « culture de mort ». À la plaie tragique et profonde de l’avortement, pourrait s’ajouter à l’avenir, et c’est déjà subrepticement in nuce (en germe), une planification eugénique systématique des naissances. D’un autre côté, on voit une mens eutanasica (mentalité favorable à l’euthanasie) se frayer un chemin, manifestation tout aussi abusive d’une volonté de domination sur la vie, qui, dans certaines conditions, n’est plus considérée comme digne d’être vécue.
Derrière tout cela se cachent des positions culturelles négatrices de la dignité humaine. Ces pratiques, à leur tour, renforcent une conception matérialiste et mécaniste de la vie humaine.
Qui pourra mesurer les effets négatifs d’une pareille mentalité sur le développement ? Comment pourra-t-on s’étonner de l’indifférence devant des situations humaines de dégradation, si l’indifférence caractérise même notre attitude à l’égard de la frontière entre ce qui est humain et ce qui ne l’est pas? Ce qui est stupéfiant, c’est la capacité de sélectionner arbitrairement ce qui, aujourd’hui, est proposé comme digne de respect. Prompts à se scandaliser pour des questions marginales, beaucoup semblent tolérer des injustices inouïes. Tandis que les pauvres du monde frappent aux portes de l’opulence, le monde riche risque de ne plus entendre les coups frappés à sa porte, sa conscience étant désormais incapable de reconnaître l’humain. Dieu révèle l’homme à l’homme; la raison et la foi collaborent pour lui montrer le bien, à condition qu’il veuille bien le voir; la loi naturelle, dans laquelle resplendit la Raison créatrice, montre la grandeur de l’homme, mais aussi sa misère, quand il méconnaît l’appel de la vérité morale.
(http://www.vatican.va/)