Obama nous envoie dans le gouffre fiscal

L'obamolâtrie de la presse française est aussi exaspérante que suspecte; mais - ce n'est pas forcément une consolation - elle est largement partagée par les medias italiens. Eclaircissements de Robi Ronza (4/1/2013).

     

Pendant plus d'une semaine, les medias français Obamolâtres nous ont tenu en haleine avec le «mur fiscal» américain, avant d'annoncer triomphalement que le beau Barack (qui avait daigné interrompre pour l'occasion ses vacances à Hawai, et que l'on nous a montré, au terme des négociations, gravissant en courant la passerelle d'Air Force One, comme si l'avion présidentiel risquait de partir sans lui) avait, une fois de plus, sauvé la planète!
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Extrait d'une dépêche AFP
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Barack Obama a salué mardi soir l'accord entériné quelques minutes auparavant par le Congrès pour éviter le "mur budgétaire", et affirmé qu'il tenait ainsi une de ses promesses de campagne d'établir une fiscalité plus juste. "L'un des piliers de ma campagne présidentielle était de changer un code des impôts qui était trop favorable aux riches aux dépens de la classe moyenne", a déclaré le dirigeant démocrate lors d'une courte allocution nocturne à la Maison-Blanche.
"Ce soir, nous l'avons fait grâce aux voix des démocrates et des républicains au Congrès", a ajouté Barack Obama, 20 minutes à peine après que la Chambre des représentants à majorité républicaine eut emboîté le pas au Sénat dominé par les démocrates en adoptant un projet de loi augmentant notamment le taux d'imposition des foyers aux revenus supérieurs à 450 000 dollars par an.

     

Obama nous envoie dans le gouffre fiscal
Robi Ronza
01/04/2013
http://www.lanuovabq.it/it/articoli-obama-manda-noinel-baratro-fiscale-5526.htm
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Évitant in extremis «le goufre fiscal» (en anglais fiscal cliff, en français mur fiscal) - c'est-à-dire le lancement annoncé d'un mécanisme drastique de réduction des dépenses et d'augmentation des revenus qui aurait réduit de moitié le déficit du gouvernement de Washington d'ici la fin de l'année 2013 - Barack Obama n'a rien fait d'autre que charger sur ses épaules du reste du monde le coût du sauvetage des intérêts du peuple (façon de parler!) de la majorité électorale qui, l'automne dernier, l'a réélu président.

Une nouvelle fois s'est trouvée confirmée une loi historique déjà vérifiée dans la Rome antique, selon laquelle ceux qui représentent les intérêts du peuple du pays de l'Empire finissent par financer sa politique sociale en puisant davantage dans les ressources externes que dans celles de ses plus féroces adversaires internes. Les tribuns de la plèbe, dans la Rome antique, se comportaient déjà de cette façon quand ils faisaient confisquer en Sicile, et non dans les domaines voisins des nobles quirites [Quirites (pluriel du latin Quiris, Quiritis) est le nom du peuple romain pris collectivement], le blé qui serait distribué à la plèbe romaine dont ils étaient les défenseurs.
Et c'est ce qu'a fait Obama, évidemment avec la technologie la plus sophistiquée et les dimensions mondiales qui sont typiques de notre époque.

C'est pourquoi il y a quelque chose de pathétique dans l'enthousiasme automatique pour tout ce que fait Obama, qui caractérise les correspondants aux USA de la presse italienne (!!!), en quasi-totalité d'orientation «progressiste».
Ils ne réalisent pas, ces misérables (je n'ose traduire par minables, mais c'est le sens!), que l'avenir des masses de travailleurs, des chômeurs et de précaires Italiens (et Européens en général) qu'ils prétendent représenter, aurait été beaucoup plus rose si Romney avait pris la place d'Obama. La question est évidemment plus complexe, mais pour avoir une idée juste, ils suffit de considérer quelques données de base. Les Etats-Unis ont une dette publique de 105,5% de leur PNB. Ce n'est pas les 123.1% de notre pays, mais c'est une valeur telle que, si les Etats-Unis étaient membres de l'Union européenne, elle les mettrait - même eux - hors des fameux «critères de Maastricht».

Contrairement au nôtre c'est, en grande partie, une dette étrangère, étant principalement détenue par des personnes, des organisations et des gouvernements étrangers. Face à cette dette, la pression fiscale en Amérique est égale à seulement 26,9% du PIB. Comment font-ils, alors, les Etats-Unis pour maintenir la machine des institutions, un énorme appareil militaire, les services publics, et payer les intérêts sur leur dette quand, par exemple, l'Italie peine à payer les intérêts de la sienne avec une pression fiscale qui atteindra cette année officiellement 45% (en fait, plutôt 50)? Simple: en continuant à emprunter et en imprimant de plus en plus de dollars dont la valeur est garantie non pas tant par leur économie, mais par leur puissance.

Grâce à la loi baptisée avec beaucoup d'imagination American Taxpayer Relief Act (ou «Loi d'assistance au contribuable américain»), approuvée par le Sénat pour le Jour de l'An et signée par lui le 2 Janvier, le président Obama a laissé inchangée la pression fiscale sur la classe moyenne et a augmenté en revanche celle sur les personnes ayant un revenu personnel de plus de 250.000 dollars, ainsi que sur les biens évalués à plus de 5 million de dollars. Il a ainsi pu se présenter sur le devant de la scène nationale et internationale en prétendant qu'il avait, comme promis, évité «l'abîme financier» en taxant les riches sans toucher à la classe moyenne (cela nous rappelle furieusement quelqu'un en ce moment précis, à nous autres français!!).

En fait, sa sortie est de la pure démagogie. Puisque dans l'absolu l'essentiel de la richesse américaine imposable est entre les mains des classes moyennes, les nouveaux impôts plus élevés sur les riches sont des "cacahuètes"; et moins que jamais, ils ne suffiront pour couvrir le coût de la croissance ultérieure de la dette publique que l'American Taxpayer Relief Act apportera.
Dès lors, les Etats-Unis recommenceront très vite à pomper les ressources du reste du monde en faisant la guerre à l'euro grâce à la planche à billets et à coups d'obligations du Trésor américain. En somme, Barack Obama sauve les siens de l'«abîme fiscal» en nous y jetant. On ne voit vraiment pas pourquoi nous devrions nous en réjouir.