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Monsignore… ma non troppo

Réforme à la Curie... de Venise: le patriarche de Venise, abolit le titre de «Monseigneur» pour les prêtres n'ayant ps de titre honorifique pontifical. Vatican Insider fait un parallèle avec le "nouveau" style sobre imposé par François (24/8/2013)

     

Monseigneur... mais pas trop
http://vaticaninsider.lastampa.it/
Michelangelo Nasca
24/8/2013
(ma traduction)
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«Monseigneur ... mais pas trop», tel était le titre (en italien, en français c'était «Don Camillo monseigneur») du quatrième épisode de la célèbre saga de Don Camillo et Peppone, réalisée par Carmine Gallone et inspirée des histoires de Giovanni Guareschi.
À Venise - on en plaisante sur quelque prêtre - le «Monseigneur ... mais pas trop» est bel et bien devenu un décret diocésain!

Suivant, en effet, la ligne de la sobriété et du service, et dans le respect des normes canoniques établies par l'Église, le patriarche de Venise Francesco Moraglia a récemment signé un arrêté réservant le titre de «monseigneur» aux prêtres qui ont reçu un titre honorifique pontifical directement du Pape, alors que tous les autres membres du clergé diocésain, garderont le simple «don» (ndt: titre des prêtres en Italie).

Un choix, qui a laissé quelques prêtres et ex-«monseigneurs» contrariés, même si, à la Curie, on tend à souligner que sur l'utilisation de titres ecclésiastiques, aucune mesure rétroactive n'est en cours, seulement «une révision rigoureuse, qui s'inscrit dans la ligne de sobriété du pape François».

Déjà depuis plusieurs mois, le patriarche de Venise, dans le cadre de certaines assemblées diocésaines, avait commencé à remplacer le titre de «Monseigneur» par celui de «don», et en particulier lors d'une récente importante réunion, pour annoncer la nouvelle composition de la Curie; des nominations - précise Moraglia - pensées aussi dans l'optique d'une gestion collégiale et partagée, toujours selon le plan pastoral diocésain. «La Curie - a-t-il ajouté - n'est pas un lieu de privilège, mais un lieu de service, dans lequel tout le monde est appelé à servir la communauté diocésaine sur le territoire. La Curie n'est pas une fin en soi, c'est un moyen, la fin est toujours le bien des âmes» (Zenit)[!!....]

A propos du titre ecclésiastique en question, des prêtres ont retracé les sources historiques.
Mgr - en fait «don» - Joseph Camilotto, Archiprêtre de la Basilique de Saint Marc, explique qu' «en 1860, le pape Pie IX a accordé le titre de Protonotaires apostoliques (ndt: c'est le titre de Mgr Georg Ratzinger) aux chanoines résidentiels et honoraires de Saint Marc, et à leurs successeurs. Concession jamais abrogée».
Et aussi: «En 1969, la Secrétairerie d'Etat de Sa Sainteté Paul VI a publié une instruction sur les vêtements, les titres ... des prélats d'ordre mineur. Au numéro 26, nous lisons: «Les protonotaires apostoliques surnuméraires, c'est-à-dire les chanoines de Saint-Marc, peuvent revendiquer le titre de Monseigneur précédé par 'Révérend'».
Aucune décision - poursuit l'archiprêtre, «d'abolir le titre n'est faisable secundum jus» (selon le droit).
Un choix, donc, qui selon don Camilotto devrait être proposé à nouveau à la Congrégation pour le Clergé.

Tandis qu'à Venise, on discute sur le titre de "monsignore", à Padoue, un étudiant-ingénieur de dix-neuf ans, Stefano Cabizza, (appelons cela clin d'oeil du destin ou clarification providentielle) a reçu à l'improviste un appel téléphonique du pape, raconté par le garçon en ces termes:« Allo! Je suis le Pape François, tutoyons-nous... Crois-tu que les apôtres vouvoyaient Jésus, ou l'appelaient 'Excellence'? Ils étaient amis comme nous le sommes maintenant, et moi, j'ai l'habitude de tutoyer mes amis» (1).

Note

(1) Il s'agit d'une instrumentalisation médiatique typique.
D'abord, les disciples n'appelaient-ils pas Jésus "Maître"? Et le vouvoiement était-il d'usage à l'époque, et en araméen, la langue qu'ils parlaient?
C'est le genre d'anecdote journalistique qui dessert le pape, faisant de plus totalement l'impasse sur son tempérament latino-américain.

Par ailleurs, l'abolition du titre de 'monsignore' à Venise n'est pas forcément liée à l'élection de François.
Francesco Moraglia, qui a succédé au cardinal Scola comme Patriarche, et qui a même été donné comme papabile, bien que pas encore cardinal, depuis qu'il est entré en fonction, a toujours voulu donner l'image d'un prélat "pasteur" sobre et humble, proche de ses ouailles ... au point qu'il sert lui-même les pauvres à la "soupe populaire", et qu'il a meublé son appartement de l'évêché chez Ikea - ce qui n'a pas manqué de faire parler. (http://www.affaritaliani.it/cronache/ikea280312.html ).

Que les prélats se fassent appeler "Monseigneur", qui cela peut-il gêner? A la condition absolue, bien sûr, qu'ils se rendent dignes par leur comportement du titre honorifique dont ils se prévalent.
Mais surtout, qui cela arrange-t-il qu'ils l'abandonnent (ce qui arrivera probablement à très brève échéance, et pas seulement à Venise)?