Le livre-confession d'Ali Agça

Vittorio Messori, grand spécialiste des apparitions mariales, donne un avis qui nuance les affirmations à chaud. La piste iranienne est, selon lui, crédible. Interviewe par Paolo Rodari (2/2/2013)

>>>Cf. Ali Agça ment effrontément (peut-être pas... enfin, pas sur tout!!)

Ce n'est pas un secret que j'ai beaucoup de respect pour Vittorio Messori, et son opinion ne peut certes pas être écartée.
Elle n'invalide en rien les démentis (irréfutables) du Père Lombardi. Et n'annule pas non plus la question de l'opportunité éditoriale pour la sortie du livre. Mais le fond est troublant.
Il répond ici aux questions de paolo Rodari. Ma traduction.

     

"L'Iran voulait-elle atteindre le Pape?
Cette fois, Ali Agca est crédible"

Vittorio Messori: «Ses révélations sur la piste religieuse et le rôle de Khomeiny sont à prendre au sérieux. Les chiites revendiquent depuis des années la propriété de Fatima»

Paolo Rodari
Il Giornale
02/02/2013

Depuis deux jours, on trouve en librairie la biographie d'Ali Agca «Ils m'avaient promis le paradis. Ma vie et ma vérité sur l'attentat contre le Pape» dans laquelle l'ancien
Loup Gris affirme que l'instigateur de la tentative d'assassinat du 13 mai 1981 sur la place Saint-Pierre était l'ayatollah Khomeiny.
Une version séchement démentie hier par le Vatican qui, par la voix du Père Federico Lombardi, citant des «témoignages hautement crédibles», affirme qu'il s'agit de faussetés.
Interviewe de Vittorio Messori:


* * *

- De quoi s'agit-il? D'un dernier mensonge après des années de fausses pistes?
« Je ne pense pas qu'on puisse dire cela»

- Dans quel sens?
« Dans le fleuve des hypothèses et des interprétations sur l'attentat, la piste religieuse, que personne n'a jamais évaluée correctement, est la seule, à mon avis, qui mérite d'être prise au sérieux. Bien sûr, je ne sais pas si tout ce que raconte Agca aujourd'hui est vrai, mais la piste religieuse reste la seule plausible»

- Vous parlez de l'islam chiite?
«Bien sûr. Et de Fatima. Le sanctuaire portugais est sacré pour tous les musulmans. C'est, en effet, le nom de la fille préférée de Mahomet qui en épousant Ali lui a assuré cette postérité dont se réclame principalement l'islam chiite, qui, ce n'est pas un hasard, prévaut en Iran. On ne peut pas sous-estimer que la plus importante apparition de la Sainte Vierge, au XXe siècle a eu lieu dans le seul endroit d'Occident qui porte le nom de celle qui, pour les musulmans, a un rôle marial. Entre autre, le Coran lui-même a pour Marie des expressions de très haute louange et dévotion. A Fatima, en somme, se serait opérée une sorte de conjonction entre les deux femmes les plus vénérées dans le monde musulman: la mère de Jésus et la fille de Mahomet. De là, une série de revendications islamiques, devant lequel le monde occidental a toujours été distrait. Mais il suffirait de considérer ce qui passe tous les jours à la télévision iranienne pour comprendre»

- Quoi?
« Tous les mois des émissions sont diffusées, dénonçant le vol qui aurait été consommé à Fatima. Pour les chiites, ce n'est pas la Sainte Vierge qui est apparue aux trois petits bergers, mais en fait la fille du prophète Mahomet, Fatima. En outre, entendre de la bouche même du responsable du sanctuaire de Fatima que parmi les visiteurs, il y a de plus en plus de musulmans, fait réaliser à quel point Fatima est vraiment pour ce monde un endroit important».

- Et que vient faire Jean-Paul II dans tout cela?
«Pour l'islam chiite, ce n'est un mystère pour personne, il est intolérable que Fatima appartienne aux catholiques. En ce sens, la fameuse coïncidence (le 13 mai) entre l'attentat à Rome et l'apparition au Portugal pourrait avoir la valeur d'un signe: que paie de sa vie, pour son sacrilège, le chef d'une Église qui occupe ce qu'Allah a voulu pour les vrais croyants, les musulmans. Donc, de ce point de vue aussi, il semble que l'interaction entre le turc Ali Agca et la Sainte Vierge, ne soit pas un hasard».

- Jean-Paul II a toujours lié l'agression subie au secret de Fatima. En 2000, il a rendu public la troisième partie du secret qui parlait de l'attentat contre un Pape et il a révélé que c'était lui-même. Mais a-t-il vraiment pensé à l'islam chiite?
«Il est difficile de répondre. Un fait est certain. La piste politique n'a jamais entièrement convaincu le Vatican. Elle n'a même pas réussi à convaincre les services secrets d'Allemagne de l'Est. Il est connu que Markus Wolf, le chef des services Allemands qui utilisait un infiltré au Vatican pour voler des informations, le bénédictin Eugen Brammertz, ne considérait pas la piste politiquecomme vraisemblable, à savoir l'attentat commandé par les pays de l'Europe de l'Est. Tant et si bien que lorsqu'on lui a demandé si la Stasi était d'une certaine façon impliquée, il répondit: "Non, ce n'était pas de notre fait, aussi parce que cela aurait été un énorme boomerang". Du reste on connaît les liens d'Agca avec les milieux de l'intégrisme islamique. Pour toutes ces raisons, il est naturel de penser à la véridicité de cette dernière hypothèse»