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Messe d'inauguration du ministère pétrinien

La "nostalgie" de Benoît du site italien Cantuale Antonianum. Et quelques pépites, à découvrir (24/3/2013)

Voilà que je fais ce que je ne voulais pas faire: comparer les deux Papes!
Mais ce n'est pas pour déprécier le nouveau par rapport à l'ancien.
C'est plutôt pour souligner combien l'angle de vue adopté par les medias est sujectif, et même partial.
Ce que pensent vraiment les gens, on ne le sait pas, sinon par eux. Et une fois de plus, l'opinion publiée se substitue à l'opinion publique.
Voici donc un autre point de vue. Avec un rappel video bienvenu de la merveilleuse messe d'inauguration de Benoît XVI. Et, plus étonnant, de Jean-Paul 1er (avec l'hommage des cardinaux Ratzinger et Wojtyla)

Messe d'inauguration du ministère pétrinien ... avec un peu de nostalgie
Mardi 19 mars
Original ici: www.cantualeantonianum.com
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Permettez-moi de le dire franchement: sans rien enlever à Papa Francesco, il ne fait aucun doute que la nostalgie de Benoît, aujourd'hui s'est fait sentir beaucoup, beaucoup.
Papa Francesco m'a paru impressionné, presque bloqué par l'immensité de la tâche que la foule et les personnalités présentes aujourd'hui à Saint Pierre lui indiquaient objectivement. Même à l'intérieur de la Place, il se réfugiait dans les gestes habituels et affectueux auxquels il est habitué: très bon dans les contacts personnels, il ne réussit pas encore à entrer pleinement en phase avec la foule, dans le rôle du Successeur de Pierre, le Pape de Rome et de l'Église universelle, et à réagir aux masses qui l'acclament: «Viva Il Papa». C'est tout juste s'il ne rougit pas.

Il m'a également quelque peu surpris, aujourd'hui; il a souligné à juste titre dans son homélie que l'évêque de Rome doit servir et il a dit: « N'oublions jamais que le vrai pouvoir est le service et que même le pape, pour exercer le pouvoir, doit pénétrer toujours plus dans ce service qui a son sommet lumineux sur la Croix»; il a répété les mots de service et servir au moins 5 fois, mais il n'a pas saisi l'occasion de mentionner le plus beau titre de Souverain Pontife: «Serviteur des Serviteurs de Dieu », titre aussi ancien que Grégoire le Grand et pourtant très contemporain. Il a utilisé une seule fois le mot «pape», jamais Pontife. Je ne pense pas que c'est humilité ou modestie, c'est plutôt la conscience écrasante du poids du ministère qui s'ouvre devant lui, et qu'il ne veut pratiquement pas mentionner.

À mon avis - que je partage avec Sandro Magister - Papa Francesco sera progressivement façonné par la charge qu'il assume (et qu'il assume certainement contre son gré).
Ratzinger, quand il est devenu pape, était déjà prêt, il n'avait pas besoin de s'habituer à la foule et à la Curie romaine, aux cérémonies et aux cérémoniaires, et c'est pour cela qu'il a pu d'emblée tracer avec force, dès ses premières homélies, son plan pastoral et ses priorités pour l'Eglise, affirmant: «Priez pour moi, pour que je ne me dérobe pas par peur à cause des loups».
Ce n'est pas un hasard si l'homélie du pape Benoît XVI pour le début de son ministère pétrinien fut constellée de 35 applaudissements. Par moments, on n'avait l'impression qu'il ne pourrait pas poursuivre. Bien sûr,on était dans un climat "à la Jean-Paul II", où tout ce qui entourait le pape était enthousiaste. Après la mort du grand pasteur polonais et le sentiment d'égarement des fidèles, avoir un nouveau pasteur, c'était aussi émerger de la nuit.

Papa Francesco se place beaucoup plus timidement que Benoît dans son ministère, même quand il dit des choses fortes et claires. Il semble avoir presque peur de solliciter les applaudissements (nous en avons entendu 8) ou d'agiter ses mains pour faire plaisir à l'assemblée (Mgr Marini a même dû attirer l'attention du pape vers l'assistance à la fin de la célébration).
Je crois qu'il n'est toujours pas en mesure de distinguer sa personne du ministère pétrinien, l'honneur rendu à Bergoglio et celui qui est destiné au pape François . Pour cette raison - toujours selon moi - il a tendance à rejeter certains symboles: parce que dans son esprit typiquement jésuite ce sont des honneurs qui ne doivent pas être recherchées, et même évités. Mais bien sûr, saint Ignace n'a jamais pensé à l'un de ses fils élevé au pontificat! Il faudra un certain temps, mais petit à petit, François comprendra que c'est au Pape que les gens s'intéressent, que c'est le Pape qu'ils veulent saluer saluer, entendre, révérer, pas la personne qui porte «pro tempore» la charge.
Les titulaires de la charge passent, le ministère de Pierre reste essentiel et stable pour l'Eglise.
Pour ceux qui ont peu de mémoire ou ne se rappellent la célébration vigoureuse et l'homélie de Benoît XVI le 24 Avril 2005 voici une video:

Je vous invite également à revoir le service de la RAI dans la vidéo ci-dessous, qui indique le véritable inventeur de la célébration qui a été répétée pour la quatrième fois dans l'histoire.
C'est Jean-Paul Ier, Papa Luciani, le réformateur foudroyant et le vrai «révolutionnaire», qui ressemble tellement par son caractère et la recherche de la simplicité à Papa Bergoglio:
(vers 3'30, l'hommage des cardinaux Ratzinger, puis Wojtyla)