Recevons François

Nous ferons ce que nous pourrons... Le dernier article de Juan Manuel Prada sur Religion en Libertad, traduit par Carlota (16/3/2013) Le dernier article de Juan Manuel Prada sur Religion en Libertad, traduit par Carlota (16/3/2013)

     

Recevons François
(Original ici: http://www.religionenlibertad.com)
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Et maintenant on va lourdement et avec insistance nous casser les pieds, en essayant de nous expliquer comme sera le pontificat de François à la lumière de ce qu’a fait ou a cessé de faire le cardinal Bergoglio.

Ceux qui agissent ainsi oublient que le Pape jouit de l’assistance de la grâce divine unique et très spéciale ; une grâce qui change l’homme sur lequel elle agit. Il suffit de se rappeler le cas du cardinal Mastai Ferreti qui appuya la cause de l’unification italienne et dont l’élection papale fut applaudie par les libéraux de l’époque… qui ne savaient pas que leur arrivait dessus Pie IX.

Plutôt que de continuer à dépoussiérer des épisodes de la vie et des exploits de Bergoglio, il me semble beaucoup plus éclairant de s’occuper des mots du nouvel évêque de Rome. Comme l’a dit Pie II (ndt: cf wikipedia avec les réserves d’usage ), auparavant Eneas Silvio Piccolomini, écrivain frivole et licencieux : «Aeneam reicite; Pium recipite» (ndt repousse Eneas, accueille Pie).
Recevons François.

Et en le recevant, nous pourrons apercevoir peu à peu le « style » de son pontificat. Au moment de sa proclamation, malgré l’étourdissement (l’engourdissement même) causé par le poids de la responsabilité récemment acceptée, il nous a donné quelques pistes: il a mis les gens à prier pour son prédécesseur (ndt il est évident que la retransmission avec la traduction pitoyable en français qui empêchait en plus de comprendre les mots en italien n’a pas aidé à comprendre ce qui se passait), et avant de prononcer la bénédiction urbi et orbi, il a demandé à ceux qui étaient rassemblés qu’ils implorent la bénédiction du Seigneur pour lui. C’est un geste d’une humilité et une simplicité qui a été convenablement souligné (comme d’autres qu’il donnera ensuite comme son dîner avec les cardinaux ou lors de sa sortie à la basilique de Sainte Marie la Majeure) ; mais on n'a pas souligné que c’est surtout un signe de communion avec ses fidèles (à l’image de la communion des saints), qui seul peut s’obtenir à travers la prière.
De la nécessité de la prière, François a insisté dans le sermon de la messe à la fin du conclave, en nous rappelant la phrase de Léon Bloy : « Qui ne prie pas Dieu, prie le Diable ». Je reconnais que la citation de ce très grand écrivain maudit (ndt: et français, ami de Barbey d’Aurevilly qui l’aurait aidé à revenir à la foi catholique !), fouet de l’hypocrisie et de l’esprit de façade religieux (*), m’a ému très profondément. L'homélie du nouveau Pape a été d’une simplicité forte et rustique, brève comme une petite fleur franciscaine (ndt: allusion aux « floretti » de Saint François) ; mais dans son dépouillement elle cachait une force explosive. Sans acceptation de la Croix, il n’y a pas de cheminement avec le Christ ; et une Église qui n’accepterait pas la Croix, serait une alliée du démon. Cela a été une condamnation de la mondanité, - ce poison qui tue la foi, - en tout règle.

François peut être le Pape de la spiritualité, de la répudiation des pompes mondaines, d’une Église qui se purifie et se fortifie à travers la prière et la charité fraternelle, accrochée à la Croix. Recevons-le avec joie.

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Ndt:
(*) Ne nous méprenons-pas sur le terme mondanité : le mondain d’aujourd’hui peut être l’humoriste officiel des médias, à la tenue décontractée, les journalistes et le monde de la presse qui mentent et diffament pour un « plat de lentilles » à la hauteur de leur ambition, les hommes politiques qui dénoncent l’injustice et la guerre et parlent de solidarité et de liberté, ferment les yeux et bafouent leurs « principes » quand cela les arrange ; les ministres de l’éducation nationale et un certain corps enseignant qui sous prétexte d’égalité privent les enfants du savoir depuis quelques décennies, en les empêchant d’acquérir une promotion au mérite, ceux qui font croire que l’égalité c’est le refus de la différence, une droit à la différence qu’ils reconnaissent aux autres et pas aux leurs et aux plus petits et faibles des leurs (eugénisme des trisomiques par exemple); ceux qui sous prétexte de permettre à tous d’avoir des enfants, ne s’indignent pas de la marchandisation du petit d’homme, ceux qui parlent de morts dignes ; ceux qui sous prétexte de défendre les travailleurs, ont fait couler les entreprises françaises, ceux qui parlant de simplicité ont détruit le sens du beau et du travail bien fait ; ceux qui sous prétexte de retour à la liturgie des premiers chrétiens, ont fait oublié à leurs fidèles le sens du tabernacle et du corps vivant du Christ qu’il renfermait ; etc. Ne nous laissons pas abuser pas de mots dont le sens a été sciemment dévoyé pour mieux nous utiliser comme des « idiots utiles ».
Par ailleurs la pauvreté et l’humilité ne passent pas que pas un habit élimé, un repas frugal et la marche à pied… La mondanité de la simplicité existe aussi !