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François ne sera pas "le Pape des non"

Le lexique de Bergoglio lu par quelques initiés. Un article de Giacomo Galeazzi, sur Vatican Insider (8/8/2013)

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Les commentaires - désaveu à peine implicite de Benoît XVI, qui passe, lui, pour "le pape des non" - ne viennent pas cette fois, comme on nous le serine, de la presse "laïciste" qui n'aurait pas compris, ou déformé les propos de François dans l'avion, mais de personnalités de l'Eglise institutionnelle, ou d'éminents collaborateurs des médias catholiques, y compris l'Osservatore Romano: le Cardinal Velasio De Paolis, tout juste nommé commissaire pontifical pour les Légionnaires du Christ, le Père Lombardi, Dino Boffo, directeur de la chaîne de télévision de la CEI, Lucetta Scaraffia, chroniqueuse-vedette de l'Osservatore Romano..

Entre autres choses, aux questions insistantes des journalistes, (qui ont fait finalement leur boulot) François a répondu qu'il n'avait pas besoin de rappeler la doctrine de l'Eglise, puisque tout le monde la connaît. J'aurais davantage tendance à croire aux vertus, et dans certains cas, à la nécessité, de la répétition.

Curieusement, au bout de 10 jours, la transcription "officielle" de l'entretien dans l'avion ne figure toujours pas sur le site du Vatican, comme c'était le cas pour Benoît XVI.

     

Plus d'évangile social, moins de bioéthique

Le «stil novo» de François
Le lexique de Bergoglio lu par quelques «initiés»: «changer la forme renforce les contenus»
Giacomo Galeazzi
http://vaticaninsider.lastampa.it/
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C'est «le« nouveau style» de François. Plus d'évangile social, moins de bioéthique.

«Le lexique de Bergoglio est direct et profond, il utilise souvent des images qui frappent: pour symboliser une insuffisance éthique, il a comparé la Bienheureuse Imelda, symbole de pureté à un scandale financier d'aujourd'hui comme le cas Scarano», dit à Vatican Insinder le Cardinal Velasio De Paolis, qui vient jute d'être confirmé comme commissaire pontifical pour les Légionnaires du Christ.

Avec François, les médias eux-mêmes - explique Dino Boffo, directeur de la chaîne des évêques italiens, TV2000 - (ndt: ex-directeur de l'Avvenire, protagoniste d'une histoire assez tordue en 2009, et qui semble avoir gardé une dent contre Benoît XVI, cf ici) ne peuvent qu'être «cloués au langage du Pape, chercher à le décoder avec ses propres codes, avec ses précédents, et ensuite se laisser surprendre par Dieu, par ce qu'il fait dans la vie des gens, par les coïncidences dont il se sert pour construire les saisons spécifiques de son Eglise» (ndt: dans quel monde vit Boffo???).

Pour le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, la nouveauté de François consiste en «une attitude qui probablement touche, et, en un sens, attire aussi beaucoup de gens à lui». C'est «une grande efficacité pour faire comprendre le thème de l'amour de Dieu pour tous, c'est-à-dire le fait que personne ne doit se sentir exclu de l'amour de Dieu, de sa miséricorde, qui vient pour apaiser, pour guérir les blessures de l'humanité».
Pourquoi ne parle-t-il pas continuellement d'avortement ou de mariage gay? C'est simple, parce que «ce n'est pas nécessaire:. la position de l'Église sur ces questions est déjà claire». (ndt: ce n'est pas qu'il n'en parle pas continuellement, c'est qu'il n'en parle pas du tout. Benoît XVI n'en parlait pas continuellement non plus. Mais s'il part du principe que "tout le monde le sait" - aujourd'hui, peut-être... et qui est "tout le monde"? - qu'en sera-t-il demain, avec le renouvellement des générations???)

Au cours de la longue conversation avec les journalistes sur le vol de retour à Rome après les JMJ, en très peu de mots, c'est François lui-même qui a archivé des années de rappels de ses prédécesseurs sur les questions éthiques, à travers les 'halte-là' récurrents de l'Église en matière de défense de la vie dans chacune de ses phases, et de la famille «naturelle» (ndt: guillemets dans le texte) homme- femme. C'est avec cette attitude, qui n'implique en aucun cas des changements dans la doctrine, mais tout simplement de ne pas mettre à tout moment l'accent sur les «interdictions» que Bergoglio trace son magistère de l'empathie. En d'autres termes, ce n'est pas que le pontife argentin marque des «ouvertures» sur l'avortement, l'euthanasie ou le mariage homosexuel. Loin de là (??). Mais il ne ressent pas le besoin de réitérer le «non» de l'Eglise. Pour cela, pays par pays, il existe déjà les Conférences épiscopales.

Il a d'autres priorités, ce qu'il a à coeur, c'est d'agir sur d'autres «plaies» de la société:
la pauvreté, les difficultés rencontrées par ceux qui sont le plus besoin d'aide, les tragédies des immigrants qui meurent en mer, comme ceux pour lesquels il a prié à Lampedusa, le drame de ceux qui vivent en prison, comme les enfants (??) qu'il a embrassés et auxquels il a lavé les pieds le Jeudi saint à Casal del Marmo, et qu'il a rencontrés à l'archevêchée de Rio durant les JMJ.

«Il y a deux grandes nouveautés, elles concernent deux questions auxquelles le Saint-Père avait jusqu'ici donné peu d'espace: les femmes et les homosexuels» affirme la chroniqueuse de l'Osservatore Romano, Lucetta Scaraffia. Les déclarations du Pape sur le rôle des femmes sont claires et révélatrices d'une forte volonté d'ouverture, en non pas prononcées au nom du besoin d'adapter sans délai l'Eglise à la parité entre les sexes réalisée dans les sociétés occidentales, et pas non plus imprégnées du paternalisme, souvent affectueux, qui teinte presque toujours des paroles de prélats pour aborder la question».

Ainsi, «l'ouverture est substantielle et est directement liée à son projet de réforme de l'Église: sans une reconnaissance ouverte du rôle des femmes, on ne peut pas espérer en cette Église vitale et accueillante que veut le Pape François, cette Église qui peut à nouveau attirer les fidèles et réchauffer leurs coeurs». En outre, ajoute la Professeur(e?) Scaraffia, «on peut tout changer sans changer les règles de base, celles sur lesquelles est construite la tradition catholique: c'est là sa position, y compris sur les homosexuels».

Quand, lors du vol de Rio à Rome une journaliste brésilienne lui a demandé pourquoi au Brésil (où a aussi été adoptée une loi a qui a étendu le droit à l'avortement et a permis le mariage entre personnes du même sexe), il n'a pas parlé de thèmes de bioéthique , le Pape a déclaré: «L'Eglise s'est déjà parfaitement exprimée à ce sujet. Il n'était pas nécessaire d'y revenir, de même que je n'ai pas parlé de fraude, de mensonge ou d'autres choses sur lesquelles l'Eglise a une doctrine claire». Et à l'objection que c'était un sujet qui touchait aussi les jeunes, il a répondu: «Oui, mais il n'y a pas besoin de parler de cela, mais des choses positives qui ouvrent la voie aux jeunes. Non? En outre, les jeunes savent exactement quelle est la position de l'Eglise». Et à une autre question sur quelle était sa position sur le sujet, il a coupé court: «Celle de l'Eglise. Je suis fils de l'Eglise ».

En somme, ce n'est pas un pontificat des «non». Et il met l'accent sur d'autres aspects: l'inclusion, disant même «qui suis-je pour juger les gays», la miséricorde, l'accueil, aller vers gens, surtout les derniers et les personnes défavorisées, en prêtre "callejero", des rues, comme il s'est défini se rappelant quand il était à Buenos Aires.