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La fin de l'enfer

Un article aussi passionnant qu'érudit, paru dans la revue "Gesta" de l’abbaye Saint-Wandrille, envoyé par son auteur, que je remercie. (26/5/2013)

Image ci-contre: la carte de l'enfer de Botticelli, frontospice de l'oeuvre de Dante, 1496

     

Il a été beaucoup question de l'enfer et de Satan, ces jours-ci, au moins sur mon site, à travers quantité de faits petits et grands, mais convergeant tous vers ces mots-clés: enfer, démon.
Il y a la prédication du pape François, qui y fait constamment référence, il y a l'écho donné à l'exorcisme qu'il aurait accompli Place Saint-Pierre, il y a la sortie du livre de Dan Brown, intitulé justement "Inferno". Et même, sans doute, la mort de Dominique Venner...
Un ami-lecteur, Gilles B. a attiré mon attention sur une lecture commune aux deux derniers papes, l'ouvrage de Robert H. Benson "Le maître de la terre", à propos duquel il écrivait (cf. Le maître de la terre ):

Une chose est frappante dans la prédication de François et cela le relie directement au roman de Robert Hugh-Benson, qu'il affectionne : son insistance à parler du diable et, donc, du mal, envisagé non comme une simple absence du bien, mais comme une force autonome. Il ne s'agit pas de prétendre que ses prédécesseurs ne croyaient pas à l'existence de Satan et de ses fumées (comme a dit Paul VI), mais nous sommes là en présence d'un thème très intéressant, dans la mesure où le XXe siècle a été marqué, dans le discours théologique, par un véritable effacement de la figure du diable (alors même que ce siècle fut le pire de l'histoire humaine). Avez-vous souvent entendu des prêtres vous parler du diable et de l'enfer ?

Le même ami me fait la gentillesse de m'adresser un texte exceptionnel de sa plume: il s'agit d' un article paru dans "Gesta. Revue de l’abbaye Saint-Wandrille" (voir ici), 13e année, n° 52, octobre - décembre 2009, p. 169-182 (avec une belle remarque de David Lodge, dit-il [*]).
Il l'accompagne de ce commentaire:

Qu'il soit nouveau question du diable et de l'enfer est une bonne chose. Il faut toujours penser à Baudelaire : "Mes chers frères, n'oubliez jamais, quand vous entendrez vanter le progrès des lumières, que la plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu'il n'existe pas".

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[*] À un certain moment, au cours des années 60, l’enfer a disparu. Personne n’aurait pu dire exactement quand c’était arrivé. Tout d’abord il était là, puis il n’y était plus. Selon les individus, sa disparition survint à des dates différentes. Des gens découvraient qu’ils avaient vécu depuis des années comme si l’enfer n’existait pas, sans avoir réellement pris conscience de sa disparition. D’autres s’apercevaient qu’ils s’étaient conduits, par habitude, comme si l’enfer était encore là bien qu’ils aient cessé de croire à son existence depuis longtemps. Par enfer, nous parlons naturellement du traditionnel enfer de l’Église catholique romaine, cet endroit où l’on brûle pour l’éternité si on a le malheur de mourir en état de péché mortel.

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NB: Comme les pages crées par mon logiciel ne peuvent pas reproduire les notes de bas de page crées avec word, j'ai converti le document en un fichier pdf.

Combien de temps reste-t-on en Enfer ?
Un débat au Siècle des Lumières.

La fin de l’Enfer

La question posée dans le titre peut paraître saugrenue, tant – à l’exception des films d’épouvante américains, qui en font grand usage – l’Enfer a disparu des consciences contemporaines. On invitera les fidèles qui fréquentent régulièrement la messe à se demander quand ils ont entendu pour la dernière fois un sermon ou une homélie traitant de l’Enfer. Cette observation en appelle d’ailleurs une autre : quand ont-ils entendu pour la dernière fois un sermon ou une homélie évoquant le Paradis ? Tout se passe désormais comme si l’horizon du christianisme s’était aplati, au point de ne plus constituer qu’une morale terre-à-terre, où tout arrière-plan surnaturel est exclu. Les chrétiens sont certes incités à faire le bien plutôt qu’à commettre le mal, mais plus personne ne leur rappelle que ce qu’ils font – ou ne font pas – dans cette vie leur fera gagner ou perdre quelque chose dans l’autre monde. Les sondages confirment cette impression : en 1986 déjà, à la question « Qu’y a-t-il après la mort ? », 25 % des personnes se déclarant catholiques répondaient « rien » et, dans une autre enquête, l’année suivante, 70 % des catholiques affirmaient ne pas croire à l’Enfer . De telle sorte que l’Enfer, dont l’ombre effrayante avait dominé la vie de nos ancêtres, dont l’existence était rappelée par tous les traités de spiritualité , voire par des récits , a fini par s’évanouir. Lorsqu’il arrive qu’on y fasse allusion, on se rend vite compte que, pour la grande majorité des chrétiens, il a pris la place du Purgatoire : un endroit où l’on effectue un séjour plus ou moins prolongé, souvent peu agréable, mais d’où l’on finit tôt ou tard par sortir.

... La suite à lire ici: la-fin-de-lenfer.pdf [153 KB]