Interviewe du Cardinal Barbarin

Il répond aux questions de Il Messagero: «Après Ratzinger, il n'y aura pas d'autres géants» (24/2/2013)

     

Francesca Pierantozzi
Il Messagero, 23/2
(Source, ma traduction)

Le 28 février, à 7 heures du soir, le cardinal Barbarin célèbrera dans la cathédrale de Lyon une messe d'au revoir à Benoît XVI.
«C'est un homme qui a toujours été libre dans sa mission» dit le primat des Gaules, archevêque de Lyon, du Pape qui s'en va.
Barbarin avait déjà participé au Conclave qui avait élu Benoît XVI en 2005, et s'apprête à repartir pour Rome.
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«C'est une élection très particulière. Nous sommes très peu d'électeurs, mais beaucoup sont éligibles. C'est une élection dont la fréquence est entièrement irrégulière, sans campagne électorale, sans candidats. Mais peu importe si le successeur ne sera pas un géant comme les deux qui l'ont précédé: la fonction ne requiert pas nécessairement des géants».

- La tâche du Conclave s'annonce difficile?
«Succèder à ce géant de l'office pastoral qu'a été Jean-Paul II, et à ce géant de la théologie qu'est Benoît XVI, ce ne sera pas facile, c'est vrai. Mais la qualité d'un Pape ne se mesure pas principalement à ses qualités humaines: nous désirons avant tout qu'il soit un saint. Sa première mission, ne l'oublions pas, est de confirmer ses frères ses soeurs dans la foi, il doit être le roc de l'unité sur lequel repose toute l'Eglise. Le prochain Pape devra donc être solide, déterminé à travailler pour la communion, et à développer la nouvelle évangélisation que vit l'Eglise».

- Quelle leçon l'Eglise doit-elle tirer de la renonciation de Benoît XVI?
«Cela a été une décision tout à fait inattendue, parce qu'elle déroge à une tradition pluriséculaire, mais ce n'est pas une surprise, parce que Benoît XVI n'avait jamais caché l'intention de pouvoir se retirer. C'est un signe de la liberté de cet homme, dont la devise "coopérateur de la vérité" se trouve sagement et humblement illustré dans la décision qu'il a prise. Ce doit être un exemple pour tous les catholiques, et pas seulement, au-delà de la communauté catholique, pour le monde. Cela démontre que l'autorité doit toujours être un service, et pas une ambition, et moins que jamais, une priorité».

- Quelle Eglise laisse le Pape?
«L'Eglise a crû en intériorité. Après le Pontificat splendide de Jean-Paul II, Benoît XVI nous a constamment invité au silence, à tonifier notre vie intellectuelle et à intensifier notre vie spirituelle, suivant son exemple d'homme en qui les deux dimensions sont si harmonieusement liées».

- Vous avez participé à l'élection de Benoît XVI. Dans quel esprit affrontez-vous ce second voyage à Rome?
«Je sais bien que je vais affronter une épreuve spirituelle forte, qui requiert beaucoup de silence et d'écoute. Je me souviens qu'en 2005, nous nous sommes sentis "soulagés" quand Benoît XVI a été élu. Au terme du Conclave, alors, beaucoup d'entre nous avaient les yeux ruisselants de larmes. Aujourd'hui, je voudrais surtout inviter les catholiques à prier pour cela, parce que nous avons vraiment besoin de la grâce du Seigneur pour découvrir qui Dieu a choisi, et pour pouvoir l'accueillir comme notre nouveau Pasteur».