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Le Pape et les journalistes


A propos de l'entretien dans l'avion de retour de Rio. (7/8/2013, mise à jour le 8)

Monique me signale une très bonne argumentation sur l'entretien du Pape et son exploitation erronée par les médias.
Elle est issue du site thecatholicthing.org , déjà rencontré dans ces pages.
L'auteur, le Père Mark Pilon, est prêtre dans le diocèse d’Arlington, Virginie, et docteur en Théologie sacrée de l’Université Santa Croce à Rome.
L'article, intitulé "De la confiture aux cochons" (en anglais "Casting Pearls Before Swine") a été traduit sur le site France Catholique.
A lire ici: http://www.france-catholique.fr/Des-confitures-pour-les-cochons.html

C'est effectivement une bonne analyse de l'attitude des médias.
Mais il faut être naïf pour attendre autre chose d'eux. Ils choisissent toujours UN mot dans un discours - et leur lexique n'en comporte guère plus que trois ou quatre, toujours les mêmes, qu'il est inutile de rappeler ici. C'est leur métier, et c'est pour ça qu'ils sont payés.
Or, je ne pense pas du tout que François soit naïf.

Le Père Pilon écrit:

Malheureusement, ce pontificat vibrant se heurte déjà à des difficultés. Et je voudrais mettre un peu les pieds dans le plat en suggérant que ce n’est peut-être pas la façon la plus efficace d’aborder le monde qu’avoir sans cesse des échanges au pied levé avec les médias. Suivre la méthode ”Benoît XVI” ?
...
Et voici une suggestion d’alternative positive : suivre l’exemple de Benoît XVI, de longs entretiens accordés à un interlocuteur cultivé et intelligent, puis publiés sous forme de livres.
Ce qui éviterait bien des malentendus — simple suggestion d’un vieux semeur de controverses.

* * *

Moi aussi, j'aimerais que l'on prenne Benoît XVI comme modèle.
Mais les faits sont là, et d'abord, cela:

¤ François a parlé aux medias dans l'avion de retour de Rio, il a joué très finement, il a été mal compris, voire à l'envers, mais il a récolté des hosannahs.
¤ Benoît XVI a parlé aux medias dans l'avion vers le Cameroun, il a dit volontairement et clairement ce qu'il pensait, il a été tout aussi mal compris, il a ensuite été traîné dans la boue.

Cela fait déjà une sacrée différence, mais le résultat est le même pour l'Eglise.

Ensuite, si la méthode Benoît XVI se réfère au livre interviewe avec Peter Seewald "Lumière du monde", il faut se souvenir que les quelques lignes consacrées au thème du préservatif avaient été l'objet du même malentendu (1).

En somme, il n'y a rien à faire, l'Eglise a son agenda, et le monde a le sien.
L'Eglise doit-elle refuser de discuter avec le monde, de cette façon, comme le suggérait le Père Scalese (2)?
La question reste ouverte.

Notes

(1) Voir par exemple ce que disait Massimo Introvigne ici: Le Pape, le préservatif et les imbéciles (benoit-et-moi.fr/2010-III..)

(2) Le piège, Padre Scalese, 19 mars 2009 (benoit-et-moi.fr/2009-I..)

Il est evident qu'il s'agit du énième piège médiatique, dans lequel 'Papa' Ratzinger et son entourage sont naïvement tombés.
Au Vatican, ils ne veulent toujours pas admettre qu'il existe un véritable complot pour discréditer le Pape. La chose en soi n'étonne pas plus que cela: il me semble évident que Satan et ses satellites (comme on disait autrefois) font leur métier. Ce qui est surprenant, c'est qu'on ne se rende pas compte qu'il serait maintenant temps de courir se mettre à l'abri.
C'est pourquoi je partage pleinement la proposition de Raffaella : « Jamais plus d'interviews du Pape aux journalistes ». Elle a parfaitement raison. Ce n'est pas vraiment la peine de prêter le flanc aux provocations. Comme je le disais dans autre occasion, on ne peut pas être à la traîne du monde.
Le Pape continuera à parler à travers les moyens traditionnels : discours, homélies, documents. Qui veut connaître l'enseignement du Pape peut le faire sans problèmes. Pour les journalistes, le directeur de la Salle de Presse suffit, et fait l'affaire. Après tout, il y a une dignité à sauvegarder : pas la dignité de la personne, mais la dignité de l'Office. Le Souverain Pontife de l'Église Catholique, le Successeur de Pierre, le Vicaire du Christ ne peut pas s'abaisser à discuter avec ceux qui sont d'une mauvaise foi totale. De toute façon, envers les journalistes, je ne crois pas qu'on doive en faire plus. À eux s'applique à la perfection ce que disait san Josemaría Escrivá de Balaguer : « Ne disperse pas ton énergie et ton temps, qui sont à Dieu, à envoyer des cailloux aux chiens qui t'aboient dessus le long de la route. Ignore-les ».

     

Mise à jour (Monique)

Quand on réfléchit à la question, on se dit que les Papes devraient cesser de donner ces interviews dans les avions ou ailleurs. On ne peut pas traiter de questions sérieuses de cette façon.
Benoît XVI disait la vérité clairement et on le descendait en flèche. François essaie de rendre la vérité acceptable: on le porte au pinacle...mais au prix d'une distorsion de la doctrine de l'Eglise dans la tête des gens. Ce n'est pas mieux.
Dans les premiers jours du pontificat, François a voulu faire des médias ses alliés mais c'est mission impossible: leur but n'est pas de promouvoir le christianisme!
Jean-Paul II paraissait mieux s'en tirer. Pourquoi? C'était une autre époque.
Que le Pape se retire dans le mystère et la majesté: ce n'est finalement pas plus mal. C'est ainsi que les Papes d'autrefois étaient plus respectés. Quelqu'un, à la curie, aura-t-il le courage de dissuader le Pape de se livrer à ce jeu qui dévalorise soit sa personne, soit le message de l' Eglise, soit les deux?
Les livres d'interview type "Lumière du monde", "Entrez dans l'espérance" sont beaucoup plus intéressants à condition de ne pas prêter à polémique sur les sujets qui obsèdent les journalistes, à savoir la triade islam-juifs-sexe. Là au moins, le Pape peut se livrer à un long développement et les propos sont révisés après coup avant publication. De plus le journaliste est parfaitement au fait de la foi chrétienne (Messori, Seewald).

En fin de compte, parler à un interlocuteur malveillant et ignare est une épreuve inutile que s'imposent les Papes depuis que Jean-Paul II l'a mise à la mode. Ce n'est nullement un vecteur d'évangélisation, au contraire.