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Non au droit inconditionnel à l'Eucharistie

Un rappel énergique de Mgr Luigi Negri, quand des voix s'élèvent, profitant du nouveau Pontificat, pour réclamer la communion pour les divorcés remariés. (17/5/2013)

Droit «inconditionnel» à l'Eucharistie?
Mgr. Luigi Negri
http://ilblogdiraffaella.blogspot.it
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Il est désormais devenu dominant dans la mentalité de notre société, d'affirmer que la valeur des choix n'est pas dans leur contenu spécifique, mais dépend de l'intensité, de l'affection, de la sincérité, du maintien du bien-être que ces choix assurent. Nous sommes en plein subjectivisme éthique. Cela signifie que la famille naturelle, celle fondée sur le mariage - une, indissoluble, féconde, avec la responsabilité de la procréation et de l'éducation, celle sur laquelle les pères fondateurs, si honorés et acclamés, ont fondé notre société - est devenue un simple choix.
Un choix que quelqu'un peut faire s'il estime que cette typologie le satisfait.
Même la famille catholique, qui a essentiellement la même dynamique de la famille naturelle, mais dispose d'une révélation plus adéquate de la nature de la famille et surtout l'indication d'un devoir, et de l'aide que donne la Grâce pour mettre pleinement en oeuvre cette vocation, est un autre choix possible, qui a les mêmes motivations que la première, c'est-à-dire de correspondance immédiate.
Et puis il y a les partenariats (concubinages): ils ont eux aussi la même dignité parce qu'ils sont faits pour correspondre immédiatement à ses propres instincts, désirs et programmes.
Ensuite, il y a le couple homosexuel: il a aussi sa propre dignité, en fait, celle-ci dérive de conditions psycho-affectives ou sociales, pour lesquelles il est fait.
Dans ce brouhaha, l'ecclésiasticité italienne risque de subir comme contrecoup le fait que la famille chrétienne est défendue comme une des options possibles, mais n'entre en débat avec aucune autre.
Comme de dire: nous qui sommes bons, qui sommes intelligents, qui avons la foi, qui avons même un soupçon d'héroïsme pour rester fidèle aux engagements de mariage, nous pouvons le faire. Les autres qui ne veulent pas le faire, ils ne le font pas, un point c'est tout.

Il est nécessaire, à mon avis, que le monde catholique reprenne avec force ce que mon maître, Mgr Giussani, appelait «la priorité de l'ontologie sur l'éthique».
Il y a une structure globale de la réalité humaine, historique, naturelle et sociale. Une seule attitude s'inscrit pleinement dans la Révélation, et est donc en correspondance avec les besoins du cœur humain.
Le pluralisme de fait, que personne, et encore moins moi-même, ne songe à contester, ne confère pas une valeur aux choix erronés qui peuvent être faits subjectivement. La carence dans la perception de l'objectivité de la réalité est une conséquence de la carence de la raison et à coup sûr, aujourd'hui, le danger n'est pas l'excès de foi, mais la faiblesse de la raison.
Peut-être que si les évêques et les prêtres catholiques, non seulement reprenaient à fond l'encyclique Fides et Ratio du bienheureux Jean-Paul II, mais, qu'en cette année de la foi, elle devenait un outil systématique d'enseignement, on pourrait remèdier à ce qui est, à mon avis, le plus grand malentendu dans notre société.
Si on conçoit l'Église comme une structure sociale dans laquelle chacun a tous les droits possibles et donc l'autorité devient en quelque sorte la contrepartie syndicale de ces détenteurs de tous les droits, c'est la nature même de l'Eglise qui est modifiée, comme l'ont souligné à maintes reprises les pape Benoît XVI et François.
L'Eglise est une réalité organique à laquelle on participe pleinement dans la mesure où l'on accepte les règles que Jésus-Christ lui-même a établies.
Si le Seigneur Jésus-Christ a établi que la condition sine qua non pour participer validement à l'Eucharistie - fons et culmen totius vitae christianae - est une situation matrimoniale régulière, il devient parfaitement inutile que chaque jour nous soyons assaillis par des hordes de gens qui revendiquent le droit à la communion.
Mais surtout, il est grave que nous commencions à penser à la concession de l'Eucharistie à ceux qui, objectivement parlant, se sont placés dans une position contradictoire, à comment les favoriser, peut-être de manière soft, pour pouvoir participer à ces droits.
Le Cardinal Scola, dans sa très belle relation générale du Synode des évêques sur l'Eucharistie, et surtout la position limpide prise par le pape Benoît XVI à la Rencontre Mondiale des Familles à Milan, m'ont semblé avoir une fois de plus et définitivement clos la question.
Quoi qu'il en soit, le problème de nos frères divorcés ou séparés qui souhaitent participer à certains moments de la vie de l'Église - dont ils ne sont certainement pas exclus - nécessite l'engagement d'une route à faire avec eux.
C'est difficile: non de combattre, y compris de la part du clergé, pour la reconnaissance ou l'octroi de certains droits qui ne peuvent être ni reconnus ou accordés, parce qu'ont été violées les conditions essentielles pour participer pleinement à la vie de l'Église.
Je suis très frappé, ces derniers temps, par la nécessité de devoir rappeler des choses comme celles-ci, qui sont d'absolu bon sens avant même que de conscience chrétienne. Peut-être Manzoni (ndt: l'auteur de "I promessi sposi" - Les fiancés) avait-il raison quand il disait, à l'époque de la grande peste de Milan, que le bon sens était resté caché, et qu'avait prévalu le sentiment commun qui est la chose la plus équivoque, la plus générique, la plus manipulable et la plus fausse que la société puisse produire .