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Assunta

J'ai été éblouie par cette représentation de l'Assomption, admirée hier sur la Bussola. C'est le regard d'une artiste contemporaine italienne, Stefania Massacciesi, preuve que l'art sacré aujourd'hui peut encore être authentiquement chrétien. Explications (16/8/2013)

Image ci-dessous: www.bancavalconca.it/arte...
Notice wikipedia (en italien): it.wikipedia.org/wiki/Stefania_Massaccesi

Ci contre: un magnifique échantillon de son travail de sculpteur.

Assomption, le vol de la compassion
www.lanuovabq.it
Gloria Riva
15/08/2013
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Le ciel est son trône. Un ciel qui, dans son bleu turquoise, n'oublie pas l'ombre de la croix, à peine visible dans les jeux de couleur derrière cette Vierge extatique, très belle, "assunta", de Stefania Massaccesi.
Cette jeune artiste contemporaine retravaille ses perspectives audacieuses, les chargeant, cette fois, d'un profond sens religieux dont les limites se tendent entre certitude et qustionnements. La robe de Marie si dense, si pleine de soleil raconte l'histoire d'un mystère qui éblouit, un mystère que l'on craint et désire tout à la fois. Tout comme le soleil.

Elle, la Vierge, tend les bras vers cet infini qu'elle a tissé tout au long de son existence, dès sa conception. Elle ouvre ses bras, Marie mais tandis que sa main gauche souligne déjà, chargée de tension, le but ultime de son existence terrestre, l'autre main s'attarde vers une terre dont elle comprend qu'elle a une fois encore besoin d'une mère.

Et c'est justement cette main qui nous invite à diriger le regard vers le bas, vers la terre que les pieds de cette très pure mère-enfant ont foulée. Et alors, nous la voyons, là en dessous, enveloppée dans la froide étreinte de montagnes ombragées et de sinistres lueurs de feu, Jérusalem. La cité des aspirations de chaque homme, la cité à laquelle Dieu a donné beaucoup et a demandé beaucoup plus.

Un midrash raconte que Dieu avait dix portions de beauté à céder au monde. Il en a donné neuf à Jérusalem, et une au reste du monde. Dieu avait dix portions de science: neuf étaient destinées à Jérusalem, et le reste au monde. Mais Dieu avait dix portions de souffrance, il en a donné neuf à Jérusalem et le reste au monde. Et neuf portions de souffrance se déclinent dans les travaux de Massaccesi dans le jeu des couleurs: les blanc froids et coupants, les rouges violents et les ombres longues et bleues d'une nuit qui, avant d'être condition temporelle est condition spirituelle.

Cette nuit, cependant, connaît un port d'amarrage, ou plutôt un point de lumière très haut. L'artiste nous l'interdit. Elle ne nous permet pas de voir la source de cette lumière très pure. De façon naturelle, nous sommes amenés à penser à la lune, tellement est argenté le rayon de lumière qui encadre les édifices et caresse le dos des collines de Jérusalem, mais non. Ce n'est pas cela, la source de lumière, mais c'est plus haut, les pieds de la Vierge utilisent d'une certaine façon cette lumière et nous poussent vers le haut, toujours plus haut. Ils nous poussent droit vers les yeux de la Mère-Enfant. Là où la lumière dessine le contour de la nuque jusqu'au-dessus du visage, dans cet éclat de lumière très pure qui est l'auréole.

Là est la source de tant de candeur, ce sont les yeux de Marie. Si vrais, si limpides, si fortement fixés à ce moment éternel. Nous voudrions voir ce qu'elle voit. Nous voudrions nous aussi aimer, qui soommes pourtant toujours là ici-bas sous ses pieds immaculés, à l'intérieur des terribles contradictions de notre propre Jérusalem, nous voudrions nous aussi foixer le regard dans la lumière éternelle qui illumine tout, en dépit de nos nuits d'illusio sans fin.

Nous voudrions, mais nous restons restons là sous le reflet miroitant de son manteau de soleil. La femme revêtue de soleil s'élève vers le ciel qui l'a habité un jour dans sa maternité. Elle était, en fait, elle est la plus grande du ciel. Eh bien, cette Platytera, cette Vierge, dont le ventre contient ce que les cieux des cieux ne pouvaient pas contenir, à savoir, le Christ, dans l'oeuvre de Stefania Massaccesi est si humaine qu'elle nous fait percevoir ces Cieux plus proches, plus terrestres. Si les yeux de Marie resplendissent déjà de la pureté bleue du ciel qui l'habite, ses pieds montrent qu'ils ne veulent pas s'élever. Ce qui me fascine le plus fortement dans cette "Assunta" très moderne, c'est l'aperçu des pieds. Marie ne veut pas monter, ses pieds sont saisis dans l'instant de quelqu'un qui, surpris par le souffle d'un vent puissant qui tire vers le haut, veut rester. Marie ne peut abandonner cette terre si lourde d'ombres et de contradictions. Marie veut naviguer avec nous sur la mer de l'histoire. Elle nous accompagne, elle est à nos côtés. Elle reste. Et c'est dans ce 'rester' de Marie que Dieu, qui est pour la plupart confiné dans son ciel très pur, se fait maternel et proche. Dieu nous est connu entre le désir et la peur, entre le vol hardi et la descente pleine de compassion de cette Vierge Mère.