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Les silences du pape François

L'analyse de Monique T. (11/6/2013)

>>> Cf.
Magister: l'énigme Bergoglio

     

Concernant les questions du gender et du mariage entre personnes du même sexe, Benoît XVI avait clairement fait connaître sa position en de nombreuses occasions dont au moins trois:
- le discours à la Curie 2008
- le discours à la Curie 2012
- le discours au corps diplomatique 2012.
Il a été attaqué chaque fois , ses propos ont été caricaturés mais on ne peut pas dire qu'il ait manqué de courage.

Le silence du Pape François sur ces questions commence à devenir pesant.
Comment expliquer cette abstention? Avançons quelques hypothèses... peut-être toutes fausses.

- il estime qu'il a déjà fait connaître sa position en tant qu'archevêque de Buenos Aires et qu'il n'a pas à recommencer (position pas très claire concernant la reconnaissance légale des unions homos mais claire sur le mariage).Mais on attend sa parole de Pape (pardon, d'évêque de Rome)!

- il n'a pas trouvé une occasion et un lieu propices pour s'exprimer.

- il considère ce sujet comme secondaire. Il veut donner la priorité absolue au thème de la pauvreté et il est vrai qu'il y a dans le monde infiniment plus de pauvres que d'homosexuels désireux de se marier! Mais faut-il raisonner à partir du nombre? D'ailleurs, si l'on raisonne ainsi, il faut voir que des millions de jeunes seront pervertis ou au moins troublés par l'enseignement du gender!
L'éradication de la pauvreté ne se décrète pas et elle résiste à toutes les déclarations généreuses, alors qu'on peut s'opposer au vote de lois iniques (même si le succès n'est pas assuré!). Ces deux luttes ne sont pas du même ordre et peuvent d'ailleurs aller de pair (c'est ce que faisait Benoît XVI). On ne peut pas éradiquer la pauvreté par un vote alors qu'on peut instaurer ou abroger le mariage gay par un vote.
Personne n'est partisan de la pauvreté (à part quelques individus cyniques qui prospèrent sur le dos des pauvres) et "un pape des pauvres" ne prend aucun risque sur le plan médiatique. Il sera toujours applaudi par les foules et les médias, même ceux qui sont financés par des milliardaires.

- il est retenu par ses conseillers en communication et quelques cardinaux plutôt bienveillants envers les thèses des homosexuels. On va finir par croire qu'il y a bien un lobby homosexuel au Vatican (des pratiquants? des sympathisants?), comme on le disait avant la renonciation... époque où tout allait à vau-l'eau.

- François aurait déjà perdu sa liberté de parole à cause de la menace que 'des' lobbies feraient peser sur son pontificat. S'il parle, il subira le même sort que Benoît XVI. Qui sait si l'enquête sur les Vatileaks (dont les résultats lui ont été remis par son prédécesseur) n'a pas révélé quelque obscur chantage?

Les conséquences de ce silence - qui sera peut-être rompu prochainement - sont assez néfastes. Radio-Vatican, certains médias catholiques et des clercs de tous niveaux (du curé de paroisse au cardinal) s'enhardissent et commencent à dire n'importe quoi, contredisant allègrement la note de la CDF de 2003 et méprisant donc l'argumentation sans faille du Cardinal Ratzinger, si bien qu'on croirait que le Magistère de l'Eglise change tous les dix ans!. Ils induisent en erreur les fidèles: ce qui est très grave de la part de pasteurs censés les éclairer. Une seule parole de François remettrait à leur place tous ces vaniteux flattés par les médias.

François se trouve peut-être dans la même position que Pie XII, en ce qui concerne l'islam (d'où son silence sur les auteurs du massacre d'Otrante). S'il parle trop, ce seront les chrétiens d'Orient qui en paieront les conséquences.
En ce qui concerne le gender et le mariage gay, est-on dans une situation similaire? Il n'y aura peut-être pas de massacres mais certainement une persécution de l'Eglise et des catholiques. On imagine très bien toutes les menaces, tous les chantages, toutes les assignations devant les tribunaux qui risquent de pleuvoir. Le Pape préfère peut-être éviter une confrontation frontale génératrice de souffrances pour les fidèles.
Ce silence déçoit les centaines de milliers de personnes qui se mobilisent - en prenant des risques - contre ce volet de la "culture de mort" mais il est possible que le Pape ait des raisons de poids qui nous échappent.

Monique T.
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PS: Autre sujet. On n'a pas vraiment su pourquoi les paiements électroniques (cf. ici) en faveur du Vatican avaient été bloqués plusieurs semaines avant la renonciation de Benoît XVI et débloqués juste après. A-t-on essayé d'asphyxier le Vatican pour forcer Benoît XVI à démissionner?