Accueil | D'un Pape à l'autre | Retour au Vatican | Collages de Gloria | The hidden agenda | Lumen Fidei | Lampedusa | Benoît et les jeunes

Continuité: défense de l'emploi

Benoît XVI, tout comme François, se soucie de l'emploi, de la précarité, du monde du travail (2/5/2013)

>>> Cf. Continuité: aller à contre-courant
>>> Continuité: les jeunes veulent de grandes choses

Pape François

1er mai 2013
Dépêche de l'AFP
Le pape François a appelé mercredi, à l'occasion de la fête du Travail, les dirigeants politiques à faire tout ce qu'ils peuvent pour créer des emplois, estimant que le chômage était le résultat d'une vision économique "en dehors des règles de justice sociale". "J'appelle les hommes politiques à faire tout ce qu'ils peuvent pour relancer le marché du travail", a déclaré le pape devant des milliers de fidèles assistant à son audience hebdomadaire, place Saint-Pierre. "Le travail est essentiel pour la dignité", a-t-il expliqué.

"Je pense aux difficultés du marché du travail dans différents pays. Je pense aux gens, pas seulement les jeunes, qui se retrouvent sans emploi souvent en raison d'une vision économique de la société fondée sur le profit égoïste en dehors des règles de justice sociale", a poursuivi le pape François. Le souverain pontife a fait ses déclarations alors que des défilés et des manifestations contre le chômage et les inégalités sociales sont prévus dans de nombreuses capitales à l'occasion de la fête du Travail.

----
Synthèse de la catéchèse en français:
Chers frères et sœurs, nous célébrons aujourd’hui saint Joseph, Travailleur, et nous commençons aussi le mois de Marie. Je voudrais réfléchir sur ces deux figures en m’appuyant sur deux idées : le travail et la contemplation de Jésus.
Le travail ! Jésus naît de Marie par l’action de Dieu, mais en présence de saint Joseph, son père légal. Il vit dans la Sainte Famille où il apprend le métier de charpentier. Cela nous rappelle que le travail fait partie du dessein d’amour de Dieu. Il nous « oint » de dignité et nous rend semblables à Dieu. Je pense en ce moment aux difficultés que rencontre le monde du travail et à ceux qui sont sans emploi. Je demande aux frères et sœurs dans la foi et à tous les hommes et femmes de bonne volonté de prendre une ferme décision contre la traite des personnes condamnées à un travail avilissant, qui rend esclave!
(...)
(http://www.vatican.va)

Benoît XVI

1. A Terni, le 26 mars 2011

Le Pape recevait des pélerins venus de Terni, important centre sidérurgique de l'Ombrie, durement secoué par la crise économique, qui a vu en 2004-2005 la fermeture du pôle d'acier électrique par la multinationale allemande Thyssen Krupp.
Voici son discours, dans ma traduction:

Chers frères et sœurs,

Je suis très heureux de vous accueillir ce matin d'adresser mes salutations cordiales aux autorités présentes, aux travailleurs, et à vous tous qui êtes venus comme pélerins au siège de Pierre. ... Vous êtes venus en grand nombre à cette rencontre - je suis désolé que certains n'aient pu entrer -, à l'occasion du trentième anniversaire de la visite du pape Jean-Paul II à Terni. Aujourd'hui, nous voulons le rappeler de façon particulière, pour l'amour qu'il a montré au monde du travail: nous l'entendons presque répéter les premiers mots qu'il a prononcés, à peine arrivés à Terni: "L'objectif principal de cette visite, qui a lieu le jour de la Saint-Joseph... est d'apporter une parole d'encouragement à tous les travailleurs et à exprimer ma solidarité, mon amitié et mon affection"( Discours aux autorités , Terni 19 Mars 1981). Je fais miens ces sentiments, et je vous embrasse tous de tout coeur ainsi que vos familles. Le jour de mon élection, je me suis présenté avec conviction comme un «humble travailleur dans la vigne du Seigneur», et aujourd'hui, avec vous, je voudrais rappeler tous les travailleurs et les confier à la protection de saint Joseph travailleur.

Terni est marquée par la présence de l'une des plus grandes usines d'acier, qui a contribué de manière significative à la croissance d'une réalité ouvrière. Un chemin marqué de lumière, mais aussi de moments difficiles, comme celui que nous vivons aujourd'hui. La crise de l'industrie met à dure épreuve la vie de la ville, qui a besoin de repenser Tout cela implique également votre vie professionnelle, et celle de vos familles. Dans les paroles de votre évêque, j'ai entendu l'écho des préoccupations que vous portez dans votre cœur. Je sais que l'Église diocésaine les fait siennes, et ressent la responsabilité de vous être proche, pour vous communiquer l'Évangile de l'espérance et la force de construire un monde plus juste et plus digne de l'homme. Et elle le fait à partir de la source, l'Eucharistie. Dans sa première lettre pastorale, L'Eucharistie sauve le monde, votre évêque vous a montré quelle est la source où puiser et où revenir pour vivre la joie de la foi et la passion d'améliorer le monde. L'Eucharistie dominicale est ainsi devenue le coeur de l'action pastorale du diocèse. C'est un choix qui a porté ses fruits; une participation accrue à l'Eucharistie dominicale, dont part l'engagement du diocèse pour le chemin de votre Terre. De l'Eucharistie, en effet, où le Christ se rend présent dans son acte suprême d'amour pour nous tous, nous apprenons à habiter dans la société en chrétiens, pour la rendre plus accueillante, plus ouverte, plus attentive aux besoins de chacun, surtout les plus faibles, plus riche d'amour. Saint Ignace d'Antioche, évêque et martyr, définissaient chrétiens ceux qui "vivent selon le dimanche" , autrement dit "selon l'Eucharistie". Vivre de manière "eucharistique" signifie vivre comme un seul corps, une seule famille, une société réunie par l'amour. L'exhortation à être "eucharistique" n'est pas une simple invite morale adressé aux particuliers, mais c'est beaucoup plus: c'est une exhortation à participer au dynamisme même de Jésus qui offre sa vie pour les autres, afin que nous soyons tous une seule chose.

Dans cet horizon s'inscrit également le thème du travail, qui aujourd'hui vous préoccupe, avec ses problèmes, surtout celui du chômage. Il est important de garder toujours présent à l'esprit que le travail est un élément fondamental à la fois de la personne humaine et de la société. Les conditions de travail difficiles ou précaires rendent difficiles et précaires les conditions de la société elle-même, les conditions d'une vie ordonnée selon les exigences du bien commun. Dans l'Encyclique "Caritas in Veritate" - comme l'a rappelé Mgr Paglia - j'ai exhorté à poursuivre sans relâche "et en priorité l'objectif de l'accès au travail et de son maintien pour tous" (n. 32).
Je tiens à souligner le grave problème de la sécurité au travail (1). Je sais que plus d'une fois, vous avez dû faire face à cette réalité tragique. Tous les efforts doivent être mis en place pour que la chaîne des mort et des accidents soit brisée.
Et que dire de la précarité du travail, surtout quand il concerne le monde de la jeunesse? C'est un aspect qui ne manque pas de créer de l'anxiété chez tant de familles! L'évêque a également mentionné la situation difficile de l'industrie chimique de votre ville, ainsi que les problèmes de l'industrie sidérurgique. Je vous suis particulièrement proche, mettant entre les mains de Dieu tous vos soucis et préoccupations, et je souhaite que, dans la logique de la solidarité et de la générosité, on puisse surmonter ces moments, afin de garantir un emploi sûr, stable et décent.

Le travail, chers amis, aide à se rapprocher de Dieu et des autres. Jésus lui-même était un ouvrier, il a même passé la majeure partie de sa vie terrestre à Nazareth, dans l'atelier de Joseph. L'évangéliste Matthieu souligne que les gens parlaient de Jésus comme du «fils du charpentier» ( Mt 13:55) et Jean-Paul II à Terni a parlé de l' "Evangile du travail", affirmant qu'il était "écrit principalement par le fait que le Fils de Dieu fait homme, a travaillé de ses propres mains. En effet, son travail, qui était un vrai travail physique, a occupé la plus grande part de sa vie sur cette terre, et il est ainsi entré dans l'œuvre de la rédemption de l'homme et le monde" (Discours aux travailleurs , Terni 19 Mars 1981). Cela en dit long sur la dignité du travail, et même sur la dignité spécifique du travail humain qui s'insére dans le mystère de la rédemption. Il est important de comprendre cela dans la perspective chrétienne. Souvent, cependant, il n'est vu que comme un moyen de gain, quand ce n'est pas, dans diverses situations du monde, comme un moyen d'exploitation et donc d'offense à la dignité de la personne humaine.

Je voudrais également mentionner le problème du travail le dimanche. Malheureusement, dans notre société, le rythme de la consommation risque de nous voler aussi le sens de la fête et du dimanche comme jour du Seigneur et de la communauté.


Chers travailleurs, tous chers amis, je voudrais conclure ces brèves paroles en vous disant que l'Eglise soutient, conforte et encourage tous les efforts visant à garantir à tous un travail sûr, digne et stable. Le Pape vous est proche, il est à côté de vos familles, de vos enfants, de vos jeunes, de vos aînés et vous porte tous dans son cœur devant Dieu. Que le Seigneur vous bénisse vous, votre travail et votre avenir. Merci

* * *

2. Message adressé au Forum sur les Jeunes et le travail, promu par le Conseil Pontifical pour les laïcs.(28-31 mars 2007)

Je suis particulièrement heureux de vous faire parvenir mes salutations cordiales, à Vous-même, Vénérable Frère, au Secrétaire, aux collaborateurs du Conseil Pontifical pour les Laïcs et à tous ceux qui prennent part au IXème Forum international des jeunes sur le thème «Témoigner du Christ dans le monde du travail », qui se tient cette semaine à Rocca di Papa....
Ce thème est tout à fait actuel et tient compte des transformations intervenues au cours des dernières années dans le domaine de l’économie, de la technologie et de la communication, qui ont radicalement modifié la physionomie et les conditions du marché du travail. Si, d’une part, les progrès accomplis ont suscité de nouvelles espérances chez les jeunes, ils ont souvent, d’autre part, créé en eux des formes préoccupantes de marginalisation et d’exploitation, avec des situations croissantes de malaise personnel. A cause de l’important fossé qui existe entre les milieux de la formation et le monde du travail, les difficultés se sont accrues pour trouver un emploi qui réponde à leurs aptitudes personnelles et aux études accomplies, aggravées par l’incertitude relative à la possibilité de conserver ensuite un emploi durable, même modeste. Le processus de mondialisation que connaît actuellement le monde a entraîné avec lui une exigence de mobilité qui oblige de nombreux jeunes à émigrer et à vivre loin de leur pays d’origine et de leur famille. Cela engendre chez beaucoup un sens inquiétant d’insécurité, provoquant d’indéniables répercussions sur leur capacité non seulement d’imaginer et de mettre en œuvre un projet pour l’avenir, mais même de s’engager concrètement dans le mariage et dans la formation d’une famille. Il s’agit de problématiques complexes et délicates qui doivent être affrontées de manière opportune en tenant compte de la réalité d’aujourd’hui et en faisant référence à la Doctrine sociale, présentée de façon adéquate dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique et surtout dans le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise.

De fait, ces dernières années, l’attention de l’Eglise a été constante envers la question sociale et, en particulier, envers le travail. Il suffit de rappeler l’encyclique Laborem exercens, publiée il y a un peu plus de vingt-cinq ans, le 14 septembre 1981, par mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II. Elle réaffirme et actualise les grandes intuitions développées par les Souverains Pontifes Léon XIII et Pie XI dans leurs encycliques Rerum novarum (1891) et Quadragesimo anno (1931), toutes deux écrites à l’époque de l’industrialisation de l’Europe. Dans un contexte de libéralisme économique conditionné par les pressions du marché, de la concurrence et de la compétitivité, ces documents pontificaux rappellent avec force la nécessité de mettre en valeur la dimension humaine du travail et de protéger la dignité de la personne : en effet, la référence ultime de toute activité humaine ne peut être que l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Une analyse approfondie de la situation, en effet, conduit à constater que le travail fait partie du projet de Dieu sur l’homme et qu’il est participation à son œuvre créatrice et rédemptrice. Par conséquent, toute activité humaine devrait être une occasion et un lieu de croissance des individus et de la société, le développement des “ talents ” personnels à valoriser et à mettre au service ordonné du bien commun, dans un esprit de justice et de solidarité. D’ailleurs, pour les croyants, la finalité ultime du travail est l’édification du Royaume de Dieu.

Tout en invitant à tirer profit du dialogue et de la réflexion de ces journées, je souhaite que cette importante assemblée de jeunes constitue pour les participants une fructueuse occasion de croissance spirituelle et ecclésiale, grâce au partage des témoignages et des expériences, à la prière en commun et aux liturgies célébrées ensemble. Il est nécessaire et urgent, aujourd’hui plus que jamais, de proclamer “ l’Evangile du travail ”, de vivre en chrétiens dans le monde du travail et de devenir des apôtres parmi les travailleurs. Mais, pour mener à bien cette mission, il faut demeurer unis au Christ par la prière et par une vie sacramentelle intense, en valorisant à cette fin de manière toute spéciale le dimanche, qui est le Jour consacré au Seigneur. Tout en exhortant les jeunes à ne pas se décourager face aux difficultés, je leur donne rendez-vous dimanche prochain, place Saint-Pierre, où se déroulera la célébration solennelle du Dimanche des Rameaux et de la XXIIème Journée Mondiale de la Jeunesse, dernière étape de préparation à la Journée Mondiale de la Jeunesse qui se tiendra l’an prochain à Sydney, en Australie.
(http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/messages/pont-messages/2007/documents/hf_ben-xvi_mes_20070328_rylko-forum-giovani_fr.html )