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Le silence assourdissant du Vatican...

sur certaines questions sensibles. Je ne retrancherais pas un mot à l'analyse de Raffaella! (7/6/2013)

Des propos un peu semblables me trottent dans la tête depuis quelque temps...
Mais il faut du courage pour aller à contre-courant, y compris parmi les catholiques, et dire noir sur blanc ce qu'elle ose dire, mais n'est sans doute pas la seule à penser!

>>> L'épreuve du feu

     

Le silence assourdissant du Vatican sur certaines questions et l'extraordinaire loquacité sur d'autres
(Raffaella)
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Chers amis,
je voudrais partager une réflexion avec vous.
Commençons par cette prémisse: j'ai toujours été convaincue (et ceux qui m'ont suivie au fil des ans le savent) que le Saint-Siège et en particulier le pape peut et doit aborder toutes les questions qui sont débattues publiquement.
J'ai toujours défendu le droit sacré de Benoît XVI à parler haut et fort sur les thèmes éthiques, les valeurs non-négociables, l'immigration, les droits des Roms, sur la nécessité d'accueillir le prochain, sur la dénonciation du pouvoir excessif de la finance et sur l'opportunisme de la politique.
J'ai toujours été convaincue du droit des Papes à commenter chaque question qui a à voir avec l'être humain. Liberté de parole, donc, sur les problématiques sociales, mais aussi sur celles éthiques.
Or, au cours des derniers mois (on ne peut le nier!), nous avons assisté à un renversement de tendance.

Le Saint-Siège et le Pape interviennent abondamment sur les questions sociales (pauvreté, pouvoir excessif des banques, finance, immigration, traite des êtres humains), mais on remarque un silence également indéniable sur d'autres questions, telles que la défense de la vie, de la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme, le droit à l'objection de conscience, etc ...
Ceux qui ont suivi le pontificat de Benoît XVI savent qu'il n'a jamais manqué d'apporter sa parole, tout en sachant parfaitement qu'il s'exposait au feu des médias, de la politique et des bien-pensants.
Il est intervenu à de multiples reprises sur l'accueil des migrants, sur le droit d'asile, sur la crise économique, sur la pauvreté des uns et la richesse exagérée des autres. L'encyclique Caritas in veritate est un exemple remarquable en ce sens.
Néanmoins, les positions prises par le pape étaient systématiquement occultées, parce qu'il osait intervenir sur d'autres problèmes, les dites «valeurs non négociables», les questions éthiques.
Parlons clair: c'est cela qui a déclenché la guerre des médias contre lui, avec un présupposé d'antipathie qui n'a jamais disparu. Papa Ratzinger parlait toujours d'urgence éducative, parce qu'il savait que le problème est ici en Europe! Il savait parfaitement que, cédant sur certaines valeurs, on est sur une pente dont nous ne savons pas où elle va nous mener.
Il semble cependant qu'aujourd'hui, les priorités soient autres, et cela s'applique à l'Église à tous les niveaux.
Emblématique à ce propos, la récente sortie du cardinal Danneels, ancien primat de Belgique.
Revenons en arrière: à la veille du conclave, de nombreuses associations prétendaient qu'il ne devait pas y participer en raison du scandale de pédophilie émergé en 2010, mais ensuite tout a été oublié, et Danneels a pu dire une prière à la messe d'inauguration du nouveau Pape et aujourd'hui, il est courtisé par les médias dans son pays comme un exemple de cardinal «éclairé».
De quelle sortie s'agit-il? Il y a quelques jours, le cardinal a déclaré que le mariage homosexuel était un problème qui regardait l'Etat, et pas l'Église (source).

Nous avons ici la théorisation parfaite silence de l'Église sur les lois de l'État.
Personnellement, je ne suis pas d'accord. Je crois que l'Église a le droit et le devoir d'intervenir quand une loi, de par elle-même, ne peut être acceptée.
Supposons cependant, que le raisonnement du cardinal puisse être mené à ses conséquences extrêmes. Je pourrais dire, par exemple, que le problème de l'immigration n'est pas une question qui devrait intéresser l'Église. C'est à l'Etat derégler cette question et c'est son problème aussi parce qu'elle concerne la sécurité des citoyens du pays d'accueil.
Quelle sera la prochaine étape?
Il pourra y avoir des règles visant à restreindre l'objection de conscience, ou imposer aux agences catholiques qui gèrent les adoptions d'enfants de s'adapter aux lois nationales. On pourra pratiquer la "location d'utérus" (ndt: en France, on a déjà la novlangue: GPA), on pourra imposer le diagnostic pré-implantatoire.
Que fera le Saint-Siège? Il décidera de ne pas intervenir? Sommes-nous sûrs que ce soit une bonne idée de déléguer tout aux évêques?
Nous avons déjà vu (par exemple dans le cas des sanctions contre les prêtres pédophiles) ce que signifie tout remettre dans les mains des Conférences épiscopales.
Et si ce n'est pas le Pape qui parle, sommes-nous vraiment sûrs que les évêques vont le faire? J'en doute car en l'occurrence, nous ne parlons pas de «cœurs de lion».
Il y a également un autre fait à ne pas négliger: souvent, l'autorité des évêques n'est pas reconnue par les fidèles eux-mêmes. Ce n'est pas la même chose pour le pape, qui est malgré tout une autorité religieuse et morale mondiale.
Certes, parler des questions les plus brûlantes, et qui divisent le monde catholique lui-même implique de nombreux sacrifices, et la conscience de subir la persécution des médias.
Benoît XVI s'est sacrifié lui-même et a sacrifié sa santé pour ne pas taire la vérité.
Aujourd'hui, il y a la paix . Mais cette trêve n'existe-t-elle pas justement parce que l'on a décidé de ne pas parler à haute voix de ces questions qui perturbent tellement le "manipulateur" occidental?
Est-il juste de se taire? Et jusqu'à quand pourra-t-on le faire? La paix médiatique serait-elle au prix du silence?
La stratégie a porté ses fruits: les corbeaux se sont tus, on ne parle plus du dossier Vatileaks (qui avant cela apparaissait comme le dixième secret de Fatima ...), la mer est d'huile ... et s'il vient quelque picotement (le diable par exemple), on prend grand soin de cacher certaines phrases ...

Cela en vaut-il vraiment la peine? Le Pape François a mis dans le mille il y a quelques jours quand il mis en garde contre les flatteurs et le politiquement correct. Mais comment compte-t-on agir, à présent? Si l'on commence à garder le silence sur certaines questions, on ne pourra plus revenir en arrière parce que l'on réclamera le silence de l'Église sur beaucoup d'autres questions: Tais-toi cette fois, et tais-toi une fois pour toutes!
Regardons au loin et gardons toujours à l'esprit le risque grave que court l'Église d'aujourd'hui: l'insignifiance (ndt: ne plus compter), notamment en Europe et en Occident.
Le silence ne paie jamais même si parler entraîne le mépris de ceux qui actuellement encensent et parfument tout que le pape François touche.

Raffaella