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J'ai vécu affamé de son magistère

Le Père Aldo Trento, missionnaire au Paraguay, dit tout ce qu'il doit à Benoît XVI , dans un article publié sur la revue Tracce de Communion et Libération (13/4/2013)

>>> Le Père dispose d'un blog "Post apocalypto" sur l'hebdomadaire "Tempi": http://www.tempi.it/blogs/post-apocalypto..

     

Cet très beau témoignage est issu de la revue Tracce de Communion et Libération.
Le titre me touche infiniment, même si je suis évidemment à des années-lumière de la spiritualité du prêtre auteur de ces lignes.
Mais en ce moment, où pas un jour ne se passe sans qu'on nous explique à quel point les gens sont bouleversés par la prédication de François, suscitant un retour massif vers les églises et les confessionnaux (ce dont on ne peut que se réjouir), je pose la question: qu'ont fait les prêtres, et même les évêques, pendant huit ans, de la prédication de Benoît? Qui y a eu accès?

     

J'ai vécu affamé de son magistère
Père Aldo Trento
http://www.tracce.it
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La décision du Saint-Père, après quelques instants d'égarement, grâce à ce que nous a dit Julian Carron (le dirigeant actuel de CL, qui a succédé au fondateur don Giussiani), m'a rempli d'émerveillement et de silence. Et ce qui m'était apparu comme un tremblement de terre, qui m'avait privé de toute certitude, s'est transformé en une provocation: mais moi, en qui est-ce que je place ma consistance? Qui est mon centre affectif, quelle est la raison de ma vie? La décision du pape est basée sur des réponses claires à ces questions. «La liberté incroyable d'un homme saisi par le Christ», a écrit Carron (1).
«Un homme saisi par le Christ», comme saint Paul, ou par le mystère, comme Abraham, Jacob, Moïse, hommes habitués à vivre avec les yeux, l'esprit et le cœur en face de la grande Présence. Benoît XVI m'a témoigné cette liberté de se laisser guider par la voix du mystère, vivant intensément, à travers la prière et le silence, la réalité, l'endroit où le mystère est devenu un Tu en Jésus-Christ

Durant ces années de pontificat, j'ai perçu avec émerveillement l'harmonie entre son magistère, l'expression de sa vie de foi, et le charisme du serviteur de Dieu don Giussani. Ce qui m'a marqué profondément, donnant un nouveau goût à ma vocation missionnaire, c'est la centralité du Christ, exprimée de manière profonde et émouvante déjà dans ses premiers mots, où il nous invitait à ne pas avoir peur du Christ, mais à reconnaître en Lui l'Unicum, qui comprend pleinementl'homme en lui révélant ce qui est dans son cœur. Le Christ, non seulement ne nous enlève rien, mais nous donne tout.

Cette certitude, qui a toujours animé sa vie, a trouvé en moi non seulement la seule raison de ma vie, sa texture, sa joie, mais elle a été aussi l'origine d'une passion missionnaire sans précédent. Combien de fois, rentrant à la maison après un long voyage à travers le Paraguay et contemplant tout le chemin de la vaste plaine parsemée de maisons, je me suis retrouvé à pleurer à l'idée que le Christ n'était pas encore arrivé là!

J'ai vécu affamé de son magistère dans la mesure où - sans regarder à la dépense - j'ai décidé de publier chaque mois tout ce que le Saint-Père disat, parce que j'étais sûr que c'était le seul instrument dans un pays et sur un continent où n'existait pas cette tradition romaine qui pourrait éduquer mon peuple à la foi vécue comme un événement, dépassant ce moralisme effrayant et étouffant de la vie.
La passion du Saint-Père pour le Christ s'exprime comme passion totale pour l'homme, pour le coeur humain. En ce sens, son regard à la réalité et tout ce qui naît d'un grand amour pour la réalité m'oblige à me demander, par exemple, si la clinique est vraiment un lieu d'évangélisation, comme il l'a déclaré en Octobre 2012 à la fin d'un Congrès de médecins organisés à Rome. Ou quand, dans son message pour la Journée mondiale du Malade, célébrée dans son bien-aimé sanctuaire d'Altötting, en Allemagne, il a rappelé que nous devons «reconnaître dans le visage du frère malade la Sainte Face du Christ». Ce sont des provocations qui m'ont toujours éduqué à nourrir une grande passion afin que ce que Dieu a fait dans ma vie et dans mon humble personne puisse être un signe de sa gloire dans le monde entier.
L'observant et le suivant comme un fils, j'ai appris à ressentir le besoin de silence, de ce silence plein de la Présence de Christ. J'ai goûté chaque jour davantage la beauté et l'amour pour le Christ présent dans l'Eucharistie, jusqu'à ce qu'il devienne le guide et le fondement de ma vie et tous mes gestes. La façon dont je vivais la liturgie, moment culminant de la prière et source de beauté qui réunit en harmonie toutes choses, m'a conduit à vivre chaque chose avec une tension vers l'infini qui me permettait de prendre soin de chaque détail, en favorisant le chemin éducatif de tous. Enfin j'ai appris de Benoît XVI, comme de don Giussani, que le sommet de la charité est la beauté, la seule capable de réveiller le coeur endormi, anesthésié, de homme aujourd'hui.

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NDT
Communiqué de presse de CL le 11 février 2013, jour de la renonciation du Pape.

Père Carrón (CL) : « L’incroyable liberté d’un homme saisi par le Christ »
(http://it.clonline.org/comunicati-stampa)
Au regard de l’annonce du renoncement au ministère de Pierre par Benoît XVI, le père Julián Carrón, président de la Fraternité de Communion et Libération, a déclaré:
« Par ce geste, aussi impressionnant qu’imprévu, le Pape nous témoigne une relation avec le Christ d’une telle plénitude qu’elle nous surprend par son élan de liberté sans précédent, élan qui privilégiepar-dessus tout le bien de l’Église. Ainsi, il montre à tous qu’il se confie totalement au dessein mystérieux d’un Autre.
Qui ne désirerait une liberté semblable ?
Le geste du Pape est un rappel puissant à renoncer à toute assurance humaine, en se confiant exclusivement à la force de l’Esprit Saint, comme si Benoît XVI nous disait avec les paroles de saint Paul : “J’en suis bien sûr d'ailleurs, Celui qui a commencé en vous cette oeuvre excellente en poursuivra l'accomplissement jusqu'au Jour du Christ Jésus.” (Ph 1,6)
À travers l’annonce du Pape, le Seigneur nous demande d’aller au-delà de toute apparence, en faisant mémoire de tout l’enthousiasme humain avec lequel nous avions salué l’élection de Benoît XVI et avec lequel nous l’avons suivi au cours de ces huit années, en étant reconnaissant pour chacune de ses paroles.
En souhaitant vivre la même expérience d’identification avec le Christ, qui a dicté au Pape cet acte historique pour la vie de l’Église et du monde, nous accueillons, nous aussi, avec liberté et remplis d’émerveillement, ce geste extrême de paternité, accompli par amour pour ses enfants, en confiant sa personne à la Sainte Vierge, afin qu’il continue d’être père en donnant sa vie pour l’oeuvre d’un Autre, pour l’édification de l’Église de Dieu.
Avec tous nos frères, et en union avec Benoît XVI, nous demandons à l’Esprit du Christ d’assister
l’Église dans le choix d’un père qui puisse la guider en ce moment historique aussi délicat que
décisif. »

Le bureau de presse de CL

Milan, le 11 février 2013.