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Le rôle de la femme dans l'Eglise

"Quelques femmes l'accompagnaient": une lettre pastorale de l'évêque de Cordoue, Mgr Demitrio Fernández. Traduction de Carlota (17/6/2013)

Illustration: Paul-Alexandre-Alfred Leroy, Jésus chez Marthe et Marie (1882) Musée des Beaux-Arts de Rouen.

Mgr Demitrio Fernández, évêque de Cordoue, rappelle dans sa lettre hebdomadaire l’importance du rôle de la femme, et comment Jésus, en opposition aux moeurs de son époque, l'a valorisé. Traduction par Carlota (16/6/2013)

Texte original ici: www.diocesisdecordoba.com/

     

Quelques femmes l’accompagnaient

Parmi les disciples de Jésus, il y avait des hommes et des femmes. Pour une raison ou pour une autre, dans le groupe le plus important de ceux qui allaient avec lui, l’accompagnaient quelques femmes : « Marie Madeleine », Suzanne, et beaucoup d’autres (Luc, 8,3). Elles sont nombreuses les femmes qui apparaissent tout au long de l’Évangile. Il s’agit d’un fait insolite à l’époque de Jésus. À cette époque, les femmes n’avaient ni voix, ni vote, elles n’allaient pas à l’école, leur témoignage n’avait pas de valeur, elles ne comptaient pour rien dans la société. Et Jésus les accueillait dans son école, entre ses disciples, à sa suite. « C’est quelque chose d’universellement admis, - même de la part de ceux qui se mettent dans une attitude critique face au message chrétien, que le Christ fut pour ses contemporains le promoteur de la véritable dignité de la femme et de la vocation correspondante à cette dignité (Jean-Paul II, Mulieris dignitatem 12)

Nous devrions commencer par la femme choisie pour être la mère de Dieu, Marie. Elle est la créature la plus éminente parmi toutes les personnes humaines: pleine de grâce, conçue sans péché, mère et vierge, montée aux cieux y compris avec son corps. Dieu, parmi toutes les personnes qu’il a choisies pour collaborer avec lui, a choisi une femme non seulement comme mère de son Fils divin pour se faire homme, mais comme principal collaborateur dans l’œuvre de la rédemption. Avant tous les autres disciples, avant les apôtres eux-mêmes, avant même Pierre, était Marie, la femme par excellence, qui apparaît toujours à côté de Jésus, depuis sa naissance jusqu’à sa mort et sa résurrection. Et elle l’accompagne dans le ciel comme mère et notre intercesseur. En elle, Dieu a manifesté une prédilection pour la femme, et en elle toute l’humanité doit trouver la référence de la véritable dignité de la femme dans toutes les époques.

Certains se sont engagés aujourd’hui dans la revendication du sacerdoce féminin, le sacerdoce de la femme comme si c’était un droit, comme si c’était un niveau de pouvoir. L’Église n’est pas une maîtresse absolue des dons que lui a octroyés son Maître, et elle a répondu qu’il ne peut être fait quelque chose de différent à ce qu’a fait son Maître et Seigneur, Jésus Christ (Jean Paul II, Ordinatio sacerdotalis, 1994). Le sacerdoce ministériel est un don, jamais un droit. Par conséquent il ne peut entrer dans les marchés des droits humains, ni ne doit être l’objet de revendications. Et d’une manière définitive, la sentence ne pourra être jamais plus réformée, parce que le Pape Jean-Paul II l’a dictée en s’appuyant sur l’exemple de Jésus, la Parole de Dieu, la Tradition vivante de l’Église et dans son infaillibilité pontificale.

Avec cela, Jésus n’a pas considéré la femme comme moins car il l’a mise en tout égale de l’homme. Par exemple, sur les thèmes du mariage, quand la femme n’avait aucun droit et pouvait être répudiée à tout moment, Jésus situe la femme à la même hauteur que l’homme. Non seulement la femme commet l’adultère si elle va avec un autre, l’homme aussi commet l’adultère s’il s’en va avec une autre (cf Mt 19,9) parce que Dieu les a faits égaux en dignité, différents pour être complémentaires. Cette posture de Jésus surprend fortement ses disciples, mais Jésus a laissé établie cette égalité fondamentale, que l’Église doit respecter et promouvoir tout au long des siècles (*).

Le rôle de la femme dans l’Église est d’une énorme importance, non seulement parce que toutes les femmes sont appelées en tant que telles à la sainteté, mais parce qu’elles ont été d’une manière spéciale recommandées au soin de l’être humain, de sa conception jusqu’à sa mort. Dans le mariage ou dans la virginité, le cœur de la femme est fait pour la maternité, pour protéger l’être humain, spécialement les plus faibles et les plus sans défenses. Rien de plus chaud pour l’être humain que le giron d’une mère. Le « génie » féminin et le cœur de la femme est fait pour aimer, pour accueillir, pour exprimer la tendresse de Dieu, avec l’homme. Le féminisme chrétien a offert à l’humanité de grandes femmes, pleinement féminines, à l’image de la mère de Jésus, et engagées complètement, dans la virginité ou dans le mariage, à une maternité remplie et féconde. La femme ne doit pas cesser d’être une femme pour être plus, mais c’est en étant précisément femme, pleinement femme, qu’elle rencontrera sa plénitude.

Parmi ceux qui suivaient Jésus, il y avait des femmes, aujourd’hui dans nos paroisses, dans les groupes et les mouvements prévalent les femmes. Reconnaissons le rôle de la femme dans l’Église pour être fidèles à Jésus et à son Évangile.

Recevez mon affection et ma bénédiction

+ Demetrio Fernández, évêque de Cordoue

Note de Carlota

(*) Il n’est pas inutile de rappeler le statut d’égalité de la Femme dans l’Occident chrétien du Moyen Âge, un statut qui va de plus en plus être amoindri à partir de la Renaissance et les siècles suivants (cf les ouvrages de Régine Pernoud, notamment). La réaction féministe relativement récente, est bien plus le résultat d’une Europe récente qui a perdu sa catholicité et cantonné la femme dans des archétypes, auxquelles les « philosophes » du Siècle des « Lumières » ont eux aussi également travaillé. Et ce n’est pas par hasard si la révolution féministe est née dans les pays anglo-saxons qui ne pratiquaient pas la même vision de la femme que les pays de la catholicité qui plaçaient la Mère de Jésus à la place qui lui revennait.
Et je ne résiste pas à citer ce genevois calviniste de Jean-Jacques Rousseau: « … Et en effet presque toutes les petites filles apprennent avec répugnance à lire et à écrire ; mais quant à tenir l'aiguille c'est ce qu'elles apprennent toujours volontiers. Elles s'imaginent d'avance d'être grandes, et songent avec plaisir que ces talents pourront un jour leur servir à se parer. »
(réf Émile ou de l'éducation, in Œuvres complètes, Édition Gallimard, Paris 1969, p. 706).