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Exorcismus

Andrea Tornielli revient sur l'épisode de l'exorcisme de François. Et regrette le trop vaste écho médiatique: "Avec le Malin, on ne plaisante pas" (25/5/2013)

Cf. Un "exorcisme" à grand spectacle
Et aussi: Exorcisme... et amnésie des médias

Exorcismus
http://2.andreatornielli.it/?p=6355
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Durant quelques jours, sur la scène médiatique - la télévision, la presse écrite et Internet - le diable est revenu au premier plan. Ou plutôt un prétendu «exorcisme» qui aurait été accompli par le Pape François, sur un jeune homme (ndt: pas vraiment) souffrant et apparemment «perturbé» par des présences démoniaques. Les images de la très courte prière que Bergoglio a faite en gardant les deux mains sur la tête de cette personne et la réaction du jeune homme, ont fait le tour du monde. Le Père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, a précisé que le pape n'avait pas l'intention de faire le moindre exorcisme mais seulement de prier pour une personne qui souffre. Exorcisme, pas d'exorcisme, exorcisme peut-être. Ou plutôt, le «roman à suspense» sur l'exorcisme du pape

Il y a un peu plus d'un an, la même chose s'était produite avec Benoît XVI, bien que dans ce cas, il n'y avait pas eu de photos. Le Père Gabriele Amorth, doyen des exorcistes italiens et coutumier d'interviews-choc sur sa relation conflictuelle avec le prince des ténèbres, avait accordé une longue interview - devenue par la suite un livre - au vaticaniste Paolo Rodari, et relaté un incident survenu en mai 2009, Place St Pierre, quand deux possédés avaient commencé à se démener et à sortir de leurs gonds, tandis que le pape Ratzinger s'approchait. Benoît XVI, de loin, s'était limité à tracer une croix, une bénédiction à distance, mais cela avait suffi pour faire enrager les deux sujets. Et il y a un an, après que l'hebdomadaire «Panorama» ait parlé d' «exorcisme» du Pape, le Père Lombardi avait redimensionné et démenti: «C'est une histoire sans fondement. On ne peut pas dire que le Pape a effectué un exorcisme parce qu'il n'avait pas été informé de la présence des deux hommes».

Que s'est-il donc passé avec François? Pourquoi l'épisode a-t-il été redimensionné, en expliquant que le Pape n'avait pas l'intention de faire un exorcisme?
Si à un certain moment, la plus grande victoire de Satan était de faire croire aux gens qu'il n'existait pas, aujourd'hui, nous pouvons dire que sa plus grande victoire est de faire croire aux gens qu'il n'existe que dans ces manifestations exceptionnelles et spectaculaires: chez les possédés, dans des messes noires, dans les cultes sataniques parfois tristement notoires parce que mis en avant au déshonneur des nouvelles. Regarder ces événements confortablement assis devant la télévision donne l'idée que le diable est seulement là et donc que son action ne nous concerne jamais de près.

L'exorcisme est un rituel qui ne doit pas être sous-estimé. Les témoignages de ceux qui ont eu d'une manière ou d'une autre affaire avec les possessions diaboliques sont effroyables. L'exorcisme ne peut être divulgué, encore moins se dérouler en présence de caméras ou d'enregistreurs. L'Eglise fuit ou doit fuir tout sensationnalisme à ce sujet, non pas parce qu'elle considère ces phénomènes comme un héritage médiéval politiquement incorrect, mais parce qu'elle connaît la gravité du sujet. Sans parler de la vie privée à laquelle a droit celui qui en est victime. Il est donc plus que compréhensible de rappeler que le Pape n'avait pas l'intention d'effectuer un exorcisme (il n'était pas informé du cas, c'était la première fois qu'il se trouvait devant cette personne, c'était un épisode qui a duré quelques secondes), même si la prière ou la bénédiction de l'évêque de Rome peut avoir des conséquences objectives qui vont au-delà de l'intention.

L'autre face du sensationnalisme, le résultat non désiré, c'est le ridicule. Mais le Pape qui a souvent cité le diable dans ses prédications, comme tout croyant sincère sait qu'avec le Malin et ses manifestations, on ne plaisante pas.