Accueil | D'un Pape à l'autre | Retour au Vatican | Collages de Gloria | The hidden agenda | Lumen Fidei | Lampedusa | Benoît et les jeunes

Les pères ne démissionnent pas

Une réflexion - que je ne partage qu'à demi, on verra pourquoi - sur le geste de Benoît XVI, par William Oddie, éditorialiste du Catholic Herad (12/4/2013)

>>> Voir aussi: La santé du Pape émérite

     

J'ai traduit un article de William Oddie, du Catholic Herald, que nous avons déjà rencontré dans ces pages (ici et encor ici)
[Le Catholic Herald est un hebdomadaire catholique britannique de ligne opposée à la ligne "conciliaire" représentée par The Tablet. William Oddie en fut le directeur de 1998 à 2004].

J'ai aimé - parce que je les partage - sa nostalgie, et le sentiment qu'il exprimait fort bien, dans un article écrit en février: "que le pape tout simplement disparaisse, se dire qu'en fait, à la fin de ce mois, nous ne pourrons plus jamais voir ou entendre à nouveau cette personne aimée, c'est comme une sorte de deuil sans mort et la fermeture définitive qu'apporte une bonne mort".

Mais je respecte et comprends la décision du Saint-Père.
Et contrairement à ce que semble affirmer William Oddie, en "renonçant", Benoît XVI n'a nullement déposé la "couronne d'épines", il n'est pas "descendu de la Croix, comme il l'a lui-même expliqué lors de la dernière audience générale, le 27 février..

     

Je savais que j'allais avoir des ennuis avec deux papes: quand nous prions pour le «Saint-Père», c'est encore à Benoît je pense.
Les pères ne démissionnent pas: simplement, ils vieillissent
Et je ne peux vraiment pas m'occuper de cette histoire d'«émérite» . Il est encore tout simplement le pape Benoît pour moi
William Oddie
Jeudi 11 Avril 2013
Original en anglais www.catholicherald.co.uk.
----

La santé du pape Benoît XVI, selon une correspondante espagnole au Vatican, Paloma Gómez Borrero, écrivant dans le journal espagnol El Mundo, s'est considérablement détériorée au cours des deux dernières semaines. Selon elle, Benoît souffre de quelque chose de «très grave». Elle ajoute: «Nous n'allons pas l'avoir avec nous pour très longtemps».

Cela a été démenti par le père Federico Lombardi, selon ce qu'Edward Pentin rapporte ici.
J'ai été très touché par certains des commentaires à son billet (contrairement à moi, il semble attirer très peu de méchants trolls), qui m'ont amené à réfléchir à nouveau sur toute cette affaire de la démission du pape, qu'à l'époque j'avais trouvée très pénible.
...

Ce que nous voyons dans ces commentaires, c'est qu'il y a un véritable amour pour le pape Benoît XVI, qui persiste pour beaucoup d'entre nous; et qui, je dois le dire, est la source d'une certaine confusion. Quand il a démissionné, j'ai écrit que quand sa démission prendrait effet, «pour moi, il serait toujours le Pape, quoi que dise la procédure juridique. Ce n'est pas une simple question de droit canon; les sentiments sont engagés ici, et au niveau le plus profond. Les catholiques aiment leur pape; et que le pape tout simplement disparaisse, se dire qu'en fait, à la fin de ce mois, nous ne pourrons plus jamais voir ou entendre à nouveau cette personne aimée, c'est comme une sorte de deuil sans mort et la fermeture définitive qu'apporte une bonne mort. Les autorités vaticanes nous disent que nous aurons un nouveau pape en place à temps pour Pâques. Mais je me découvre rebelle, disant que je ne veux pas d'un nouveau pape: J'ai un pape, je tiens à le garder, s'il vous plaît».

Dans un billet ultérieur, sous le titre «Comment, durant la vie d'un pape, son successeur peut-il gagner l'autorité dont il a besoin .... » , je rappelais un article que j'avais écrit il y a à peu près un an, expliquant pourquoi les papes, à la différence des archevêques de Canterbury, ne démissionnent jamais: «Cela explique, d'une certaine façon, pourquoi aucun archevêque anglican ne pourra jamais avoir le genre d'autorité spirituelle pour les anglicans qu'un Pape a pour les catholiques: le fait est qu'en acceptant la couronne d'épines qu'est la fonction papale, le Successeur de Pierre lui-même se donne absolument et de manière irréversible: il n'y a pas d'échappatoire, pas de possibilité d'une retraite paisible, c'est - ou serait, sans la force que Dieu seul peut donner - une perspective véritablement redoutable ».

Mon article se concluait avec les mots «Nous sommes dans une période d'incertitude: mais nous sommes aussi dans les mains de Dieu»: et ce sentiment pieux semble avoir été confirmé par les événements, avec l'élection du pape François, qui a vraiment l'air d'être exactement ce dont nous avons tous besoin à ce stade de l'histoire de l'Eglise. Je suis sûr qu'à la fin, il suscitera tout l'amour et la fidélité que nous - moi - devons déjà sentir pour lui comme notre pape, mais je dois admettre que quand j'arrive à mes prières pour le Pape, c'est encore Benoît qui vient en premier, spontanément, à la pointe de mon esprit; au plus profond de moi, il est toujours irrémédiablement le Pape Benoît: Je ne peux vraiment pas faire avec toute cette histoire d'«émérite». Et puis, je me secoue, je change de vitesse, et clique sur la souris de mon ordinateur mentale, sur l'image du pape François. Ce n'est pas difficile à faire: il est lui-même une personne forte et attachante qui a pour des raisons très solides déjà inspiré une réponse affectueuse de la plupart des catholiques.

Mais un père est un père: il continue à l'être, peu importe qu'il devienne infirme: et les mots «Saint-Père» signifient encore le Pape Benoît pour moi. Je dois l'admettre: quand il s'agit de la papauté, je suis toujours dans un état de confusion affective. Ce n'est pas grave, je vais m'en remettre. L'Eglise est toujours l'Eglise, et aucun dommage à long terme réel n'a été fait jusqu'à présent. Mais je n'arrive toujours pas à surmonter l'idée persistante (et bien sûr totalement indéfendable) que Benoît n'est pas le Pape émérite, mais que c'est en fait François qui est le pape coadjuteur ...