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Le blog de Jean Mercier

Même s'il m'arrive de ne pas être d'accord avec lui, je le redécouvre avec plaisir. Quelques-uns de ses derniers commentaires m'ont beaucoup plu (25/5/2013).

     

Détails

[1] Le vieux (ndlr: !! ... mais je comprends!) Joseph Ratzinger réalisera son rêve d'une vie monastique, rêve matérialisé le jour de son élection par le choix de son nom, repris d'après le fondateur des bénédictins, Benoît de Nursie. Sa fascination pour la voie monastique était évidente dans le fameux discours prononcé en septembre 2008 au Collège des Bernardins, à Paris. Le porte-parole [le Père Lombardi] n'a pas exclu que cette retraite soit le lieu de fignolage de la fameuse encyclique promise pour l'année de la foi, qui n'aura pas le temps de sortir comme telle, en raison des délais de traduction, mais pourrait être redimensionnée comme un écrit de l'évêque émérite de Rome. « Il n'est pas impossible que le pape nous fasse encore partager sa pensée » a glissé le Père Lombardi.
Une phrase à double tranchant, qui montre la grande difficulté psychologique dans laquelle se trouvent, non seulement les catholiques, mais encore plus les plus proches du pape. Il est déjà si difficile de parler au passé d'un proche qui est décédé. Comment peut-on faire le deuil d'un vivant, et d'un homme encore en pleine possession de ses capacités mentales et intellectuelles ?
Plus « politiquement », comment sera-t-il possible pour son successeur de ne pas être gêné aux entournures (!!), non seulement par la proximité géographique de son prédécesseur, mais aussi par sa pensée encore rayonnante ?

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[2] Le changement de style est évident avec Benoit XVI, peut-être trop raffiné intellectuellement et trop timide pour pouvoir ravir les foules d'une manière aussi directe. En matière liturgique, on aura vite remarqué que le nouveau pape - très jésuite en ce domaine - n’est pas vraiment à cheval sur les normes, alors que le pape émérite l’était tout à fait ... Néanmoins, faut-il à ce point opposer les deux hommes, comme si la lumière avait soudain resplendi sur une Eglise plongée dans l’ombre...? A entendre certains, l’Eglise sortirait de huit ans de glaciation avec cette élection, qui représenterait une révolution copernicienne. La "température ressentie" de la perception de l'Eglise est certes différente. L'image change, mais l'Eglise catholique n'a pas changé de cap ou de valeurs...
Rien ne me semble plus faux d'opposer les deux papes.
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S’il ne s’est jamais exprimé avec autant de fougue que François sur la question de la pauvreté, on ne peut pas dire que Benoît XVI ait été indifférent à la question, si l’on en juge par sa dernière encyclique, Caritas in veritate, ou ses messages pour la paix du 1er janvier. Lors de son voyage en Allemagne, en 2011, il a fait sévèrement la leçon à l’Eglise allemande, qui est selon lui trop riche, et donc spirituellement affaiblie.
....
Il est donc stérile d’opposer les deux papes. La forte insistance sur l’évangélisation du nouveau pape est une sorte d’accomplissement de la volonté du pape émérite de relancer la pompe à cet égard, comme en a témoigné la création d’un dicastère sur le sujet et la tenue d’un synode à Rome, en octobre dernier. Et qu’il y ait une forme de rupture stylistique n’autorise guère à formuler que l’Eglise est en train de “muter”. Que Benoit XVI ait davantage parlé en théologien ne l’a pas empêché d’être un pasteur, comme l’ont montré ses discours au monde (Bernardins, etc..) et de parler aux “gens simples” à travers des homélies limpides. Les gens ont pris du temps pour l’aimer, pour le découvrir. Par contre, François, qui a conquis les coeurs très rapidement, va devoir tenir dans la durée, et décevra forcément ceux qui l’ont porté trop vite au pinacle de leurs espérances.

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[3] (...) Mais l’hyperpapauté est un métier à risques. Il faut tenir le rythme dans la longueur. Comme tout homme de convictions, Bergoglio tourne sur une petite douzaine de thèmes qui lui tiennent à coeur et qui commencent à revenir en boucle dans sa bouche. C’est très utile pour enfoncer le clou. Mais si le pontificat doit durer cinq ou six ans (ndlr: ou plus!!!), François devra aussi continuer à nous interpeller, et donc nous surprendre.