Le jeu de massacre de la Curie

... et le plaidoyer de JL Restàn. Traduction de Carlota (11/3/2013)

Nous avons parlé à plusieurs reprises (cf. par exemple Une interviewe du cardinal Herranz) dans ces pages de l'injustice des attaques contre la Curie.
JL Restàn prend sa défense, tout en conservant une pointe de sévérité peut-être excessive, en particulier contre le cardinal Bertone, dont je n'ai personnellement jamais vraiment compris pourquoi il était si férocement attaqué... A moins que cela n'ait un rapport avec une certaine déclaration faite en 2010, en pleine affaire de pédophilie dans l'Eglise, lors d'un voyage au Chili, où il avait lié "pédophilie et homosexualité", suscitant l'ire de l'ensemble de la presse chienne de garde de la pensée unique... (cf. ici)

     

Le jeu de massacre de la Curie
Paginas digital
José Luis Restán
26/02/2013
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Pas de panique, je ne vise pas la légende rose. Je connais trop bien l’affaire. Mais pas non plus la noire. Il semble qu’accuser la Curie romaine de tous les maux de l’Église s’est transformé en sport international, c’est gratuit et ça rapporte gros. Eh bien, moi je ne joue pas. La Curie est un instrument pensé pour soutenir le Pape dans son travail de gouvernement de l’Église Universelle, c’est une structure auxiliaire et par conséquent toujours perfectible. On peut la réformer, la simplifier, la rendre plus souple. On essaie de le faire et on l’obtient…plus ou moins. Disons-le en une fois : elle est constituée de personnes avec leurs vertus et leurs misères.

Les pontificats ne sont pas des circuits fermés. Benoît XVI a reçu un héritage rendu un peu incommode par les derniers temps de l’agonie de Jean-Paul II et il a tout au long des huit ans formé son équipe avec les personnes qu’il avait sous la main. Il n’aura pas pu réaliser son schéma idéal, bien sûr, mais il serait ridicule d’ignorer qu’il a formé une équipe avec des gens très précieux et en accord avec sa pensée : le Canadien Ouellet à la Congrégation des Évêques, le Suisse Koch aux Relations Interconfessionnelles, notre (ndr car espagnol) Cañizares à la Liturgie…dernièrement son disciple Müller à la Doctrine de la Foi. Et naturellement Bertone, son Secrétaire d’État, qui a été la cible de toutes les ires. Bertone a eu ses limites (pour certaines très évidentes) et peut-être lui a-t-il manqué une main gauche, mais bien évidemment il a été un homme fidèle et entièrement dévoué au Pape

Il est sûrement évident qu’à la Secrétairerie d’État s’est maintenue une rivalité sourde entre « diplomates » et « pastoraux » pour utiliser des catégories un peu grossières. Certainement tout le monde n’a pas secondé à la vitesse de l’éclair les décisions de ce que certains ont appelé un pontificat pénitentiel : purification, transparence, changement de mentalité pour affronter la plaie des abus ou l’usage de finances. Un rappel pour dire que le Pape théologien et catéchiste a été aussi un Pape de gouvernement sur des sujets très durs. Et c’est sûr que la machinerie n’a jamais été à la hauteur. Benoît XVI le savait et le contemplait avec une pointe d’ironie salutaire, parce qu’il comprend que Dieu a voulu prendre un grand risque avec nous les hommes, en usant d’un matériel si défectueux pour mener à bien son œuvre dans le monde.

Mais quand il parle de ses collaborateurs je ne crois pas que le Pape Ratzinger pratique la diplomatie (mal comprise), la politesse (ndr en français dans le texte), ou les traits d’esprit (1) florentins. Parce qu’il n’est pas de ceux-là, parce que comme dit l’Évangile il est de ceux qui disent oui-oui, non-non. Et à la fin de ses derniers Exercices, il leur a ainsi parlé : « Je veux vous remercier pour ces huit années où vous avez supporté avec moi, avec une grande compétence, affection, amour et foi, le poids du ministère pétrinien ». Fasse que le prochain Pape ait le temps et les énergies pour réformer la Curie et trouver les meilleurs collaborateurs. Mais comme toujours Benoît XVI nous a rappelé le problème de l’Église aujourd’hui ne consiste pas à réformer des structures mais à revenir chaque jour à la source de la foi, et à savoir offrir cette source à la soif de nos contemporains.

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(1) Le mot espagnol vient du mot italien ciancia
En espagnol c’est un mot qui fait bien dans une conversation, mais aussi cela peut être un mot pas sincère, sous le dehors d’un compliment...