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L'imbroglio des gaz sarins

Intrigué par le silence qui entoure la sortie d’un reportage explosif, Gianandrea Gaiani, sur la Bussola pose la question: et si c’étaient les rebelles? (3/9/2013, mise à jour)

Certes, le sujet n’a rien à voir avec Benoît XVI. Mais il est de plus en plus insupportable d'entendre répéter en boucle des « vérités » totalitaires. Je profite de ce que j’ai une (toute petite) voix sur internet pour servir de caisse de résonnance à une information bizarrement passée sous silence dans les grands médias, au moment où la France socialiste s’apprête à partir en guerre toute seule.

Article en italien: www.lanuovabq.it
Ma traduction.

     

Syrie: les gaz (peut-être) étaient des rebelles
Gianandrea Gaiani
La Nuova Bussola quotidiana
03-09-2013
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Bien que dans le monde entier, la crise syrienne soit au centre de l'attention, peu de médias ont diffusé une nouvelle qui devrait au contraire s'avérer de grand intérêt, surtout pour démêler l'écheveau autour de l'origine et de l'emploi du gaz sarin qui le 21 août a fait un nombre indéterminé de victimes dans les faubourgs de Damas. Dans une série d'interviewes, plusieurs rebelles syriens ont admis que c'étaient eux les responsables du massacre de civils que Washington et une partie de la communauté internationale voudraient attribuer à Assad.
Les armes chimiques auraient été fournies aux miliciens par leur "sponsor", l'Arabie Saoudite, à travers les services de renseignement dirigés par le Prince bin Sultan. La "fuite de gaz" serait à attribuer à l'inexpérience des miliciens à manipuler des armes chimiques qu'ils avaient reçues pour créer un incident à quelques km de l'hôtel où logeaient les techniciens de l'ONU experts en armes chimiques, créant un casus belli.
Le reportage, signé par Dale Gavlak (qui collabore depuis des années avec l'agence Associated Press) et Yahya Ababneh le 29 août, n'est certainement pas de ceux qui passent inaperçus. Etrangement, il n'est pas apparu sur le site de l'AP, mais sur le journal en ligne Mintpressnews. Pour quelle raison? Les sources n'étaient pas considérées comme fiables, ou la nouvelle trop explosive pour être diffusée par une des principales agences de presse du monde? Le travail sur le terrain a été effectué par Yahya Ababneh, qui a parlé avec les rebelles et les familles des victimes, tandis que Dale Gavlak a recueilli la documentation et fait le travail de recherche. Les différents témoignages parlent clair, les rebelles cachent les armes, y compris celles chimiques, dans les mosquées et les maisons privées, mais à cause de leur inexpérience, ils auraient commis une erreur fatale, libérant le sarin. Une erreur immédiatement exploitée à des fins de propagande, en réalisant les vidéos avec lesquelles le régime est accusé.

"Eux (les miliciens quaïdistes d'al-Nosra) ne nous ont pas dit que c'étaient des armes chimiques, ni comment les utiliser", se plaint un combattant qui se fait appeler K. "Nous ne savions pas que c'étaient des armes chimiques, nous ne l'aurions jamais imaginé".
Un leader des rebelles, qui préfère se faire appeler J, explique que "les miliciens du Front al-Nosra ne coopèrent pas avec d'autres rebelles, sinon dans les combats. Ils ne partagent pas les informations secrètes, et ils ont simplement utilisé quelques rebelles en leur demandant de transporter et d'employer ce matériel. Nous étions très curieux au sujet de ces armes, mais malheureusement, plusieurs combattants les ont gérées de façon inappropriée, et les ont fait exploser".

Certes, toutes ces informations doivent être vérifiées, et il pourrait même s'agir d'une opération menée par les services secrets de Bashar al-Assad pour décharger sur les quaïdistes la responsabilité de ce qui est arrivé. Bizarre, toutefois, que ce compte-rendu détaillé n'ait eu aucune place dans les médias, alors qu'au contraire les soi-disant "preuves" recueillies par Washington, bien qu'étant tout autant aléatoires et non vérifiables, ont eu une ample diffusion, même si elles s'avèrent peu convaincantes. Au moins pour la Russie, comme l'a déclaré hier le ministre des Affaires étrangères de Moscou, Sergei Lavrov: "Ce que nous ont montré précédemment et plus récemment nos partenaires américains, de même que ceux britanniques et français, ne nous convainc absolument pas" a dit le chef de la diplomatie russe. "Ils nous ont montré du matériel qui ne contient rien de spécifique, et qui ne nous convainc pas", a répété Lavrov. "Il n'y a pas de cartes géographiques, ni de noms, ni aucune preuve que les échantillons aient été prélevés par des professionnels", a poursuivi le ministre, "et il n'y avait non plus aucun commentaire sur le fait que de nombreux experts ont émis de forts doutes sur les vidéos qui circulent sur internet".

Si le reportage réalisé à Ghouta qui accuse les quaïdistes et l'Arabie Saoudite correspondait à la réalité, cela pourrait aussi fournir une explication plausible à la marche-arrière imprévue de Barack Obama sur le blitz contre Damas. Après la guerre en Irak, la Maison Blanche ne peut plus se permettre un autre faux-pas sur les arme de destruction massive, et Obama ne peut pas risquer de se mettre à dos les "alliés" saoudiens. En guerre, tout peut être, mais les forces d'Assad n'ont aucun motif (ni politique, ni militaire) pour employer des armes chimiques contre les rebelles. Que ces derniers aient déjà utilisé dans le passé des armes chimiques (tuant de nombreux soldats loyalistes), cela avait été dit en mai dernier par la juge Carla del Ponte, qui fait partie de l'équipe de l'ONU qui s'est occupée de ce problème. Le mois suivant, c'est David Cameron qui disait publiquement que les quaïdistes, en Syrie, cherchaient à se doter d'armes chimiques.

Ils ont probablement trouvé un bon fournisseur dans les services secrets saoudiens qui ne se posent pas certains problèmes moraux. Comme l'ont révélé des sources de presse, lors de la rencontre du 31 juillet dernier, le prince bin Sultan a proposé à Vladimir Poutine de signer un accord pour contrôler le marché mondial du pétrole et sauvegarder les contrats de gaz de Moscou, en échange de la fin de l'appui russe au régime syrien de Bashar al-Assad.
La nouvelle, démentie par le Kremlin, mais diffusé par des milieux proches du gouvernement russe, a fini sur les pages du quotidien libanais As-safir, proche du mouvement chiite Hezbollah, hostile aux saoudiens et allié de Damas. Devant le "niet" de Poutine, le chef des services de renseignement saoudien aurait aussi promis de sauvegarder la base navale russe en Syrie, au cas où le régime d'Assad serait renversé, mais aurait également insinué la possibilité d'attaques de terroristes tchétchènes aux jeux olympiques d'hiver de Sochi, s'il n'y avait pas d'accord: "je peux vous garantir de protéger les Olympiades hivernales l'an prochain - aurait dit Bandar - les groupes tchétchènes qui menacent la sécurité des jeux sont sous notre contrôle".

Mise à jour

Je m'aperçois qu'Yves Daoudal avait diffusé l'information sur son blog dès hier: http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2013/09/02/armes-chimiques-les-rebelles-le-disent-eux-memes-5154437.html

Il met en particulier le lien vers l'article de l'Agence Mint Press News.

Mieux vaut avoir fait doublon: plus on est de voix à dénoncer la désinformation, mieux c'est!