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Des théologiens évêques?

Mais pas n'importe lesquels. A propos du discours du Pape François aux nonces. Voici ce que disait le cardinal Ratzinger à Peter Seewald. (25/6/2013)

     

S'adressant aux nonces, le 21 juin (version en italien ici, pas encore traduite en français sur le site du Vatican), le Pape François a dit :

Nel delicato compito di realizzare l’indagine per le nomine episcopali siate attenti che i candidati siano Pastori vicini alla gente: questo è il primo criterio. Pastori vicini alla gente. E’ un gran teologo, una grande testa: che vada all’Università, dove farà tanto bene!

Dans la tâche délicate de réaliser l’enquête pour les nominations épiscopales, soyez attentifs que les candidats soient des pasteurs proches des gens: c’est le premier critère. C’est un grand théologien, une grande tête, qu’il aille à l’Université, où il fera beaucoup de bien!

* * *

C'est certainement fondé, si l'on considère beaucoup de théologiens, mais la formulation est plutôt abrupte, si l'on pense à ce qu'elle implique envers son prédécesseur. Qui constitue sans doute une exception spectaculaire, voire un cas unique. Mais le Pape n'aurait-il pas pu nuancer son propos?

Justement, en 1997, dans "Le sel de la Terre", Joseph Ratzinger répondait à une question de Peter Seewald (pages 80-81) [merci à Monique].

Peter Seewald: En 1977, vous avez été nommé par Paul VI, en tant que « célèbre maître en théologie », archevêque de Munich et Freising, et peu après élevé à la dignité de cardinal. Votre mission était: « Travaille sur le champ de Dieu. » Qu’ avez-vous ressenti quand vous avez été nommé évêque de Munich ?

Cardinal Ratzinger: J'ai ressenti tout d'abord de très grands doutes, je me demandais si je devais accepter ou refuser. J'avais peu d'expérience de pastorat. Je me sentais dès le début une vocation d'enseignant et je croyais qu'à ce moment-là précisément - j avais cinquante ans - j'avais trouvé pour ainsi dire ma propre vision théologique et que je pourrais à présent créer une œuvre, pour contribuer un peu à l'ensemble de la théologie. Je savais aussi que ma santé était fragile et qu'avec cette fonction une grande exigence physique me serait imposée.

J'ai donc pris conseil et l'on m'a dit que dans une situation exceptionnelle comme celle que nous vivons aujourd'hui, il faut aussi accepter une tâche qui ne semble pas d'emblée située dans votre ligne de vie. Le problème de l'Église est aujourd'hui étroitement relié à celui de la théologie. Dans cette situation, il faut que des théologiens soient prêts à servir comme évêques. J'ai donc accepté, avec l'intention, comme ma devise d'évêque l'exprimait, d'être un « collaborateur de la vérité ». Collaborateur impliquait une communauté. Donc, en communauté avec d'autres collaborateurs, apporter mon charisme, si je puis m'exprimer ainsi, et agir avec l'expérience et la compétence théologiques qui m'ont été données, afin qu'en cette heure l'Église soit dirigée avec justesse et que l'héritage du concile soit assimilé comme il le faut.