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Le Pape et l'immigration

Il exprime sa préoccupation, après un énième drame au large de Catane... Mais il va plus loin. Selon un collaborateur "François veut abattre le mur entre le Nord et le Sud, comme JP II fit tomber celui de Berlin entre l'Est et l'Ouest" (12/8/2013)

Mais est-ce vraiment comparable?
Alors, le mur était bien réel, matériel, et il était quasiment hermétique, il fallait des miradors et des hommes en arme pour empêcher de le franchir: d'un côté, il y avait un régime politique totalitaire, expression d'une idéologie monstrueuse, et une misère "encadrée". De l'autre, la liberté, et le bien-être (enfin, on le croyait...).

Aujourd'hui, le mur est invisible, c'est quelque chose d'aussi flou que l'"égoïsme des hommes" (comment peut-on abattre un péché, alors même qu'on n'y croit pas?) il est à l'évidence poreux - c'est sous les yeux de chacun - et les garde-côte, loin de tirer à vue sur tout ce qui bouge ne font rien d'autre que secourir ceux qui s'en approchent; d'un côté, il y a la misère, les conflits sanglants souvent importés par l'Occident; de l'autre, le miroir aux alouettes, une fausse image d'un Occident qui a perdu tous ses repères, abandonné son identité (inlassablement rappelée par Benoît XVI), qui n'en finit pas de se dissoudre dans le communautarisme et qui se débat dans les difficultés économiques.

En outre, si l'Eglise est pauvre, comme chacun semble le souhaiter, est-ce seulement avec de bonnes paroles qu'elle entend soulager la misère du monde?

Enfin, les propos du pape peuvent faire penser à une ingérence dans la politique. On a repproché à Benoît XVI ses multiples ingérences... mais elles étaient en opposition frontale avec l'agenda du mondialisme. Ici, apparemment, c'est le contraire.

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Voir à ce sujet:
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François à Lampedusa
¤ Lampedusa, un mois après

>>> Image ci-dessous et reportage: Le Parisien.fr

Drame de l'immigration en Sicile: six migrants se sont noyés en essayant de rejoindre à l'aube samedi une plage de Catane après avoir sauté d'un bateau transportant une centaine d'autres immigrés en provenance de Syrie et d'Egypte.
Selon un nouveau bilan policier, les migrants étaient initialement au nombre de 100. Sur les 94 rescapés, les sauveteurs ont comptabilisé 55 mineurs. Le parquet de Catane a ouvert une enquête pour incitation à l'immigration clandestine et homicide multiple.
Les passeurs n'ont pas été trouvés pour le moment et les enquêteurs jugent possible que les immigrés aient été transférés depuis un navire plus grand puis abandonnés devant les côtes.
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A la faveur d'une mer calme, les arrivées d'immigrés se sont intensifiées ces dernières semaines en Italie. Les passeurs abandonnent souvent leurs passagers en pleine mer, dès qu'ils sont repérés par les garde-côtes italiens ou maltais.
Début juillet, le pape François s'était rendu sur l'île sicilienne de Lampedusa, pour son premier voyage hors de Rome, afin de "pleurer" les milliers de migrants qui ont péri ces dernières années pendant la traversée de la Méditerranée.

     

L'angoisse du Pape: "Ce sang ne doit pas être oublié"
Giacomo Galeazzi
Corriere della Sera, 11 août 2013
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"Ce sang ne doit pas être oublié": l'angoisse du Pape fils de migrants (cf. Lampedusa, un mois après) devient ligne d'action pour le réseau d'assistance de l'Eglise, et avertissement pour les institutions nationales et internationales. Il faut des canaux humanitaires, et plus de ressources pour l'accueil.
A l'holocauste dans la Méditerranée (35 mille victimes en 15 ans), le Pape a consacré il y a un mois le voyage de début de pontificat.
"Avant et après la visite à Lampedusa, les tragédies de la mer ont été au sommet de ses préoccupations, il demande chaque jour des revues de presse et des dossiers sur l'immigration, j'en ai discuté moi-même avec lui à plusieurs reprises", explique le Père Federico Lombardi.
Après avoir appris par les médias la noyade de six extra-communautaires à quelques mètres des côtes de Catane (1), le Pape s'est tout de suite documenté sur l'urgence.
En première ligne, il y a le dicastère vatican des migrants, et le service des jésuites pour les réfugiés. François s'est informé sur la dynamique de l'accident, survenu tout près du rivage. Il a cherché à connaître les drames personnels qui se cachent derrière le froid bulletin des victimes, l'état des survivants, et les responsabilités dans le énième massacre d'innocents.

"Tous nos entretiens se terminent toujours en abordant la tragédie des boat people - affirme le cardinal Antonio Maria Veglio, ministre vatican de l'immigration (2). Nous assistons à une recrudescence due à des facteurs internationaux. Le Pontife suit constamment l'évolution des évènements, et il est angoissé surtout par la situation des réfugiés syriens. L'Italie s'est montrée attentive et généreuse dans l'alarme lancée depuis Malte, et à mérité l'appréciation de la Commission européenne.

Devant les six cadavres de Catania "le Pape demande qu'ils ne soient pas oubliés à cause de l'indifférence", et "il exhorte à construire de nouvelles mesures de protection internationale et de citoyenneté globale", précise Mgr Giancarlo Perego, directeur de la fondation "Migrantes" de la CEI. Le tragique débarquement indique "non seulement un nouveau but, en Sicile, mais aussi un nouveau peuple en fuite: celui syrien, qui fuit la guerre civile". Jusqu'à aujourd'hui "la majorité des réfugiés syriens se dirigeaient vers les pays limitrophes, en particulier vers le Liban". A présent, souligne Perego, "les nouvelles arrivées requièrent des canaux humanitaires qui accompagnent les personnes en fuite, un meilleur investissement de ressources, un programme d'accueil en Europe pour les réfugiés et les personnes contraintes à une migration forcée".

Dans la stratégie de Bergoglio, observe-t-on à la Curie, arrêter le massacre des migrants est une priorité, comme le fut pour Wojtyla maintenir en vie l'Eglise orientale étouffée par le communisme. "François veut abattre le mur entre le Nord et le Sud, comme JP II fit tomber celui de Berlin entre l'Est et l'Ouest - précise un de ses proches collaborateurs. S'opposer à la globalisation de l'indifférence est la principale mission géopolitique et spirituelle de l'Eglise pauvre pour les pauvres, la nouvelle guerre froide à vaincre contre l'égoïsme".

     

Note

(1) Article sur Radio Vatican: http://fr.radiovaticana.va/
(2) A propos d'une interviewe accordé par le cardinal à un journal italien, lire la sévère analyse de Antonio Mastino, sur son blog Papalepapale: http://www.papalepapale.com