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François rencontre les mouvements religieux

C'était pour la Vigile de la Pentecôte, au Vatican. Il a répondu "a braccio" à quatre questions. Le journaliste irlandais John Waters, éditorialiste dans le quotidien dit "de centre gauche" The Irish Times: "toutes les incertitudes ont été balayées". Article dans Il Sussidiario, et quelques rappels (19/5/2013).

     

Deux cent mille personnes - un record - ont accueilli le Pape Place saint-Pierre ce 18 mai 2013 pour la veillée de Pentecôte avec les mouvements ecclésiaux.
S'exprimant a braccio, le Pape François a répondu à quatre questions, respectivement sur la «fragilité de la foi», sur la communication de l'évangélisation, sur les pauvres et l'éthique de la politique, et sur les persécutions que les chrétiens se trouvent aujourd'hui à affronter
(Massimo Introvigne).

Avant qu'il ne prenne la parole, deux personnes s'étaient adressées à lui: Paul Bhatti, frère du ministre du Pakistan tués par des extrémistes islamistes, et l'écrivain et journaliste irlandais John Waters (éditorialiste au journal de centre-gauche The Irish Times)

On lira le compte-rendu sur Radio Vatican, qui titre:
Le pape : "je préfère une Eglise qui sort et qui a des accidents, plutôt qu'une Eglise qui pourrit de l'intérieur !"
Ou sur Zenit, plus prolixe, qui titre de son côté: Une impro magistrale.

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Rappelons d'abord que cette rencontre est un leg de Benoît XVI: elle était prévue dès juin dernier, et figurait parmi les évènements exceptionnels organisés pour marquer l'Année de la foi (benoit-et-moi.fr/2012(II)). Le programme officiel indiquait en effet:
A la vigile de Pentecôte, le 18 mai, les mouvements ecclésiaux se réuniront Place St.Pierre.

Quant au record indiqué par Massimo Introvigne, et annoncé par différents médias, c'est FAUX. Grâce à Teresa, j'ai relu le bulletin VIS du 3 juin 2006:

Benoît XVI a rencontré cet après-midi plus de 400.000 représentants des mouvements ecclésiaux et des nouvelles communautés ecclésiales.
En papamobile le Saint-Père a parcouru la Place-St.Pierre et la Via della Conciliazione, saluant et bénissant les participants.

Le texte de l'homélie que Benoît XVI a prononcée après son bain de foule, et la lecture de trois psaumes, ponctuée par les réflexions des dirigeants de trois des principaux mouvement ecclésiaux - Communion et Libération, Sant'Egidio et Chemin Neocatéchuménal - est à lire ici: http://www.vatican.va.
Il y a continuité dans le contenu, mais on ne peut nier que le pape François a une manière "autre" de communiquer...

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Pentecôte 2006

L'interviewe de John Waters

John Waters: Le Pape François a balayé toute incertitude
http://www.ilsussidiario.net
Ma traduction
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Deux cent mille personnes: un record d'affluence, selon ce que rapportaient dès hier soir les médias. Ce sont celles qui, hier, se sont rassemblées à Rome, sur la place Saint-Pierre et dans la Via della Conciliazione, représentant les mouvements et associations du monde entier, venues à Rome pour rencontrer le pape François. Lequel a établi lui aussi un record: il a parlé pendant 38 minutes, son plus long discours depuis qu'il est devenu pape.
Avant qu'il ne prenne la parole, deux représentants de la foule présente se sont adressés à lui: Paul Bhatti, frère du ministre du Pakistan tués par des extrémistes islamistes, et l'écrivain et journaliste irlandais John Waters.
Ilsussidiario.net lui a demandé de commenter la journée.

- Au terme de l'extraordinaire journée d'hier, quels sont vos sentiments et quel impact pensez-vous que cet événement aura pour la vie future des mouvements?
- Je pense que c'était un jour de grande utilité pour tous les présents. Personnellement, je crois que jusqu'à hier, le passage de Benoît a François a comporté un certain type d'incertitude, une incertitude qui hier a été balayée. Hier, on pouvait vraiment sentir un élément d'une grande intensité entre les personnes, les mouvements présents et le pape lui-même. C'est une rencontre très profonde à laquelle nous avons assisté, on pouvait le voir dans le langage des corps, dans les regards, dans les choses que le pape a dites.

- Que voulez-vous dire par incertitude qui a été balayée?
- Je le dis avant tout pour moi, je suis une personne qui aimait profondément Benoît. Sa démission a été pour moi un moment très douloureux et en moi il y avait cette incertitude envers ce que l'avenir pourrait nous réserver. Mais je le répète, aujourd'hui toute incertitude a été anéantie. François est certainement une personnalité différente de Benoît, mais on perçoit clairement qu'il s'agit d'une personnalité profonde, il communique d'une façon merveilleuse, il a de l'énergie et il a une vision claire. Il vous met à l'aise et vous fait sentir les bienvenus, il vous communique une grande certitude.

- Le Pape François a utilisé un exemple fascinant, pour exprimer le concept que dans la vie, nous ne sommes jamais seuls, que Jésus est présent, qu'il y a quelqu'un qui vous attend toujours. Il l'a fait quand il a parlé de sa confession, quand il était jeune avec un prêtre inconnu, et qu'il a dit qu'à partir de ce moment, sa vie était changée à jamais.
- Fondamentalement François reprend et suit ce qu'a dit Benoît, leur façon de penser est très similaire, même si leurs personnalités sont différentes. François a une façon de mettre les choses en lumière qui est différente, disons même une perspective différente. Je pense, cependant, que François est vraiment le pape parfait pour les temps que nous vivons, avec les conséquences de la séparation entre la foi et la raison, mais la foi n'est pas opposée à la raison. François s'exprime de façon très basique, mais en même temps très intelligente. Sa façon de communiquer me surprend et me fascine et cela me donne beaucoup d'espoir dans son pontificat.

- Le pape a également parlé de la crise économique, de la manière dont la politique se préoccupe de l'état de santé de l'économie, mais oublie les pauvres. Une économie et une politique sans éthique.
- C'était une déclaration très importante et significative en ce moment historique. C'est quelque chose qu'en Europe aujourd'hui, beaucoup de gens pensent. C'est un fait, ce que le pape a dit, que l'on peut retrouver dans notre histoire, une histoire faite d'une économie qui le plus souvent a oublié les pauvres. Je pense que ce que dit le Pape, est un authentique avertissement aux politiciens.

- C'est une préoccupation exprimée de manière très forte.
- Je pense que nous nous approchons d'un moment dans l'histoire de notre culture qui va changer cela. Je me souviens d'un discours qu'a récemment fait le Président de la République d'Irlande, qui a des points communs avec ce qui a été dit par le pape. Pendant longtemps, les gens pensaient: Ok, les politiciens, les économistes ne savent pas ce qu'ils font, et nous devons patienter pendant que nous souffrons. Maintenant, les choses changent et on se rend compte que tout cela est un rappel pour chacun de nous. Ce n'est pas un hasard si aujourd'hui, le Pape a fait ce discours, en invoquant la conscience des chrétiens sur ce point.

- Dans votre discours, vous avez en revanche parlé du «poids de la croix de la modernité», reflètant effectivement le désespoir de la société moderne.
- C'est un point très important, simple en lui-même, mais difficile à expliquer, parce que le fait que le Christ est présent et peut nous aider a à voir avec notre structure d'êtres humains. C'est pourquoi j'ai parlé de mon expérience personnelle, quand j'ai découvert qu'il n'y avait vraiment pas d'autre moyen de supporter le poids de cette croix de la modernité qu'un changement de mentalité, de façon de penser, afin de me regarder moi-même de façon juste et complète. J'ai fait une simplification, pour exprimer qu'à la fin du voyage, la réponse ne peut pas venir que d'un travail intellectuel, ce n'est pas la réponse. Bien sûr, cela est également important, mais la réponse ultime vient de ma relation, de ma correspondance à la personne du Christ, c'est cela le salut. Il y a beaucoup de croix dans le monde moderne, la dépendance aux drogues ou à l'alcool, des croix qui différent entre elle mais qui mènent à la perdition, déçoivent, et détruisent. Mais celui dont nous avons besoin, c'est Jésus-Christ et sans une relation avec Lui il n'y a pas d'éspérance.