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Le Pape préféré de Sœur Teresita

Carlota a traduit cette belle histoire, celle de la religieuse cistercienne de 105 ans déjà rencontrée dans ces pages, rentrée au couvent le jour de la naissance de Joseph Ratzinger (29/5/2013)

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Sœur Teresita (105 ans) et la renonciation du « jeune » Benoît XVI
Laura Daniele / ABC
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Le 11 février 2013 n’a pas été non plus un jour comme les autres, au monastère cistercien de Buenafuente del Sistal, le « foyer » de Sœur Teresita. La religieuse détient le record mondial d’avoir passé le plus de temps cloîtrée, pas moins de 86 ans.

Ce 11 février, Benoît XVI annonçait à un petit groupe de cardinaux lors d’un consistoire ordinaire sa renonciation au ministère pétrinien. En quelques minutes la nouvelle se propageait comme une flambée de poudre dans le monde entier et jusqu’à en traverser les énormes murs de ce couvent du XIIème siècle, enclavé en plein territoire du Haut Tage, où abondent les bois de sapins et surtout le silence.

Sœur Teresita avait commencé ce jour-là selon la routine: après la récitation des laudes et la messe, il y avait eu le moment de la confession avec le Père Jesús. C’était déjà l’heure du repas quand est arrivée la nouvelle. Sœur Marie, l’abbesse du couvent, était très inquète. Avec ses 105 ans sur ses épaules et les maux de l’âge, comment sœur Teresita allait-elle prendre la surprenante décision de son « Pape préféré» ?
- Ma mère, je vous apporte une nouvelle que vous n’allez pas croire. Le Pape Benoît XVI a dit aux cardinaux qu’il renoncerait à son ministère d’Évêque de Rome le 28 février à huit heures du soir.
Sœur Teresita s’est tue quelques instants et ensuite elle a assuré : « S’il ne peut continuer, il a bien fait. Je continuerai à prier pour lui et lui enverrai des anges pour qu’ils prennent soin de lui ».

Une question de destins
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La vie des deux avait été liée par un hasard du destin. Le même jour où Valeriana Barajuen entrait au couvent de Buenafuente del Sistal, à peine âgée de 19 ans, Joseph Ratzinger naissait dans la ville de Marktl, en Bavière. C’était le 16 avril 1927, un Samedi Saint. Leurs vies allaient se croiser de nouveau un samedi, celui du 20 août 2011. Après 84 ans de cloître, cette vielle religieuse de l’ordre de Cîteaux, rompait pour la première fois sa clôture pour saluer Benoît XVI durant sa visite à Madrid, à l’occasion des JMJ. Cette rencontre avec le Saint Père s’est transformée en un très cher souvenir pour sœur Teresita, qui aujourd’hui continue à le vivre comme « un cadeau de Dieu ».

Au cours de sa longue vie, cette religieuse cistercienne a vu passer rien moins que dix Papes. Depuis Pie X le Pape qui donna son impulsion au Catéchisme (ndt je comprends dans le sens d’un Catéchisme commun, avant chaque évêque dans chaque diocèse, il me semble, était responsable de la rédaction du catéchisme) et a codifié le Droit Canonique, jusqu’à Jean XXIII, le « père » du Concile Vatican II, ou François, le premier Pape jésuite dans l’histoire de l’Église.

« Elle dit toujours qu’elle aime beaucoup le Pape François, mais que son pape à elle c’est Benoît XVI » nous explique sœur María, qui avec les années, est devenue le « porte-voix » de sœur Teresita, après la perte progressive de l’ouïe. « Elle lui porte une affection très forte et prie beaucoup pour lui », ajoute-elle.

Les années, cependant, n’ont même pas réussi à dérober une pincée de lucidité à cette femme extraordinaire, qui conserve la même joie et le même espoir que lorsqu’elle est entrée au couvent en 1927. Tous les jours elle essaie de participer à la vie de la communauté sans donner trop d’importance à ses défaillances.

« Samedi nous avions une veillée et nous n’allions pas terminer avant une heure du matin. Alors nous lui avons demandé ce qu’elle voulait faire. Elle nous a dit qu’elle avait consulté la Vierge et qu’elle lui avait dit d’y aller, mais que pour une plus grande charité envers les sœurs, elle avait décidé de rester (dans sa cellule) pour ne pas nous donner plus de travail. Évidemment nous l’avons emmenée avec nous à la veillée », raconte l’abbesse.

Toute la vie des sœurs tourne autour de cette femme au doux regard. Non seulement parce qu’elle est la plus âgée des dix sœurs qui vivent au couvent, mais parce qu'elle est très spéciale. « C’est une sainte. Nous avons d’autres sœurs âgées, mais sœur Teresita a un don particulier », commente une autre des religieuse.

Le journal ABC, au quotidien
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86 ans ont passé depuis que cette religieuse originaire de Forondo (Àlava- ndt Pays Basque espagnol) est arrivée à Buenafuente, mais les sœurs commentent qu’elle s’en rappelle comme si c’était hier. « J’ai quitté Vitoria le 15 avril1927, c’était sept heures du soir, et nous sommes arrivés à Madrid à sept du matin le lendemain. Nous avons déjeuné à Madrid et de là nous sommes allés directement à Sigüenza (ndt ville de Castille à une soixantaine de km du couvent). Notre voyage fut toute une affaire car nous nous étions trois jeunes filles qui allions entrer dans un couvent », assure-t-elle.
Dès lors elle passa par toutes sortes d’expérience, dont l’éclatement de la Guerre Civile et la perte de sa sœur, sœur Margarita, qui après avoir prononcé ses vœux, resta aussi à Buenafuente del Sistal.

Dans un reportage publié dans le journal ABC, l’actuelle abbesse se montrait émerveillée par la curiosité que sœur Teresita montrait pour tout.

«Sœur Teresita dit que ce n’est pas de la curiosité mais de l’intérêt, et je crois que c’est cet intérêt qui la maintient si vivante. Elle lit d’un bout à l’autre le journal ABC, surtout l’information religieuse et l’ « Alfa y Omega » (ndt excellente revue de l’archidiocèse de Madrid http://www.alfayomega.es/ ) . Elle nous fait une sélection des articles qu’elle recommande au reste des sœurs. La mémoire et l’agilité mentale qu’elle garde encore, sont incroyables », commente-t-elle.
Mais ces deux dernières années, sa santé a décliné.

Il ne reste à sœur Teresita que quelques neveux qui l’appellent fréquemment pour savoir comment elle va, en plus de lui rendre visite chaque fois qu’ils le peuvent. Depuis tant d’années au couvent, les sœurs sont devenues une vraie famille pour elle. Et cela n’a jamais été mieux dit.

Depuis qu’elle est sur un fauteuil roulant, les sœurs s’occupent de la laver, l’habiller et lui donner à manger chaque jour. « Ce sont des saintes » assure sœur Teresita

Sources originales
¤ http://www.abc.es/
¤ http://www.religionenlibertad.com