Les medias et le Conclave: une caricature!

L'histoire d'une incompréhension absolue, et aucune "communication" n'y fera jamais rien. Je reproduis un article d'un "prestigieux" journal suisse. Une synthèse!!! (8/3/2013)

>>> Antidote: Conclave: la lecture "politique" est erronée (Messori)

     

J'ai le choix entre l'explication de texte, ou laisser l'article "dans son jus".
J'ai choisi la seconde option, pas seulement parce que c'est plus simple, mais surtout parce qu'il n'y a rien à ajouter...

Repubblica docet

C'est une "synthèse" (cf. Michel Audiard!!!)

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http://www.letemps.ch/

     

Vatican: la tentation de la démocratie
Marco Danesi
8 mars 2013
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A l’aube du conclave qui doit désigner le 265e successeur de Pierre, les cardinaux palabrent et demandent du temps. Les congrégations générales ressemblent à des conciles informels. Les princes de l’Eglise n’éluderaient aucune des questions qui ébranlent la maison catholique et le gouvernement de Rome.

Le retrait, historique, de Benoît XVI a ouvert les vannes de la parole.
D’autant plus que son pontificat, selon les commentateurs, aurait un goût d’«inachevé», face à la révolution démographique des catholiques dans le monde et face aux «scandales».

La tentation grandit d’attaquer de front la figure du pape empereur, vicaire du Christ infaillible, ainsi que la culture du secret, deux piliers de l’Eglise romaine. La crise contemporaine, susurrent certains, exige démocratie, collégialité et transparence.

Quelques cardinaux commencent à imaginer une autre «gouvernance», plus évasée, moins pyramidale.
Le Vatican doit regagner des parts de marché, en Europe et en Occident, en abordant les sujets qui fâchent (divorce, mariage pour tous, mariage des prêtres, ordination des femmes, etc.). Doit assurer l’essor des catholiques dans les continents porteurs sans les brider, en faisant entendre la voix de l’Eglise sur les grands thèmes économiques et sociétaux. Enfin, doit faire la lumière dans tous les domaines: financier, juridique, des mœurs.

Les sources d’inspiration ne manquent pas. Cormac Murphy-O’Connor, ancien archevêque de Westminster à Londres, envisage depuis longtemps un «gouvernement des évêques», comme le suggérait le Concile Vatican II. L’année dernière, le défunt cardinal Carlo Maria Martini, ancien archevêque de Milan, conseillait au pape et aux évêques en guise de testament «de chercher douze personnes hors piste pour les postes de direction. Des hommes qui sont proches des pauvres et qui sont entourés par des jeunes et qui expérimentent des choses nouvelles.»

Plus iconoclastes encore, des voix évoquent la nécessité de «déromaniser» l’Eglise alors que l’univers catholique se désaxe vers le Sud; «l’alternative n’est pas entre Rome et un autre centre, mais entre Rome et pas de centre du tout», résumait Lucio Caracciolo dans le quotidien italien La Repubblica. L’horizontalité devient une perspective d’avenir.
Mais le besoin de renouveau parmi les fidèles se heurte à l’inertie puissante du statu quo, dans les palais et sur le plan théologique. D’un côté, des ébauches de réforme de la Curie, le gouvernement du Saint-Siège, n’ont pas abouti. Les «Romains» défendent farouchement leurs prérogatives. Les deux derniers papes, Jean Paul II et Benoît XVI, plutôt enclins à laisser le gouvernail de l’appareil à leurs secrétaires d’Etat, ont en quelque sorte abandonné le pouvoir à la Curie.

De l’autre, les conservateurs bétonnent les dogmes à la barbe des catholiques progressistes, à l’image du manifeste «Kirche 2011», signé à l’origine par 150 théologiens de langue allemande, qui réclame le changement contre l’immobilisme et la surdité de Rome. Ou de l’initiative suisse alémanique des paroisses. L’évêque de Coire, Mgr Huonder, affirmait récemment: «Si l’Eglise catholique se mettait à suivre les tendances de la société, elle ne serait plus que d’un catholicisme relatif.» Par ailleurs, les 115 cardinaux électeurs et éligibles réunis à Rome ont été nommés par Jean Paul II et Benoît XVI, gage de continuité doctrinaire, plutôt dans le sens de la tradition que d’un «aggiornamento».

Ces turbulences trahissent l’embarras d’une demeure en péril. La désaffection du monde occidental sécularisé confronté à un marché alternatif de la spiritualité en expansion saute aux yeux. Le déplacement de la ferveur vers l’Afrique et l’Amérique latine ne date pas d’aujour­d’hui; encore qu’au Brésil, le plus grand pays catholique de la planète, la fuite vers les protestants évangéliques inquiète. Les relations torturées avec les autres religions ne sont pas résolues, malgré les appels répétés en faveur de l’œcuménisme. Les poches ultraconservatrices (Ecône, pour n’en citer qu’une) posent toujours problème. Les scandales pédophiles détournent les plus fidèles. L’opacité des finances vaticanes irrite. Les errances de la Curie – dont le Vatileaks, la fuite de documents réservés du pape, n’est que l’exemple le plus frappant – font régulièrement la une des médias.

Confrontés à la déferlante, bon nombre de cardinaux veulent donc largement débattre de réformes avant leur entrée dans la chapelle Sixtine. Tant pis pour ceux qui voudraient élire le nouveau pontife au plus vite. Depuis quelques jours, la boîte de Pandore est ouverte et les «robes rouges», d’Amérique du Nord surtout (deuxième groupe plus important après les Italiens et puissance financière d’envergure), veulent dessiner précisément le profil du successeur de Benoît XVI et les structures s’y référant.

Entre la vigueur pastorale de Jean Paul II, fondée sur le charisme, et la profondeur intellectuelle de Benoît XVI, pédagogue et moraliste, les partisans d’une réforme imaginent un pape d’un autre genre, ni tout-puissant, ni professeur des Evangiles. L’élu, plus jeune, aurait l’allure d’un business manager à la tête d’une multinationale, doué d’autorité mais capable de déléguer. Un réseau de relais régionaux gratifiés de l’autonomie indispensable tisserait les liens entre Rome et le monde. Un conseil d’administration, dont le pape serait le primus inter pares, élaborerait la ligne générale. Les diocèses auraient pour ­mission de mettre en œuvre le programme en respectant les spécificités locales. La Curie s’occuperait surtout de coordonner le dispositif.

Pour ce qui est du futur pape, il devra se montrer irréprochable. Les médias le scruteront comme jamais. Les prélats états-uniens, encore eux, ont déjà fait savoir qu’ils veilleront sur son intégrité: il devra être issu par exemple d’un diocèse épargné par les accusations de pédophilie.