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Le Pape silencieux

Une réflexion entre mélancolie et confiance sur le site "Città Nuova", revue du mouvement des Focolari (18/4/2013)

>>> Ci-dessous: encore une image du calendrier 2007 de Famiglia Cristiana (http://beatriceweb.eu/Blog06)
La chapelle semble être de Castelgandolfo, si l'on en croit ces explications sur la genèse du calendrier (
ici)

Le silence éloquent de Benoît XVI
16/04/2013
Fabio Ciardi
Città Nuova (ma traduction)
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Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Joseph Ratzinger: le temps d'un jour, les projecteurs reviendront sur le pape émérite, mais demain, ils s'éteindront à nouveau. Une réflexion sur les mots que nous n'entendrons pas, mais que Benoît, probablement, dira à Dieu:

Les projecteurs sont tous braqués sur le pape François. Il a 76 ans sonnés, mais pour un pape, ce n'est pas tellement, et même, il semble jeune, dynamique, créatif. Il continue d'être l'objet quotidien des discours des gens. Ses livres, et les livres sur lui figurent au sommet des classements, tout comme les vidéos qui circulent sur youtube.

Le vieux pape, au contraire, est entré dans un cône d'ombre médiatique. Peut-être y aura-t-il aujourd'hui un bref retour de flamme pour rappeler ses 86 ans. Demain, ce sera à nouveau le silence, sinon l'oubli.

C'est justement le silence, la note qui semble caractériser ce moment de sa vie. Non pas tant le silence sur lui, mais son silence. Nous savons qu'il est dans sa résidence de Castel Gandolfo, mais il n'apparaît plus au balcon, et on ne l'entend plus, ni dans les audiences du mercredi, ni lors des Angelus du dimanche. Nous savons où il est, mais nous ne savons pas ce qu'il fait: nous avons seulement vu une photo arrachée par un hebdomadaire à sa vie privée et un court métrage à l'occasion de la visite du pape François. Pour le reste rien, il semble avoir disparu.

Il ne parle plus, le vieux pape. Ou plutôt, il ne nous parle pas. Il continue à parler, mais sa voix est dirigée ailleurs, en haut. Il avait annoncé au moment de son retrait: «Le Seigneur m'appelle à "gravir la montagne", à me consacrer encore plus à la prière et à la méditation».
C'est sa nouvelle manière de servir l'Eglise, avec le dévouement et l'amour qu'il avait montrés fait en tant que pape, «une manière qui convient mieux à mon âge et à mes forces».

Nous ne voyons pas ce qu'il fait, mais nous savons ce qu'il fait. Il fait comme Jésus, qui la nuit se retirait dans la montagne pour prier. Que disait Jésus à son Père dans ces dialogues secrets et prolongés? Cela reste son secret. Mais le dernier soir, après avoir dîné avec les siens, Jésus parla au Père à haute voix, nous permettant d'entrer dans ce dialogue. Il priait pour ses disciples, pour ceux que le Père lui avait confiés, pour la communauté future, pour l'humanité toute entière, pour que tous ne fassent qu'un. Peut-être alors seulement, grâce à cette prière, les disciples réalisèrent-ils combien Jésus les avait aimés et les aimait.

Si nous pouvions entrer dans la chapelle de Benoît XVI, nous nous retrouverions nous aussi devant un Jésus qui continue de prier le Père pour nous, et comme les disciples, nous réaliserions aussi à quel point il nous a aimés et nous aime. Comme il y a un Jésus qui passe parmi la foule, proclame l'Evangile et accomplit des miracles, il y a un Jésus qui lève les yeux vers le ciel et soutient la vie et l'œuvre de l'Église.

Dans son silence Benoît XVI parle donc à Dieu, mais avec son silence il nous parle aussi à nous. D'une façon nouvelle par rapport à celle dont il a parlé pendant ces années.
Combien éloquent est son silence. Il dit que sans la présence du Seigneur, notre travail risque d'être vain, que l'arbre ne pousse pas sans racines et que sans fondations, la maison s'écroule.
Il proclame la fécondité de l'humilité qui, selon l'étymologie latine, renvoie à «l'humus» , la bonne terre, capable de porter de bons fruits, ceux que chaque saison peut et doit donner, et pas d'autres. Il rappelle que le vrai pouvoir est de donner sa vie, de prendre soin de l'autre, de servir.
Benoît XVI continue à faire ce qu'il s'était proposé de faire quand il est apparu sur la loggia de Saint-Pierre, le jour de son élection et a dit, «Je suis un humble travailleur dans la vigne du Seigneur».