Mgr Aillet cible d'une campagne d'injures

Quelques réflexions en marge: Qui paie? La prophétie du cardinal George et l'avertissement de Mgr Müller. Des propos du cardinal Ratzinger: "J'entendais résonner à mes oreilles les paroles de la Bible et des Pères de l'Église, qui condamnent avec la plus grande rigueur les bergers qui sont comme des chiens muets et, pour éviter des conflits, laissent le poison se répandre". Et un commentaire de Carlota (5/2/2013)

     

Le site Observatoire de la Christianophobie informe d'une campagne d’affiches injurieuses collées récemment dans le pays basque par le groupe d'extrême-gauche Ipeh Antifaxista, contre Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron.

Première question qui se pose, et elle est de taille: qui paie ces affiches? Je sais par expérience, ayant il y a quelques années réalisé des affiches pour la promotion des classes préparatoires de mon lycée et demandé un devis à une entreprise d'infographisme pour la reproduire, que cela coûte très cher, raison pour laquelle j'avais dû me limiter à n'en commander qu'à peine une demi-douzaine d'exemplaires.

L'une des affiches, propose, "découpé" sur une photo floue de Mgr Aillet, barrée d'un symbole "danger" du code de la route (le mot "DANGEREUX?", en gros caractère, en-dessous, est accolé au logo du groupuscule), le texte que je reproduis pour plus de commodité:

Après avoir rendu hommage en juin 2010 à la mémoire du saint directeur spirituel de Franco, José Maria Escriva de Balaguer, fondateur de l'Opus Dei, l'évêché très décomplexé de Bayonne célèbre à nouveau la figure d'un théoricien sulfureux de l'action de l'Église contre les maux qui la menaceraient (pêle-mêle toutes les formes passées et présentes de libération de la pensée, de la Révolution de 1789 au socialisme et à la "judéo-maçonnerie") en la personne de Jean Ousset.

"La christianophobie ambiante, diligentée de près ou de loin par de secrètes officines, ne semble pas atteindre outre-mesure le moral de nos responsables politiques. Allons-nous revenir à une période de persécution qui dirait son nom? Il est peut-être trop tôt pour le dire; en tout cas, il est du devoir de chaque catholique de défendre le Christ et la Sainte Eglise. Je vous encourage donc à servir cette noble cause en repartat sans cesse de la Croix du Seigneur"
(courrier adressé à Civitas en date du 11 octobre 2011)
SOUTIEN OFFICIEL de CIVITAS et de l'église St-Eloi à Bordeaux!

Se rendent-ils compte qu'en publiant de tels tracts, ils justifient les pires soupçons que l'on pourrait nourrir à leur endroit, les pires inquiètudes quant aux persécutions dont les catholiques pourraient être victimes de leur fait, et inspirent la plus vive sympathie pour le courageux évêque de Bayonne.

On se dit que les propos de Mgr Müller, dans une interviewe récente au journal allemand Die Welt, où il évoque rien moins qu'une atmosphère de pogrom contre l'Eglise, aux cris de fureur de la classe médiatique et politique (traduction complète à venir), ne sont pas vraiment de simples fantasmes. Et que la "prophétie" du cardinal George (cf. benoit-et-moi.fr/2012(III)) risque de se vérifier plus vite que prévu...

A propos de Jean Ousset (le fait qu'il soit cité par les furieux du groupuscule m'incite à penser que ce dernier est infiltré par des "catholiques"), j'avais traduit sur ce site un très long texte de Massimo Introvigne: benoit-et-moi.fr/2011-III . Il vaut la peine d'être relu

Quant à l'allusion à Franco, à José Maria Escriva de Balaguer et à l'Opus Dei, elle a fait bouillonner les gouttes de sang espagnol Carlota, qui a écrit le commentaire ci-dessous.

     

Des affiches avant des actes ?
Carlota, 3/2/2013
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En réponse à l’affiche (*) contre Monseigneur Aillet, je recommande l’excellent dernier livre du Père Jorge López Teulón, de l’archidiocèse de Tolède. Ce prêtre diocésain est considéré aujourd’hui pour beaucoup comme le meilleur spécialiste des « nuisibles » de l’Église catholique des années 30 en Espagne, pour reprendre l’adjectif des adversaires de notre évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, en 2013.
La haine se nourrit de l’ignorance toujours entretenue par les « meneurs » (certains disent élites) chez ceux qu’ils veulent asservir…et dont ils veulent se servir. Quand il n’est plus possible de convaincre par la raison, seuls les faits peuvent peut-être encore parler, et même certains ne leur trouveront aucune signification, voire leur trouveront une justification contraire. Cette remarque vaut malheureusement encore aujourd’hui par rapport au terrible combat de civilisation, celui de la culture de vie contre celle de mort, qui est mené partout dans le monde, et plus particulièrement en France, en ce moment à l’Assemblée Nationale, contre une loi qui évidemment ne dit pas, son vrai nom.

Le livre de près de plus de 900 pages est intitulé «El martir de cada día» - Le martyr de chaque jour; malheureusement non disponible dans une autre version linguistique, c'est cependant un ouvrage de référence. L’éditeur le présente avec raison ainsi.
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Entre les nombreux livres qui ont été écrits sur la persécution religieuse dans l’Espagne de 1936 et ses martyrs, assassinés par haine de la foi dont ils ont donné témoignage, il manquait un livre comme celui-ci. « El martir de cada día », écrit avec l’acuité du meilleur journaliste, par un grand expert en histoire religieuse espagnole récente, de sang, de foi et de pardon : le prêtre Jorge López Teulón.
Ce n’est pas un livre de plus, à lire en une fois et à garder sur le rayonnage d’une bibliothèque. C’est le livre qu’il faut avoir auprès de soi, pour lire chaque jour la narration sur un ou plusieurs témoins de la foi, bien document et écrit dans le style le plus vivant d’un roman, même il s’est agi de réalités sanglantes. Ce livre aide à avoir présent chaque jour, le plus exemplaire de l’authentique « mémoire historique » […]
Du 18 au 31 juillet [1936) furent assassinés 861 prêtres et religieux, en août 2077, soit plus de 70 par jour. Dans les premiers mois de la guerre [civile espagnole] il y avait déjà 3400 martyrs prêtres et religieux. Tous ces chiffres il faut les ajouter aux nombreuses centaines de martyrs catholiques laïcs.
L’exemple des martyrs est celui de la foi vivante, de la force, de l’engagement généreux, et surtout, du pardon à ceux qui leur ont ôté la vie terrestre. Ce fut le même pardon à l’ennemi que le Christ a offert de sa Croix : « Père, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Un livre de martyrs pour la réconciliation.


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(*) Signe que la pastorale de Mgr Aillet dérange ?!

     

Pour conclure, je renvoie une fois de plus aux propos de Joseph Ratzinger répondant à Peter Seewald dans "Le Sel de la Terre", au sujet des conflits qui avaient pu émailler son passage à la tête du diocèse de Münich (page 81). Il confirme à quel point Mgr Aillet fait avec courage le travail qui lui a été confié, et mérite notre admiration, notre soutien, et nos prières!

On parle beaucoup aujourd'hui de la mission prophétique de l'Église.
Ce mot est parfois employé à tort.
Mais il est vrai, pourtant, que l'Église ne doit jamais pactiser avec l'esprit du temps. Elle doit interpeller les vices et les dangers d'une époque ; elle doit s'adresser à la conscience des puissants mais aussi aux intellectuels, à ceux aussi qui, d'un coeur étroit et tranquille, veulent vivre en passant indifférents devant les misères de l'époque.
Comme évêque, je me sentais obligé de remplir cette mission.
En outre, les déficits étaient trop flagrants : découragement de la foi, régression des vocations, abaissement des valeurs morales précisément parmi les hommes d'Église, tendance croissante à la violence et bien d'autres choses. J'entendais résonner à mes oreilles les paroles de la Bible et des Pères de l'Église, qui condamnent avec la plus grande rigueur les bergers qui sont comme des chiens muets et, pour éviter des conflits, laissent le poison se répandre.

La tranquillité n'est pas le premier devoir du citoyen, et un évêque qui ne chercherait rien d'autre qu'à éviter les ennuis et à camoufler le plus possible tous les conflits est pour moi une vision repoussante.